"Adventice", œuvre monumentale et participative de JR, constitue l'évènement inaugural du nouveau Carré Sainte-Anne. Fermé pour restauration depuis 2017, cet espace d'exposition ouvert en 1991, niche au cœur d'une église néogothique désacralisée du XIXème siècle. L'édifice reconstruit à de nombreuses reprises au fil des siècles, réhabilité dans les années 1980, menaçait d'effondrement du fait de problèmes structurels majeurs. Sept années de travaux ont été nécessaires pour lui rendre tout son lustre. Le Carré Sainte-Anne rouvre ses portes avec l'intervention de JR, intervention inscrite dans la lignée des grandes expositions monographiques qui ont fait sa réputation, Hervé Di Rosa, Joana Vasconcelos, Jean-Michel Othoniel, Chiharu Shiota. Commissaire de l'exposition, Numa Hambursin, directeur du Mo.Co. orchestre cet évènement en collaboration avec les équipes du Carré Sainte-Anne.
Un arbre monumental déploie des branches longues d'environ 8 mètres, souligne la hauteur sous voûte, joue avec la lumière diffusée par les vitraux colorés. Le feuillage se compose de bouquets de photocopies en noir et blanc, images de mains venues du monde entier. En amont, JR a lancé un appel public à contribution. Des points de collecte ont été installés à Montpellier et les participants se sont manifestés également par de nombreux envois de courriers, certains venant d'aussi loin que la Nouvelle-Calédonie. Une anamorphose manifeste les racines de l'arbre qui s'enfoncent dans le sol. L'immersion sensorielle convoque les sens. Les visiteurs sont invités à s'approcher du tronc pour écouter les sons qui résonnent à l'intérieur de l'arbre. Les jeux d'ombre et de lumière complètent l'illusion de nature vivante. Cinq oeuvres papier sur bois sur la thématique de l'arbre et des mais complètent le propos. À l'émerveillement de la beauté plastique, JR associe une forme d'engagement, philosophie d'un art ouvert, inclusif, participatif.
"Adventice - JR" s'inspire de l'histoire locale, lance des ponts entre le passé et le présent. Au Moyen-Âge, de nombreux moulins drapiers s'installent à Montpellier, sur les bords du Lez. Les laines brutes, importées d'Espagne, d'Afrique du Nord, d'Égypte, de Constantinople, Smyrne, sont lavées dans les eaux du fleuve. Sous le climat méditerranéen favorable, les graines étrangères s'intègrent à la végétation des rives. Des arbres d'essence exotiques poussent, la flore étrangère se fait symbole. Le titre "adventice" fait référence à ces plantes allogènes adaptées à un nouveau milieu. Parfois considérées comme de mauvaises herbes, elles constituent au fil du temps la richesse de la biodiversité. L'œuvre allégorique de JR rend hommage à l'héritage local auquel s'ajoute l'histoire de ceux venus d'ailleurs.
L'installation éphémère évolue en fonction des visiteurs. À l'origine entre 8000 et 9000 mains sont accrochées. Deux imprimantes à disposition des visiteurs invitent chacun à imprimer sa propre main, la découper afin de la déposer dans les points de collecte. Tout le monde peut participer, processus simple et accessible. Les mains rejoignent les frondaisons, extension progressive, dans les semaines suivantes.
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