Expo : Trésors de Kyôto, trois siècles de création Rinpa - Musée Cernuschi - Jusqu'au 27 janvier 2019



Fondée au XVIIème à Kyôto, berceau de la culture japonaise classique, l’école Rinpa se raconte dans la magnificence de pièces rares au musée Cernuschi, à l'occasion de l'exposition Trésors de Kyôto, trois siècles de création Rinpa. Mouvement pictural majeur, expression plastique empreinte d’une forte spiritualité et d’un grand raffinement, le courant Rinpa s’inscrit, de sa naissance jusqu’au XXème siècle, dans une continuité particulière. Celle-ci ne s’appuie pas sur le lien classique d’enseignement de maîtres à élèves mais repose plutôt sur les affinités intellectuelles des artistes entre eux, chacun s’affirmant comme une personnalité innovante et un artisan aux compétences multiples. S’inspirant des œuvres de ses prédécesseurs, chaque génération renouvelle d’une manière personnelle le lien esthétique. L’exposition conçue par Yoshiyuki Hosomi, directeur du musée Hosomi à Kyôto, Ryûichi Matsubara, vice-directeur du musée national d’Art Moderne de Kyôto et Manuella Moscatiello, responsable des collections japonaises du musée Cernuschi, suit à travers un parcours chronologique du XVIIème au XXème siècle l’évolution du mouvement. Cet événement exceptionnel intervient dans le cadre de Japonismes 2018 : les âmes en résonance, une grande saison culturelle qui célèbre les liens entre le Japon et la France. 











Vision esthétique commune transmise à travers les siècles, l’école Rinpa célèbre la beauté classique qui s’exprime par le biais d’un répertoire de techniques ancestrales et des thèmes traditionnels tels que la nature, le théâtre classique, la littérature. Ce courant artistique est marqué par l’épure des formes, la finesse d’exécution, la lisibilité des compositions. A cette quête d’absolu de la ligne, comme une invitation à la contemplation, viennent s’ajouter la vivacité des couleurs et la sophistication des textures avec notamment l’utilisation des métaux précieux tels que l’or et l’argent. Peintures, gravures, livres et parchemins illustrés, céramiques décorées, objet en bois richement ornés, laques, textiles peints, les arts appliqués de l’école Rinpa transmettent la beauté au quotidien.

L’exposition Trésors de Kyôto, trois siècles de création Rinpa suit l’évolution du mouvement à travers les réalisations de quatre génération d’artistes majeurs. Elle débute avec la naissance de l’école en 1615 lorsque le shôgun Tokugawa Ieyasu (1543-1616) accorde à Hon’ami Koêtsu (1558-1637) l’autorisation de s’installer à Takagamine dans le nord de Kyôto. Polisseur de lames, calligraphe, laqueur, céramiste, cet artiste pluriel fonde une communauté d’artisans, bientôt rejoint par Tawaraya Sôtatsu (actif entre 1600 et 1640). Alors que la vie de ce dernier demeure un mystère, il devient célèbre grâce à sa peinture sur éventails et paravents, ses décors de rouleaux imprimés sur bois et papiers enluminés. Le mouvement Rinpa s’inspire alors de la beauté classique de l’époque Heian (794-1185) considérée comme un sommet de la sensibilité japonaise. 











Les frères Ogata, Ogata Kôrin (1658-1716) et son frère cadet Ogata Kenzan (1663-1743) impulse un nouvel élan au mouvement Rinpa. Ils puisent dans le répertoire traditionnel des fondateurs de l’école pour s’exprimer par le biais de la calligraphie, de la peinture, de la céramique et de la laque. En France, le travail de Kôrin remporte alors un franc succès à l'origine d'une vague de japonisme. Au cours du XVIIIème siècle, Watanabe Shikô (1683-1755), Fukae Roshû (1699-1757), Nakamura Hôchû (mort en 1819), renouvellent le style Rinpa. Dans leurs hommages à Kôrin se lit une idée différente de la transmission. Ces artistes réinterprètent des techniques et des thèmes qu’ils adoptent de façon personnelle. Au XXème siècle, Kamisaka Sekka (1866-1942) se distingue par l’originalité des compositions et revendique l’héritage Rinpa. Dessinateur, il imagine des décors d’objets en bois et en laque, des motifs décoratifs pour la céramique, les textiles.

A l’occasion de l’exposition, le musée Cernuschi a rassemblé grâce aux prêts des différentes institutions japonaises une soixantaine de pièces rares, peintures, gravures, paravents, éventails, céramiques, laques. Ce panorama exceptionnel de l’école Rinpa regroupe un certain nombre d’œuvres emblématiques et illustre la production du mouvement dans toute sa diversité ainsi que l'importance de son influence dans les domaines de la peinture, de l’artisanat et du design. La plupart de ces chefs-d’œuvre inestimables n’ont quasiment jamais quitté leur pays d’origine. 











Néanmoins, ces créations aussi exceptionnelles que précieuses sont fragiles. Afin de les préserver notamment de la lumière, l’exposition a été conçue de manière évolutive en suivant un système de rotation. Chaque mois de nouvelles œuvres seront présentées. L’occasion de renouveler sa visite. A ne pas manquer, classés comme trésors nationaux du Japon, conservés au temple Kennin-ji à Kyôto et rarement dévoilés, deux paravents rares de l’artiste Tawaraya Sōtatsu, Dieux du vent et du tonnerre, seront exposés jusqu’au 25 novembre.

Trésors de Kyôto, trois siècles de création Rinpa
Jusqu’au 27 janvier 2019
Musée Cernuschi
7 avenue Velasquez - Paris 8
Tél : 01 53 96 21 50
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés
Tarifs : plein tarif 9 euros, tarif réduit 7 euros 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.