Paris : Angel Bear, une oeuvre au propos écologique de Richard Texier - Gare du Nord - Xème



Place Napoléon III, sur le parvis de la Gare du Nord, un singulier plantigrade ailé rutile au soleil dans les éclats chromés de ses laques vermillon. Angel Bear, une oeuvre monumentale signée Richard Texier a pris place, en juin 2015, devant la façade classique de cette agora moderne qu'est la première gare d'Europe. Commandée par la SNCF Gares et Connexions dans le cadre de la Conférence pour le Climat, la COP21 qui s'est tenue en décembre dernier, la silhouette haute de 7,5 mètres semble se désintégrer sous l'effet d'un mal mystérieux, le réchauffement climatique. Conceptuel et plastique, le cri silencieux de l'animal de bronze interpelle les passants pour les sensibiliser à l'urgence d'agir. Aérienne malgré ses 4,8 tonnes, la chimère déploie ses ailes dans une tentative pour s'échapper, hors du monde, déjà, porte-parole cosmique des ours polaires menacés d'extinction par le changement climatique et la fonte des glaces. 







C'est en lisant, il y a cinq ans, un reportage dans Paris Match sur le sort des ours blancs que Richard Texier, a eu l'idée de leur consacrer cette oeuvre. Une créature mythique comme message politique écologique pour mettre en exergue la fragilité de notre planète et souligner les enjeux de la COP21.

Peintre et sculpteur, esthète nomade, habitant du monde, Richard Texier s'inspire des beautés de la nature, leur perfection lumineuse qu'il réinvente par le biais d'un univers peuplé de créatures hybrides. Ce bestiaire chimérique où les animaux mythologiques croisent l'imaginaire de l'artiste procède de la manipulation alchimique, de la magie originelle. Célébrant le mystère de la création, la pratique artistique à laquelle le hasard des rencontres apporte une forme de jaillissement, est à la fois axe spirituel, quête de lumière, éblouissement, extase.






L'atelier parisien de Richard Texier, situé dans le quartier de la Butte aux Cailles, est une usine désaffectée réaménagée qui lui sert de camp de base. Le sexagénaire globetrotter, né à Niort, en 1955, parcourt inlassablement la planète pour mieux appréhender sa cosmogonie personnelle, démiurge hanté par le ciel, le cosmos, la navigation et le voyage, jalons essentiels de sa création. S'il a su séduire collectionneurs américains, belges, asiatiques, il est, en France, encore boudé.






Ces réalisations, immenses riches, indéniables présences, marquent un refus du minimalisme qui chagrine l'Hexagone. Hommage à la nature, à l'exubérance de sa profusion, l'oeuvre de Richard Texier est empreinte d'une forme d'onirisme de la démesure comme un reste d'enfance où se révèle l'émerveillement, le mystère et la dimension magique de l'existence.

Guetteur de sens, le créateur en expansion réenchante le monde dont il a fait son jardin. Les humeurs lumineuses de Richard Texier procèdent du bouleversement perpétuel, une éclosion luxuriante d'un univers poétique unique. A l'heure de la mondialisation, son travail est marqué par l'hybridation des idées, des savoirs, des cultures qu'il cultive par un nomadisme humaniste et l'ouverture aux autres.








Angel Bear, une sculpture de Richard Texier
Place Napoléon III - Parvis de la Gare du Nord - Paris 10



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

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