Lundi Librairie : En attendant Bojangles - Olivier Bourdeaut



En attendant Bojangles - Olivier Bourdeaut : A travers les yeux naïfs d'un enfant, émerveillé par le couple extravagant que forment ses parents, c'est la belle histoire d'un amour fou sur l'air de Mister Bojangles chanté par Nina Simone. Georges et sa femme se vouvoient en se donnant des prénoms imaginaires. Eperdument épris, ils dansent ensemble des heures en buvant des cocktails. Ils ont fait le pari du bonheur sans contraintes, loin des contingences matérielles de la réalité. Réenchantant le quotidien auquel ils prêtent leur fantaisie, chaque jour est une fête, chaque heure l'occasion de choisir la voie du merveilleux comme remède à l'ennui, à la morosité de l'époque. Le courrier qui s'accumule sans jamais être ouvert est un terrain de jeu pour leur fils. Ils ont pour animal de compagnie une grue de Numidie qui répond au doux nom de Mademoiselle Superfétatoire. Tous les soirs, ils reçoivent brillamment d'élégants convives. Entre leur appartement en ville et leur château en Espagne, la vie, comme hors du temps, a la poésie du rêve, la saveur de l'improvisation. Jusqu'à ce que l'improbable famille soit rattrapée par la réalité.

Fable extravagante, follement gaie, follement mélancolique dont le maître mot est fantaisie, En attendant Bojangles est porté par une prose chantante imagée où se rejoignent l'allégresse et les larmes. Ton singulier, style chamarré ponctué de jolies formules poétiques, Olivier Bourdeaut parvient à rendre les drames légers et éternels les bonheurs éphémères. L'écriture délicate, faussement naïve sous ses abords cocasses, plane sur un grand souffle libérateur traçant des arabesques gracieuses.

A la voix du fils qui exprime le rire, l'émotion, l'émerveillement, se mêle en de brèves interventions celle du père, celle de l'amour fou mais aussi de l'inquiétude et de la tristesse lorsque la mère, Zelda Fitzgerald contemporaine bascule de l'autre côté du miroir. Légèreté du désespoir, une mélancolie joyeuse imprègne un texte pétillant et spirituel, d'une inventivité rare dans la lignée de l'Ecume des jours de Boris Vian. Grave et joyeux à la fois, ce court roman euphorisant est une ode à l'amour, à la liberté. Lumineux, drôle, tendre, En attendant Bojangles donne envie de savourer l'instant dans l'insouciance du bonheur de vivre

En attendant Bojangles - Olivier Bourdeaut - Editions Finitude



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.