Après le Réveil de la Force, la Résistance est acculée. Pour s’en sortir, il faudrait un miracle, ou que Luke Skywalker revienne pour former une nouvelle génération de Jedi… Encore faudrait-il qu’il accepte. Entre secrets ancestraux et révélations sur le passé, la Générale Organa tente de maintenir le Premier Ordre à distance.
Tout d’abord, oubliez les révélations sous-entendues dans le Réveil de la Force, l’heure est grave. Malgré les retrouvailles entre Rey et Luke Skywalker, exilé volontaire sur son île, peuplée de petites bestioles qui feront le bonheur de Chewbacca et des enfants, Les Derniers Jedi reprend là où l’épisode VII s’était arrêté. Mais différence de taille, la Résistance est acculée. Le Premier Ordre, sous l’autorité du Suprême Leader Snoke, révélant son vrai visage pour la première fois, magnifiques effets spéciaux, les bombardent. Rey essaie de toute ses forces de convaincre Luke Skywalker de revenir pour aider la rébellion et redonner une étincelle d’espoir.
Côté obscur, les deux jeunes loups que sont le Général Hux, involontairement humoristique, et le bouillonnant Kylo Ren, enfin sans son casque, cherchent à gagner du galon et chacun tentant de s'imposer comme le successeur d’un Snoke retors à souhaits. L’épisode VIII s’ouvre sur une scène de bataille intergalactique aussi drôle, humour ravageur de Dameron à l’encontre d’un Hux insensible, émouvante que surprenante à tous égards, par les décisions prises. Elle s’aligne clairement dans l’héritage de L’Empire Contre-Attaque et c’est sidérant.
Le réalisateur Rian Johnson a pris le parti de développer les personnages à travers des solos, duos, ou même des trios en privilégiant deux intrigues en parallèles, avec des sous-intrigues. Il a développé ainsi une certaine forme d’intimité laissant entrevoir des faiblesses, des peurs que l’on n’avait pas vues arriver ; Cette multiplication permet, notamment, de soutenir cette tension sur la longueur du film et n’affaiblit pas l’ensemble. Il y a même une relation télépathique qui s’apparente fort à une parade amoureuse prémisse à une scène de bataille captivante…
Le quatuor de la nouvelle génération que sont Rey, Kylo Ren, Hux et Poe Dameron attirent la lumière et préparent l’épisode IX qui s’annonce, à l’image du message martelé par Luke Skywalker "La lumière, l’obscurité, l’équilibre". Entre une Rey, capable d’utiliser les pouvoirs des deux côtés, un Kylo Ren qui nage en eaux troubles, un Général Hux qui entrevoit les failles de son concurrent et un Poe Dameron, insolent et téméraire bien qu’attachant, cela promet une belle bataille finale dans le futur épisode. La Générale Organa est lumineuse, puissante et, comme tous les personnages féminins, toujours aux avant-postes, dans l’action ou aux commandes de la Rébellion.
Côté masculins, Luke Skywalker, joué par un Mark Hamill incroyablement à l’aise dans son rôle, revient dans la lumière, avec des clins d’œil çà et là à des moments clés de la Saga originelle et l’apparition de vieux complices qui nous propulsent des années lumières en arrière. Parmi les nouveaux personnages, malgré le côté ridicule du passage, avec Finn, un brin surjoué et mal utilisé, sur la fermeture d’un interrupteur, Rose est une bonne acquisition. La Vice-Amiral Holdo, dont le look va faire jaser, s’annonce une protagoniste des plus intéressantes. DJ, inquiétant Benicio del Toro, oscille entre les deux camps avec un cynisme très contemporain mériterait de réapparaître dans le prochain opus !
Néanmoins, il y a quelques bémols, la Cantina de Tatooine version Bling Bling, le traitement de certains personnages, Phasma, Chewie, par exemple, ou même le duo Finn/Rose dont l’histoire est assez bâclée, comparativement parlant aux chocs Rey/Luke, Rey/Kylo et Leïa/Poe judicieusement maternant.
L’épisode VIII pose surtout la thématique de la puissance d’une légende, du poids des responsabilités et de cette faculté de penser que quelqu’un ou quelque chose protège et amène l’espoir. Un réel fardeau pour sur lequel repose en qui l’espoir, résumé par le bien-senti "Il faut laisser mourir le passé" (Kylo Ren).
La tendresse qui se dégage d’une scène entre Luke et sa sœur Leïa prend des allures d’adieu émouvant à une Princesse déjà regrettée, à qui le film est dédié en une phrase, dans les crédits, qui a ému aux larmes la salle : In the loving memory of our Princess. Un être lumineux s’en va, reste l’espoir.
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A méditer (Merci Maître Yoda, toujours taquin) :
"L'énergie d'un Jedi émane de la Force mais méfie-toi du côté obscur. La colère, la peur, l'agression, forment le côté obscur de la Force. Elles se répandent facilement, promptes à te rejoindre dans le combat. Si, une seule fois, tu t'engages sur le chemin du côté obscur, à jamais, il dominera ton destin et te consumera."
Les Derniers Jedi, de Rian Johnson.
Avec Mark Hamill, Carrie Fisher, Adam Driver, Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Lupita Nyong'o, Domhnall Gleeson, Anthony Daniels, Gwendoline Christie, Andy Serkis, Benicio Del Toro, Laura Dern et Kelly Marie Tran
Sortie le13 décembre 2017
Lisa Giraud Taylor est écrivain, photographe et blogueuse. Son roman Liverpool Connexion est disponible aux Editions Trinômes et son tout dernier opus Karl et Nina chez P.L.B Editeur. Vous pouvez également retrouver sa plume piquante sur Le blog d'une ItemLiz Girl. Cette jeune femme hyperactive - mais comment fait-elle ? - collabore régulièrement avec les webzines Lords of Rock et So Busy Girls où elle nous régale de chroniques pleines d'esprit, ultra punchy dans un style bien à elle. Humour ravageur et pertinence sont ses marques de fabrique.
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