Rithy Panh grandit dans une famille heureuse dans une maison aux abords de Phnom Penh. Son père, fils de paysan, instituteur remarqué est devenu haut fonctionnaire de l'Éducation nationale. Sa mère veille sur un foyer bruissant d'enfants frères et sœurs, neveux et nièces. En 1975, l'avènement du régime Khmers rouges, le Kampuchéa démocratique, mouvement communiste maoïste mené par Pol Pot et Nuon Chea, marque le début de l'horreur. Rithy Panh a onze ans. Sa famille, désignée par les autorités comme "nouveau peuple", est envoyée dans des chantiers de rééducation par le travail et la faim. Tous les membres seront décimés. Le frère aîné disparait sans laisser de traces. Le beau-frère est exécuté sur un bord de route. Le père interné dans un camp se laisse mourir de faim. La mère résiste jusqu'à la mort de l'une de ses filles. Affecté ans les rizières, Rithy ne doit sa survie qu'à son jeune âge. En 1979, il parvient à fuir en Thaïlande en 1979. À dix-huit ans, 1980, il arrive en France. Diplômé de l'IDHEC en 1988, il consacre son oeuvre de cinéaste à la mémoire du peuple cambodgien. Son cinéma documentaire témoigne inlassablement de l'horreur, du deuil, interroge l'innommable, entretient la mémoire des victimes.
En 1999, Kaing Guek Eav dit Duch (1942-2020), directeur de la prison S21 au coeur du système tortionnaire, qui se cachait sous une nouvelle identité, est arrêté après avoir été reconnu par un photojournaliste irlandais. Jugé, il est condamné, en 2010, à trente-cinq ans de réclusion par le Tribunal Pénal International. Les victimes font appel afin d'obtenir la perpétuité. Le 3 février 2012, il est condamné à la perpétuité pour crimes contre l'humanité. Au cours de la période d'appel, Rithy Panh interroge Duch, professeur de mathématique devenu pierre angulaire d'une folie sanguinaire. Ces entretiens vont fournir la matrice du documentaire "Duch, le maître des forges de l'enfer".
"L'élimination", récit sur le génocide khmer publié en 2012 aux éditions Grasset, co-écrit avec Christophe Bataille, a été distingué par de nombreux prix. Le réalisateur et le romancier ont par la suite collaboré sur deux autres textes, "L’Image manquante" en 2013, "La Paix avec les morts" en 2020 aux éditions Grasset. "L'élimination" entremêle destin personnel et Histoire, jalon important dans l'oeuvre du cinéaste en quête de vérité, témoin confronté adolescent à la barbarie qui pose des mots ici sur sa traversée du règne sanguinaire des Khmers rouges. Un quart du peuple du royaume du Cambodge disparait entre 1975 et 1979, victime du régime. 1,8 million de morts. Rithy Panh raconte l'Angkar - l'Organisation, la machine du génocide khmer, les scènes insoutenables de torture, de viol, les meurtres d'enfant, de vivisection.
Dans son combat pour la mémoire et la dignité, Rithy Panh tente de comprendre les rouages, cette mécanique inhumaine à laquelle il a survécu. « J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien. » Il mène une réflexion vibrante face à la confession Duch serviteur d'un système de mort
L'élimination - Rithy Pan - co-écrit avec Christophe Bataille - Éditions Grasset - Poche Le livre de poche
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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