"La naissance des formes", statue en bronze signée Ossip Zadkine, a été installée le 3 juillet 2012 allée George Besse à l’ombre de la tour Montparnasse en présence de Bertrand Delanoé, alors maire de Paris. A son retour d’exil après la Seconde Guerre Mondiale durant laquelle il s’était réfugiée aux Etats-Unis, l’artiste entame une série de recherches sur la représentation de la figure humaine. Il tend à investir l’objet sculpté d’une puissance poétique et choisit de subordonner l’expérimentation formelle à l’expression des sentiments puissants. Si la taille directe demeure sa technique de prédilection, à cette époque il s’initie aux subtilités du modelage. Les compositions prolixes de cette période répondent à la diversité des thèmes abordés. Ossip Zadkine travaille plâtre et glaise, matières grâce auxquelles il libère les courbes du bloc compact dans une harmonie de la fluidité. Issue des collections du musée Zadkine, "La naissance des formes", plâtre de petite dimension est réalisée en 1947. La première épreuve monumentale en bronze verra le jour en 1958.
La naissance des formes exprime le dialogue entre structure et imagination dans une conception spatiale de la sculpture. Caractéristique de l’oeuvre de Zadkine, cette statue met à jour les paradoxes du démiurge, le goût pour une certaine sobriété tendant vers la rigueur classique qui se confronte à la fantaisie foisonnante, la vitalité de l’esprit baroque.
Lorsqu’Ossip Zadkine arrive à Paris en 1909, après des classes en Angleterre à l’Arts and Crafts School, il suit les cours des Beaux-Arts. Mais son admiration pour Rodin semble incompatible avec l’enseignement académique et six mois plus tard il quitte l’école. Explorant la technique de la taille directe sur pierre et bois qui répond à l’impulsivité de l’élan créatif, il forme peu à peu son style. Rapidement, il rencontre l’avant-garde parisienne, Apollinaire, Picasso, Archipenko, Cendrars, Brancusi, Delaunay, Giacometti.
Vers 1914, sous l’influence de Lipchitz et Laurens, il s’oriente vers le cubisme, un mouvement qui lui permet d’expérimenter les possibilités de la matière, les creux et les reliefs. Néanmoins, il s’émancipe rapidement son tempérament fougueux entrant profondément en contradiction avec l’austérité formelle du cubisme. Assumant une dimension plastique sans renoncer à l’expressivité, Ossip Zadkine puise son inspiration dans la déformation expressive au modelé plus souple qui accentue la sensibilité. Il se passionne pour la statuaire grecque, romane, gothique, les arts africains, où s’exerce la synthèse des volumes, alternance de creux et de pleins, de courbes et de contre-courbes.
Dans les volumes de La naissance des formes se retrouvent certains éléments du vocabulaire plastique cubiste avec notamment une stylisation extrême des traits. Evoquant le processus créatif, Ossip Zadkine choisit d’intervertir les éléments constituant le relief. Il traduit les aspérités par des creux, les creux par des aspérités, l’ombre par la lumière. Volumes aplanis et éléments géométriques contredisent la sensualité des courbes organiques. Les formes allégées, libérées de la pesanteur, se déroulent dans l’espace dans des rythmes syncopés, enchevêtrement complexe qui évoque aussi bien le corps humain que l’arbre dans une fusion entre homme et végétal. Très attaché à la terre, Ossip Zadkine n’a eu de cesse de répéter sa fascination pour la nature et la forêt lieu de ressourcement.
La naissance des formes - Ossip Zadkine (1890-1967)
Allée Georges Besse - Paris 14
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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