Lundi Librairie : La petite communiste qui ne souriait jamais - Lola Lafon



La petite communiste qui ne souriait jamais - Lola Lafon : En 1976, aux Jeux Olympiques de Montréal, une jeune gymnaste roumaine va bouleverser le monde entier par ses performances incroyables. Nadia Comaneci, silhouette de lutin mais caractère trempé dans l’acier, a 14 ans. Sous les yeux émerveillés des spectateurs, elle réalise l’impossible et obtient à sept reprises la note maximale de 10. Des résultats tellement improbables que le panneau d’affichage plante. Treize ans plus tard, quelques semaines avant la chute du régime Ceaucescu, Nadia devenue femme, n’a plus rien à voir avec l’adolescente adulée par les foules. Elle fuit la Roumanie pour les Etats-Unis.


La petite communiste qui ne souriait jamais retrace le parcours d’une athlète entrée dans la légende. Une existence dévolue au sport, à la quête de perfection. Destin d’une étoile filante surgie de l’Est en pleine guerre froide rattrapée par la nature, les manipulations, la pression imposée à une gamine devenue phénomène de foire, objet de propagande sur pied vantant les vertus de l’éducation communiste.

Dans ce roman, la gloire des compétitions est éclipsée par le travail acharné des entraînements inhumains, la surexposition médiatique aux effets désastreux, l’utilisation de l’image de la jeune fille par un régime totalitaire, les abus infligés au symbole d’une nation régie par un système dictatorial délirant. Portrait d’une idôle qui ne s’appartient pas. Lola Lafon, tour à tour lyrique et affutée relate l’ascension et la disgrâce d’une enfant devenue femme sous le regard implacable d’un public entre fascination et rejet.

Sous la plume de l’écrivain, Nadia adulte, à la fois victime du régime mais aussi maîtresse du fils Ceaucescu - idylle forcée selon les sources -  présente des traits très ambivalents. Les dialogues apocryphes entre l’auteur et la gymnaste permettent à Lola Lafon de donner la parole à Nadia, de revenir sur les portions du texte dans lesquelles l’écrivain prend des libertés afin de tracer un portrait intérieur de son sujet. Passages les plus romancés qui soulignent les ambiguïtés troublantes de la gymnaste. A la fois biographie romancée, instantané d’une époque, le livre évoque également la violence du regard posé sur le corps des femmes et pousse la réflexion sur le rôle que l’Ouest assigne à ses athlètes, sportifs devenus hommes-sandwiches générateurs de désir, vecteurs de marketing direct.

Un texte intelligent, très documenté dont le récit maîtrisé, compact file droit. Cependant, le style ne m’a pas touché. J’ai trouvé qu’il en manquait cruellement à force d’économie de moyens. Comme je ne suis pas du genre à m’esbaudir devant les performances des athlètes ni même de m’intéresser vraiment aux Jeux Olympiques et autres compétitions, les passages purement sportifs m’ont semblé effroyablement longs. Et pour être tout à fait franche, l’auteur ne parvenant pas à me faire ressentir d’empathie pour l’icône de la gymnastique, l’histoire en elle-même m’a également ennuyée. Une lecture en demi-teinte en ce qui me concerne malgré les critiques dithyrambiques de la presse et de la blogosphère.

La petite communiste qui ne souriait jamais - Lola Lafon - Editions Actes Sud - Edition poche Babel