La première fois que j’ai eu seize ans - Susie Morgenstern : Deux sœurs aînées ravissantes Sandra et Effie dont elle est la mascotte, un père Meyer et une mère Sylvia qui l’adorent, une famille protectrice pleine d’entrain, la narratrice ne révèle pas son prénom se fait appeler par le surnom que ses profs et camarades lui ont donné, son nom de famille, Hoch, en référence à sa haute taille. L’auteur laisse planer le doute et nous raconte la vraie-fausse autobiographie d’une jeune adolescente juive dans la banlieue new-yorkaise sans spécifier si elle s’est inspirée directement de sa propre histoire même si certains détails sont troublants. La première fois que j’ai eu seize ans se déroule dans les années 60 alors que les prémices de 68 et du féminisme commencent à poindre. Ce roman au curieux titre joue sur la nostalgie d’une époque source d’inspiration dans un grand nombre d’œuvres.
Notre héroïne se trouve laide,
grosse et malheureuse et ne s’épargne aucunes affres du passage à l’âge adulte.
Adolescente presque banale, elle cherche sa place dans l’univers du lycée où le
talent et l’intelligence ne sont pas les atouts principaux pour s’intégrer et
devenir populaire, un thème qui transcende les époques. Douée pour la musique,
elle choisit la contrebasse qui lui ressemble physiquement grande et ronde,
imposante, massive mais également un instrument sonore et profond, d’une force rythmique
remarquable, qui offre une grande diversité de timbres et de manières de jouer.
Hoch est une guerrière, qui ne
recule jamais devant le machisme d’une société en pleine évolution, un monde
masculin et injuste dont elle compte bien triompher. Son premier combat, elle
le mène lorsqu’elle auditionne pour entrer dans le jazz band du lycée réservé exclusivement
aux garçons. Première victoire également mais les membres du club ne lui mènent
pas une vie facile, entre blagues potaches et plaisanteries douteuses.
La narratrice nous conte sa première
fugue avortée qui passe inaperçue, sorte d’étrange voyage à bord d’un bus
prétexte à la rencontre de personnages décalés et touchants, puis la deuxième fugue
le temps d’une journée chez sa grand-mère à Brooklyn, encombrée de l’énorme
contrebasse parce qu’elle est trop heureuse, que le confort familial l’empêche
de se découvrir dans les déchirements, idées fantasques de la prime jeunesse.
Le roman évoque également les
premiers frémissements du cœur. Les amours tièdes avec un grand gringalet mollasson,
maladroit et sans charisme mais aussi un coup de foudre à la bibliothèque de la
fac de droit où notre héroïne se réfugie pour lire des romans légers par malice
et provocation.
La première fois que j’ai eu seize ans sait avec un charme
particulier nous rappeler les déboires et les merveilles de l’adolescence, les
premières fois, les premiers succès, les premiers échecs. Chaque chapitre
dévoile une nouvelle facette de la personnalité attachante et fantasque de la
narratrice sorte de antihéros dans laquelle chacun pourrait reconnaître une
part de soi-même. Susie Morgenstern communique avec simplicité et humour, l’émotion
pleine de nostalgie, le regard tendre qu’elle porte sur son héroïne,
entre petits bonheurs et déceptions passagères d’un quotidien si familier.
Ce roman traite de la délicate période de l'adolescence et Hoch fait l’apprentissage de la vie rythmée par la musique.
Ce joli texte émouvant s’adresse principalement aux jeunes lecteurs mais plaira
également aux plus matures. Un récit agréable, plein de charme qui évoque avec
justesse le passage à l’âge adulte, ce dont rêvent les filles quand elles ont seize
ans et le malin plaisir que la vie prend à les contrarier.
La première fois que j’ai eu seize ans - Susie Morgenstern - L'école des loisirs - Collection
Médium
Ps : Adapté au cinéma par Lorraine Lévy avec Marylou Berry dans le rôle de la narratrice, sous le titre La première fois que j'ai eu vingt ans, j'ai beaucoup aimé le film. Pas un chef d'oeuvre mais une comédie légère, touchante et drôle.
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