Paris : Statue de Mihai Eminescu, poète roumain célébré par le sculpteur Ion Vlad, son compatriote - Vème



Hommage au poète roumain Mihai Eminescu (1850-1889), une statue de bronze dresse sa silhouette singulière à l’angle des rues Jean-de-Beauvais et des Ecoles. Oeuvre post-moderniste du sculpteur Ion Vlad (1900-1992), artiste roumain naturalisé français, sa création a été initiée par l’Eglise orthodoxe roumaine de Paris (église orthodoxe des Saints Archange) voisine et la Ligue culturelle roumaine. Ce bronze patiné réalisé à la Fonderia artistica Versiliese Pietrasanta, prestigieuse fonderie d’art italienne, a été inaugurée à Paris le 15 juin 2009 à l’occasion du centenaire de la mort du poète. Il représente Mihai Eminescu dans une pose lyrique, visage expressif tourné vers le ciel et l’inspiration, livres sous un bras, pieds nus symbolisant son humilité. Eléments plus inhabituels, son vêtement évoque une armure fracturée ou les lambeaux de la pauvreté, de la bohème, tandis qu’une corde ceint sa taille. Les deux longues branches qui encadrent la sculpture renvoient à l’idée de nature, motif récurrent de l’oeuvre de Mihai Eminescu.










Ion Vlad, l’auteur de cette sculpture, est enterré au cimetière du Montparnasse depuis 1992. A la suite de ses études aux Beaux-Arts de Bucarest où il suit l’enseignement de Cornel Medrea, il devient professeur de sculpture à l’Institut d’architecture Ion Mincu. En 1964, Ion Vlad est honoré du Grand Prix National et reçoit de nombreuses commandes publiques. Lorsqu’il quitte la Roumanie en 1965, il a 45 ans et s’installe à Paris. En 1967, son travail est remarqué à l’occasion de la présentation d’un ensemble de cinq sculptures réalisé pour l’Espace Cardin. Enseignant au Centre américain de Paris dès 1969, il obtient la nationalité française en 1972 puis prolonge sa vocation de passeur de savoir en intégrant les équipes pédagogiques de la Sorbonne en 1975. Il est nommé membre honoraire de l’Académie roumaine. Dès lors, il partage son temps entre ses ateliers de Nice et Paris où il décède en 1992 à l’âge vénérable de 92 ans. 

Figé dans le bronze, éternellement jeune, Mihai Eminescu, le poète national est évoqué par Ion Vlad avec beaucoup de sensibilité. Le socle de l’oeuvre est paré de trois plaques. La première est gravée des mentions : Mihai Eminescu - Poète philosophe le génie roumain 1850-1889. La deuxième : Ion Vlad sculpteur - Ileana Sassu architect(e) - Mécènes Ascension Maorta, Aurel Eauta don(n)ateurs. Tandis qu’une troisième en cuivre rutilant annonce : Le plus grand poète roumain, le dernier romantique européen, propagateur de la culture roumaine, dont l’oeuvre est diffusée dans 64 langues et cultures du monde.










Plus célèbre homme de lettres roumain, Mihai Eminescu incarne la figure du poète romantique. Dans son combat pour le Vrai et pour le Beau, il a défendu des idéaux de justice sociale, d’unité et de souveraineté nationales tout en s’affirmant comme éditeur du journal officiel du parti conservateur, Timpul. Il est considéré comme l’inventeur de la langue roumaine moderne souvent désignée par la périphrase « la langue d’Eminescu » comme le français est la langue de Molière. Membre de la société littéraire Junimea, ces poèmes les plus représentatifs portent les titres suivants, Hypérion, l’étoile du Nord, Ode en métrique ancienne, Epitres. Son visage est imprimé sur les billets de la monnaie roumaine, le Leu.

Statue de Mihai Eminescu (1850-1889)
Angle des rues Jean de Beauvais et des Ecoles - Paris 5



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.