Expo : Hervé Di Rosa, Plus jamais seul - Célébration des arts modestes - La Maison Rouge - Jusqu'au 22 janvier 2017



Acteur majeur du mouvement de la Figuration Libre avec Robert Combas qu'il rencontre en 1976, Hervé Di Rosa a développé un univers complexe mêlant la bande dessinée, la culture de l'image, l'art dit classique, la création contemporaine. Cet artiste libertaire à l'imagination fertile, célèbre pour son humour et son engagement, explore et revisite inlassablement les formes de création les plus diverses dans un élan de résistance aux idéologies institutionnelle. Son travail caractérisé par une dynamique du trait, des couleurs vives saturées, une prolifération des images et le télescopage des figures, fait appel à l'enfance et à notre capacité d'émerveillement. Comics américains, bande dessinées, fanzine, livres d'art et reproductions plutôt qu'originaux dans les musées forment à ses yeux un terreau saturé d'inspiration. L'exposition Hervé Di Rosa, Plus jamais seul qui se tient à la Maison Rouge jusqu'au 22 janvier prochain, dévoile le collectionneur compulsif, l'ogre artistique, en faisant dialoguer d'égal à égal les collections personnelles d'objets chinés dans le monde entier, ce qu'il appelle l'art modeste et les propres œuvres de Di Rosa











Refusant d'établir une hiérarchie entre les différentes productions humaines, Hervé Di Rosa décloisonne les genres, plongée radicale dans le monde protéiforme des images. Jubilation de l'accumulation, cette aire de jeux aux allures de cabinet de curiosités célèbre l'art modeste. Objets d'artisanat local, objets publicitaires, objets de dévotion, affiches, figurines, jouets côtoient le travail d'Hervé Di Rosa dans l'idée de revaloriser toutes les formes de création. Etrange collection qui tout en s'éloignant définitivement des canons de la doxa semble souligner la poésie du quotidien.

Hervé Di Rosa définit l'art modeste comme une pratique "proche de l’art populaire, de l’art primitif, de l’art brut mais [qui] ne s’y réduit pas. Il est autant composé d’objets manufacturés que d’objets uniques, pour la plupart sans grande valeur marchande mais à forte plus-value émotionnelle. Les amateurs se retrouvent au-delà du regard critique, de la notion du bon ou du mauvais goût, de la rigueur esthétique, dans un sentiment de bonheur éphémère et spontané, aux parfums de souvenirs d’enfance et de plaisirs simples et non théorisés".










Hervé Di Rosa a pour habitude d'expliquer qu'il a choisi cet épithète "modeste" en s'inspirant d'un lapsus commis par une fillette à la sortie de l'exposition Viva Di Rosa au musée des enfants du Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1988. Enthousiasmée par ce qu'elle avait vu, la petite fille aurait demandé à sa mère quand elle pourrait revenir "au musée de l'art modeste". Retrouvant à travers ce qualificatif le principe qui lui est cher d'humilité en opposition à la prétention des artistes élitistes, Hervé Di Rosa se fait archéologue du quotidien au delà des critères de bon ou de mauvais goût. 

Avec drôlerie et poésie, il explore cette sphère esthétique de la création périphérique aux marges de l'art officiel, l'art légitime, celui des musées, des galeries. "Il n'y a aucune ironie dans le regard que je porte sur l'art modeste".  Selon lui tout objet produit du travail humain est respectable, il suffit pour cela de regarder différemment les choses banales du quotidien, qu'elles soient utilitaires ou non.  "La fonction de l'art est d'envahir la vie, de la rendre moins dérisoire". 








En 2000, Hervé Di Rosa fonde à Sète, sa ville natale, le Musée International des Arts Modestes, le MIAM, qui abrite ses collections personnelles " des talismans qui font reculer la mort" et expose les artistes de la contre-culture du quotidien. 

Pour lui "la valeur affective est plus importante que la valeur artistique ou esthétique. L'Art Modeste est une mémoire". Art populaire, naïf, singulier, inclassable, une même énergie se révèle sous le feu de sa curiosité.












Explorateur des arts populaires, Hervé Di Rosa questionne par ses différentes pratiques l'art contemporain. Ces nombreux voyages, tour du monde créatif, l'ont mené à la rencontre des pratiques artisanales. Etats-Unis, Egypte, Bénin, Ghana, Ethiopie, Afrique du Sud, Mexique, Brésil, Bulgarie, Russie, Vietnam, Israël, Cuba, il interroge les savoir-faire ancrés dans la réalité et les techniques de l'artisanat.

Hervé Di Rosa découvre le bois et le bronze au Cameroun, les laques et les nacres au Vietnam, les câbles de téléphone tressés par les Zoulous en Afrique du Sud, la céramique au Portugal... Peintures, sculptures, objets de collection, objets manufacturés, objets artisanaux, art sacré, à travers cette accumulation, cet artiste libre cherche à valoriser les créateurs anonymes de la contre-culture du quotidien. Une leçon de modestie, l'art de regarder différemment.









Hervé Di Rosa, Plus jamais seul
Jusqu'au 22 janvier 2017 

10 boulevard de la Bastille - Paris 12
Horaires : Du mercredi au dimanche de 11h à 19h - Nocturne le jeudi jusqu'à 21h
Tél : 01 40 01 08 81



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.