Cinéma : Ce qui nous lie, de Cédric Klapisch - Avec Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil



Il y a dix ans, Jean est parti du vignoble familial en Bourgogne pour faire le tour du monde. Sa sœur Juliette est restée pour apprendre le métier de vigneron auprès de leur père tandis que le frère, Jérémie, a épousé l'héritière d'un grand domaine voisin où il travaille sous les ordres d'un beau-père autoritaire. Lorsque le père de la fratrie est gravement malade, Jean, qui n'a pas donné de nouvelles depuis plus de cinq ans et n'est pas revenu, pour l'enterrement de la mère, se décide à quitter l'Australie, où il a fondé sa propre famille, pour rentrer. Le père décède prématurément. Jean, Juliette et Jérémie doivent décider du sort de la propriété.






Histoire de filiation, de transmission générationnelle, Ce qui nous lie interroge les liens familiaux et la capacité d'émancipation des êtres. Avec une grande empathie, une sincérité généreuse, Cédric Klapisch célèbre ce que nous avons tous à partager, ce qui nous rassemble. Il trace un parallèle intéressant entre l'évolution d'une famille qui se voit contrainte de redéfinir les rôles à la mort des parents, frères et sœurs confrontés à une fraternité difficile, et les cycles de la nature. 

Le tournage étalé sur un an pour suivre au plus près le rythme des saisons, a permis de rendre compte de la beauté des paysages, de l'évolution des vignes au cours de l'année. Sous l'œil de Klapisch, le terroir devient un personnage essentiel du film. Le réalisateur apporte une dimension documentaire à son oeuvre suivant avec passion le travail du vigneron au fil du temps, celui de concevoir le vin qui est lien social par essence. Cependant la splendeur de la Bourgogne ne fait pas oublier l'âpreté du monde du vin, un monde obligé de se réinventer pour survivre. 






Aux problèmes de succession, l'indivisibilité des parcelles et les droits faramineux demandés aux héritiers, les interrogations sur la place des femmes dans un univers relativement machiste, s'ajoute la question du travail de la vigne elle-même, l'évolution de la demande et les orientations progressives vers la biodynamie.

Entre mélancolie et bons sentiments, le réalisateur évite l'écueil du trop plein d'émotions par la malice de scènes très drôles, ponctuées de dialogues fantaisistes. Les personnages sont attachants dans leurs doutes, leurs fragilités comme dans leur enthousiasme, l'interprétation de Pio Marmaï, Ana Girardot et François Civil, très juste.



Ce qui nous lie sait exalter les valeurs positive d'un terroir et des hommes qui le composent tout en appuyant sur les notions modernes d'écologie et de féminisme. Un film charmant qui donne une furieuse envie de se lancer sur la route des vins.

Ce qui nous lie de Cédric Klapisch
Sortie le 14 juin 2017



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.