Expo : Il était une fois demain, la fable écolo de Chris Morin-Eitner - Galerie W - Jusqu'au 15 juillet 2016



Dans une écofiction de la catastrophe où le climat déréglé a mené l'humanité à sa perte, la nature dans sa puissance chaotique originelle a repris ses droits sur les cités de l'homme. Les photographies du franco-allemand Chris Morin-Eitner nous plongent dans un univers réinventé, recomposé, dont nous avons disparu. De Paris à Londres, New York à Dubaï, dans les villes métamorphosées, redevenues jardins d'Eden, la poésie prend le pas sur l'inquiétude sous-jacente. Les visions vertigineuses du photographe, images post-apocalyptiques souriantes, grands formats troublants, déconstruisent les représentations. Les images de nos biotopes urbains bouleversés, mégalopoles symboles de la domination humaine sur la nature éclipsées par celle-ci, sonnent la fin des civilisations et la renaissance de notre planète. Que deviendrait la Terre si l'homme disparaissait ?








Entre extrapolations futuristes, questionnement sur le climat et l'avenir de la planète, interrogations philosophiques sur le caractère éphémère de toute réalisation humaine, Chris Morin-Eitner, diplômé d'architecture de l'Ecole de Paris La Seine UP9 n'ayant jamais exercé, traduit, à travers cette série de photographies intitulée Il était une fois demain, son souci pour la cause environnementale. L'artiste a voyagé à travers le monde pour saisir les traces de l'expérience humaine et notamment les villes. Monuments et constructions iconiques, Arc de Triomphe, Tour Eiffel, Tower Bridge de Londres, Pont de Brooklyn, place Rouge de Moscou, tour Burj Khalifa de Dubaï, il s'est intéressé aux formes d'urbanisme les plus arrogantes.

S'inspirant de l'exemple des temples d'Angkor au Cambodge construits au IXème siècle et redécouverts au XVIème siècle puis au XIXème, dans un travail de peintre numérique de construction et déconstruction, il a fusionné pour chaque image finale une centaine de clichés pris lors de ses périples. Urbaniste, paysagiste, de cet assemblage patient et minutieux sont nées des villes englouties sous la végétation, jungle paradoxale, univers hybride. Chris Morin-Eitner établit ses compositions numériques à partir de croquis techniques, de lignes de force en lien avec sa formation d'architecte.









Dans une démarche sérielle, les motifs récurrents, les excès ornementaux kitsch participent au plaisir d'un humour distillé en fines touches. Eoliennes trop tardivement exploitées, déchets, carcasses de voitures, épaves d'un monde défunt, de l'être humain disparu, il ne reste que les ruines de ses constructions mégalo, sublimées par l'exubérance d'une nature tropicale dont la luxuriance faussement naïve cache l'épisode tragique. 

Zèbres sur le parvis de Beaubourg devenu savane, lion dominant la ville juché sur l'Arc de triomphe attaqué par les lianes d'une forêt vierge, flamants roses en nuées, oiseaux prolifiques, sous l'abondance des fleurs et la quiétude retrouvée des espèces animales couve le souvenir du drame.









Hommage aux tableaux du Douanier Rousseau, aux représentations des jardins de Giverny de Claude Monet mais également clin d'œil aux œuvres de Banksy ou encore aux sculptures animales d'Aï Weiwei, Chris Morin-Eitner nous projette dans un univers digne de La Planète des singes empreint d'une fausse naïveté, étonnant safari où la beauté flirte avec l'angoisse. Projections inquiétantes autant qu'idylliques, ces images marquées par une puissance narrative réinventent notre monde entre songe colorée et cauchemar vraisemblable.

Il était une fois demain - Chris Morin-Eitner jusqu'au 15 juillet 2016
Galerie W
44 rue Lepic - Paris 18
Horaires : Ouvert tous les jours de 10h30 à 20h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.