Peintre, dessinateur, calligraphe, sculpteur, graveur, Lee Ungno (1904-1989) est considéré comme le père du modernisme coréen dont il a posé les bases par le biais d'une pratique à la croisée des chemins. A la fois passeur et point de jonction entre l'Extrême-Orient et l'Europe, cet artiste majeur du XXème siècle a poussé la réflexion sur le rapport entre passé et présent insufflant à sa création foisonnante une puissante portée militante. Style atypique en écho avec son parcours personnel, vocabulaire plastique modulé par les bouleversements politiques et sociaux, lyrisme et énergie, son œuvre s'impose comme le reflet vibrant d'une vie profondément marquée par l'Histoire. Le Musée Cernuschi avec lequel Lee Ungno a entretenu des liens étroits est à la tête du plus grand fond d'œuvres de l'artiste hors de Corée. Jusqu'au 19 novembre, le musée rend hommage à ce peintre transmoderniste à travers une rétrospective, un panorama complet qui révèle sa dimension profondément humaniste. 82 œuvres sont exposées dont 76 issues des collections et 5 prêtées. Cet accrochage est l'occasion de redécouvrir une vision artistique culturelle et politique portée par une réflexion plastique moderne et métissée.
Pionnier de l'art contemporain, Lee Ungno le Coréen étudie l'art traditionnel au Japon de 1937 à 1945. Formé dans les écoles de la puissance occupante, il acquiert les codes de la peinture à l'encre, les techniques classiques de la calligraphie qui seront les bases d'une recherche tendant vers l'abstraction.
En 1945 la Corée se libère de trente-cinq ans de domination japonaise et Lee Ungno débute sa carrière en fondant l'Institut de Peinture GO AM à Séoul. De 1950 à 1953, Corée du Sud soutenue par les Nations Unies et Corée du Nord soutenue par la République Populaire de Chine s'opposent dans une guerre fratricide qui aboutit à la partition du pays.
En 1945 la Corée se libère de trente-cinq ans de domination japonaise et Lee Ungno débute sa carrière en fondant l'Institut de Peinture GO AM à Séoul. De 1950 à 1953, Corée du Sud soutenue par les Nations Unies et Corée du Nord soutenue par la République Populaire de Chine s'opposent dans une guerre fratricide qui aboutit à la partition du pays.
Après un long séjour en France en 1956, Lee Ungno s'établit à Paris en 1959 alors que l'Ecole de Paris vit ses dernières heures flamboyantes. Au contact de l'avant-garde parisienne, Hans Harting, Pierre Soulages, Zao Wou-ki ou encore Foujita, il s'affranchit des arts traditionnels asiatiques pour aborder des formes modernes.
Les idéogrammes coréens deviennent champ d'expérimentation. Il abandonne progressivement la figuration tandis que les lignes noires de la calligraphie lui ouvrent la voie vers l'abstraction. Lee Ungno embrasse la modernité. S'appropriant le vocabulaire plastique classique, il le détourne pour créer une nouvelle forme d'expression artistique.
Les idéogrammes coréens deviennent champ d'expérimentation. Il abandonne progressivement la figuration tandis que les lignes noires de la calligraphie lui ouvrent la voie vers l'abstraction. Lee Ungno embrasse la modernité. S'appropriant le vocabulaire plastique classique, il le détourne pour créer une nouvelle forme d'expression artistique.
Porté par un désir de transmission, Lee Ungno conçoit le projet de l'Académie de peinture orientale de Paris, qui est parrainée en 1964 par Vadime Elisseef (1918-2002) alors directeur du musée Cernuschi. Dans cette école, lieu de dialogue et pont entre les continents, il enseigne la technique de la peinture à l'encre à de nombreux jeunes artistes.
Accusé à tort d'espionnage au profit de la Corée du Nord, Lee Ungno est arrêté en 1967 en Corée du Sud. Prisonnier politique jusqu'en 1969, malgré les conditions de vie éprouvantes des geôles sud-coréennes, il ne renonce pas à sa pratique artistique et poursuit son travail avec les maigres moyens dont il possède. Il pratique la calligraphie avec les restes de sauce soja de ses repas, sculpte des tessons de bouteille, modèle des boulettes de riz, travaille des matériaux rudimentaires cordes, joncs, colle de poisson.
Lorsqu'il est libéré, Lee Ungno s'installe définitivement en France où son oeuvre engagée pour la paix raconte l'exil et la nostalgie du pays natal. A la fin des années 1970, il débute une série d'œuvres, Les Foules, qui symbolise l'émergence de la démocratie en Corée. Les flots dansants des silhouettes fourmillantes, quand l'individu se fait multitude, célèbrent les idéaux progressistes de l'artiste.
Des motifs récurrents placés comme des sentinelles le long d'un parcours émergent avec vigueur de son travail tels que l'eau, la vague. Le bambou, l'une des quatre plantes symbolisant les vertus de l'homme lettré en Asie, aura accompagné l'artiste toute sa vie représentant sa quête d'absolu mais aussi la sérénité contemplative de la nature.
Entre héritage de l'art asiatique classique et avant-garde parisienne, Lee Ungno représentant majeur de la première génération moderne en Corée a lancé des passerelles entre la tradition orientale et l'expressionnisme abstrait européen tout en imposant son talent si singulier sur la scène artistique mondiale.
Lee Ungno, l'homme des foules
Du 9 juin au 19 novembre 2017
Du 9 juin au 19 novembre 2017
7 avenue Velasquez - Paris 8
Tél : 01 53 96 21 50
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés
Tarifs : plein tarif 8€, tarif réduit 6€
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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