L'Arc de Triomphe de l'Étoile, place Charles de Gaulle, monument emblématique de Paris, s'illustre en tant que musée de la sculpture de la Monarchie de Juillet en plein air. Conçu à l'instigation de Napoléon Ier pour célébrer la victoire de la bataille d'Austerlitz, l'Arc de Triomphe dessiné par Jean-François Chalgrin (1739-1811) s'élève à 49 mètres de hauteur, pour une longueur de 45 mètres et une largeur de 27 mètres. Première pierre posée en 1806, sous l'Empire, le monument est inauguré en 1836, sous la Monarchie de Juillet. Le programme décoratif rend hommage aux armées de la Révolution et de l'Empire. L'ouvrage fait l'objet d'une protection patrimoniale. Il est classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 6 février 1896.
Depuis le XVIIIème, le site de la place de l'Étoile à l'extrémité de l'avenue des Champs-Élysées suscite l'intérêt et les projets les plus inventifs : le Parnasse d'Evrard Titon du Tillet (1677-1762) ou encore l'Éléphant triomphal grand kiosque à la gloire du roi de François-Joseph Ribart de Chamoust en 1758. Au lendemain de la victoire de la bataille d'Austerlitz en 1805, Napoléon Ier (1769-1821) envisage la création d'un arc de triomphe commémoratif. En 1806, un premier projet co-signé par Jean-François Chalgrin et Jean-Arnaud Raymond (1742-1811) voit le jour. La première pierre est posée le 15 août 1806. Mais les visions esthétiques des deux architectes s'opposent, au point que Raymond se retire de l'entreprise. Chalgrin propose de nouveaux plans en mars 1809 dont la conception s'inspire de l'arc tétrapyle de Janus et de l'arc de Titus à Rome, quatre piles, quatre face, ouverture d'arche à l'antique sans colonne. Une maquette monumentale accueille l'entrée de Marie-Louise d'Autriche à Paris en 1810.
À la mort de Chalgrin, l'ouvrage s'élève à 5,4 mètres du sol. Divers architectes lui succèdent à la tête du projet dont la fonction et la signification évolue au gré des changements de régime. Le retour des Bourbons au pouvoir en 1814 entraîne la suspension temporaire du chantier. En 1823, Louis-Robert Goust (1761-1838), désigné par Louis XVIII, préside à la construction des petites arches puis à sa suite, Louis-Étienne-François Héricart de Thury (1786-1854). L'arc de triomphe doit alors commémorer l'expédition victorieuse d'Espagne. Le chantier reprend en 1826 sous la houlette de Jean-Nicolas Huyot (1780-1840) qui réalise le grand entablement, la voûte d'ogive, le support du dallage supérieur et la voûte à caissons de la grande arche.
En 1830, Louis-Philippe (1773-1850) influence une nouvelle orientation symbolique dans l'esprit de réconciliation et d'hommage au dévouement des armées combattantes entre 1792 et 1815. L'architecte Guillaume Abel Blouet succède à Huyot, en 1832, et construit l'attique de la grande salle voûtée, l'acrotère. Il fait placer les cent bornes reliées par des chaînes qui ceinture encore aujourd'hui le monument.
Le riche programme iconographique prend forme à partir de 1833. Louis-Philippe et Adolphe Thiers font appel aux plus grands artistes de leur temps. Le sens du monument évolue, de la glorification des armées de l'Empire et de la Révolution, des conquêtes militaires à la célébration de la défense de la Patrie.
Oeuvres majeures, les quatre hauts-reliefs allégoriques reposent sur des socles élevés, adossés aux piédroits et hauts de 18 mètres.
- "Le Départ des volontaires de 1792" dit "La Marseillaise", par François Rude (1784-1855)
- "Le Triomphe de 1810", par Jean-Pierre Cortot (1787-1843)
- "La Résistance de 1814" et "La Paix de 1815", par Antoine Étex (1808-1888)
Les six bas-reliefs sur les faces de l'arc illustrent des scènes de la Révolution et de l'Empire
- "Les Funérailles du général Marceau le 20 septembre 1796", par Henri Lemaire sur la face sud droite.
- "La Bataille d'Aboukir le 25 juillet 1799", par Bernard Seurre sur face sud gauche.
- "La Bataille de Jemappes le 6 novembre 1792", par Carlo Marochetti sur la face est.
- "Le Passage du pont d'Arcole le 15 novembre 1796", par Jean-Jacques Feuchère sur la face nord droite).
- "La Prise d'Alexandrie le 3 juillet 1798", par John-Étienne Chaponnière sur la face nord gauche).
- "La Bataille d'Austerlitz le 2 décembre 1805", par Théodore Gechter sur la face ouest.
Le bas-relief de la frise du grand entablement se déploie en deux parties sur les quatre faces de l'édifice.
- "Le Départ des armées", par Joseph-Silvestre Brun, Georges Jacquot et Laité.
- "Le Retour des armées", par Louis-Denis Caillouette, François Rude et Bernard Seurre.
Les écoinçons des grandes arcades sont ornés de figures allégoriques de James Pradier, personnages de la mythologie romaine : Renommées avec le pied posé sur un globe, une trompette à la main et Victoires tendant une couronne de laurier. Les faces intérieures des petites arcades sont gravées des noms des personnalités de la Révolution et de l'Empire.
L'Arc de Triomphe de l'Étoile est inauguré le 29 juillet 1836, à l'occasion des célébrations anniversaires des Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830), qui marquent la Révolution de Juillet.
Le projet de groupe monumental, censé couronner le monument, connait des délais avant d'être abandonné. La maquette en plâtre d'un quadrige d'Alexandre Falguière (1831-1906), "Le Triomphe de ma Révolution" est installée au sommet de l'Arc en 1882. Dégradée par les intempéries, elle quitte sa position en 1886. Le bronze pérenne n'est jamais fondu.
La tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe commémore symboliquement le sacrifice des hommes morts pour la patrie. La dépouille d'un soldat disparu au combat lors de la Première Guerre Mondiale et dont l'identité n'a pas été déterminée est inhumée sous l'arche le 28 janvier 1921. La flamme du souvenir est allumée pour la première fois le 11 novembre 1923. Chaque soir, une délégation d'association d'anciens combattants ou de victimes de guerre ravive la flamme à 18h30.
Dans les années 1930, une exposition permanente au sujet de l'histoire de l'Arc est développée au sein des espaces des piliers. En 2008, l'État fait appel à l'artiste Maurice Benayou et à l'architecte Christophe Girault afin de concevoir une nouvelle muséographie, "Entre guerres et paix". Elle se penche en particulier sur l'évolution symbolique du monument. Le multimédia et les activités interactives y tiennent une place importante.
Le 1er décembre 2018, lors de l'Acte III du mouvement des Gilets jaunes, des manifestants pénètrent par effraction dans l'Arc de Triomphe et dégradent le site.
Arc de Triomphe de l'Étoile
Place Charles de Gaulle - Paris 8
Métro Charles de Gaulle Étoile ligne 1, 2, 6
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Le guide du promeneur 8è arrondissement - Philippe Sorel - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
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