Au Musée de la Céramique de Rouen, établi en 1984 au sein de l'Hôtel d'Hocqueville, la salle des boiseries provenant de l'abbaye de Saint-Amand accueille les visiteurs, première étape d'un riche parcours. Les boiseries de chêne, constituées de 193 petits lambris, se caractérisent par des décors peints à l'huile. Fleurs et fruits disposés en guirlande verticale constituent un véritable herbier. La cheminée, niche architecturée, s'orne de quatre figures la Vierge, l'archange Gabriel, sainte Marguerite, sainte Madeleine, décor complété au centre du linteau par les armes de l'abbaye. La datation originelle, première moitié du XVIème siècle, sous l'abbatiat de Guillemette de d'Assy, abbesse de Saint-Amand de 1517 à 1531, est remise en question par les recherches les plus récentes. La facture de l'ouvrage suggère plutôt le début du XVIIème siècle, sous la tutelle d'Anne de Souvré et une salle du couvent plutôt que la chambre de l'abbesse.
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Ailleurs : Boiseries et cheminée de l'abbaye de Saint-Amand au Musée de la Céramique de Rouen
By La Rédaction At décembre 04, 2024 0
L'histoire de l'abbaye de Saint-Amand de Rouen, communauté de religieuses bénédictines, remonte au règne de Clovis II. Le premier ensemble conventuel s'établit sur les terrains libérés par la démolition d'un ancien temple dédié à Vénus, au VIIème siècle. L'abbaye ruinée par les Normands au Xème siècle, rétablie en 1030, prospère avec l'érection de la paroisse de Saint-Amand en 1100.
Les Calvinistes pillent l'abbaye en 1562. Le clocher s'effondre en 1569. Anne II de Souvré, fille de Gilles de Souvré, Maréchal de France, abbesse de Préaux en 1617 puis de Saint Amand de 1630 à 1651, fait relever l'abbaye. Un nouveau clocher et sa flèche s'élèvent en 1620. En 1640, sacristie, salle capitulaire, cuisine, réfectoire, dortoir au sud du choeur font l'objection d'une réfection minutieuse. Ils sont remplacés en 1700 par un nouvel ensemble sur les plans de Nicolas Bourgeois que complète la sacristie de Charles Thibaut vers 1760. À la Révolution, l'abbaye de Saint-Amand supprimée, les bâtiments deviennent magasin central de 1792 à 1797. Ils disparaissent lors du percement de la rue de la République en 1863. Les décors sont déposés et remontés dans un immeuble privé de Rouen.
La municipalité rachète les décors en 1981, afin de les installer au sein de l'Hôtel d'Hocqueville. Pierre de Becdelièvre, seigneur d'Hocqueville, premier président à la Cour des aides de Rouen fait édifier une résidence privée en 1657, à l'emplacement du vieux château et de la prison du baillage. Une partie des intérieurs, escaliers et salons, est inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 8 avril 1935. La Mairie de Rouen se porte acquéreur de l'hôtel en 1936. Il accueille, dans un premier temps, le Conservatoire de Rouen. Façades et toitures sont classés par arrêté du 28 juillet 1937. Le Musée de la Céramique y prend ses quartiers en 1984.
Dans la salle des boiseries de Saint-Amand est conservé une portion de pavement issue des ateliers du faïencier rouennais Masséot Abasquesne (vers 1500-1564). Originellement conçus pour la chapelle de la Bâtie d'Urfé, situé à Saint-Étienne-le-Molard, dans la Loire, en Auvergne-Rhône-Alpes, il s'agit d'un dépôt du musée national de la Renaissance, institution implantée au sein du château d'Ecouen dans le Val-d'Oise.
À la Renaissance, les pavements jusqu'alors purement utilitaires deviennent éléments du programme décoratifs des résidences aristocratiques et bourgeoises, châteaux, hôtels particuliers. Les ateliers rouennais de Masséot Abasquesne se spécialisent dans la production de carreaux de faïence décor de grand feu polychrome. La richesse de leurs couleurs reporte un vif succès, intensité rendue possible grâce à la technique de la faïence stannifère, dont l'émail composé à base d'étain permet de fixer des nuances particulièrement vives sur l'argile.
En 1557, l'atelier Masséot Abasquesne réalise un ensemble destiné à la chapelle de la Bâtie d'Urfé. Claude d'Urfé, baille du Forez, ambassadeur auprès du pape puis gouverneur du Dauphin, s'inspire de ses nombreux séjours à Rome afin d'aménager sa demeure selon le goût Renaissance.
Le faïencier normand Masséot Abasquesne, tombé dans l'oubli, a été redécouvert, au XIXème siècle, grâce aux travaux d'André Pottier (1799-1867), bibliothécaire, céramographe et historien, premier conservateur du Musée de la Céramique de Rouen.
Boiseries de l'abbaye de Saint-Amand
Musée de la Céramique
1 rue Faucon ou 94 rue Jeanne d'Arc - Rouen
Tél. : 02 76 30 39 26
Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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