Ailleurs : Galeries de peintures du Musée Condé, écrin des collections du duc d'Aumale au Château de Chantilly

 

Le Musée Condé de Chantilly conserve les collections du prince Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822–1897), le plus grand collectionneur de son temps, fils du dernier roi des Français, Louis-Philippe (1773-1850). Le dernier Condé, son grand-oncle, lui lègue, en 1830, le domaine de Chantilly. Au fil d'une reconstruction d'envergure, le duc d'Aumale réinvente le château et transforme la demeure princière ruinée en écrin idéal de ses ensembles précieux. Il manifeste très tôt le désir d'exposer ses collections au public dans un cadre officiel entièrement pensé et aménagé par ses soins. L'ensemble est constitué de plus de 800 peintures du XVème au XIXème siècles, de pièces d'arts graphiques, dessins, gravures, mobilier, d'objets d'art, de sculptures, de mobilier. En 1886, Henri d'Orléans fait don de son vivant, du domaine et des collections, à l'Institut de France. Sous conditions. Les oeuvres ne peuvent être ni vendues, ni prêtées et l'accrochage, reflet de ses goûts personnels, devra être préservé à l'identique. La Galerie des peintures témoigne, de nos jours, de la muséographie caractéristique adoptée par les musées au XIXème siècle, accumulation en quinconce de quatre-vingt-cinq tableaux, exempte de chronologie particulière.

Aujourd'hui, la deuxième plus importante collection de peintures anciennes après celle du Louvre, se déploie à travers les lieux imaginés par le prince : la Galerie de peintures et la Rotonde, la Tribune, le Santuorio, le Cabinet des Clouet, le Cabinet du Giotto, la Galerie de Psyché, la Galerie des Cerfs.



Galerie des peintures

Galerie des peintures

Galerie des peintures

Galerie des peintures

Galerie des peintures

Galerie des peintures

En 1830, le prince Henri d'Orléans, huit ans, hérite de son grand-oncle et parrain, Louis VI Henri de Bourbon-Condé. Le vaste patrimoine du dernier des Condé comprend le domaine de Chantilly. Il demeure alors peu d'éléments du Grand château, utilisé comme carrière de pierre en 1799. Seul le Petit château est habitable. La reconstruction du Grand château de Chantilly initiée en 1845, sous la houlette de l'architecte Félix Duban (1798-1870) est suspendue lors du renversement de la Monarchie de Juillet en 1848. 

Sous le Second Empire, la famille d'Orléans s'exile en Angleterre. Le duc d'Aumale réside alors à Twickenham. Durant cette période, il constitue l'essentiel de ses collections au gré d'acquisitions nouvelles Géricault, Poussin, Dürer qui s'ajoutent à l'important corpus hérité de son parrain. Orleans House devient un véritable musée. Un catalogue de 1862 récence 157 peintures, 82 miniatures, 18 méaux, 170 dessins, des gravures, des sculptures, des vitraux, des mosaïques, des manuscrits, des imprimés, des meubles, des armes, des pièces d'orfèvrerie, des céramiques, des verreries et des ivoires. Bibliophile averti, le duc d'Aumale fait l'acquisition, en 1855, auprès d'un collectionneur à Gênes, des "Très riches heures du duc de Berry" (vers 1410-1411), ouvrage enluminé des frères Limbourg, plus célèbre manuscrit à peintures au monde.




La Rotonde

La Rotonde

La Rotonde - La Vierge de Lorette - Raphaël

Galerie de Psyché

1870 marque la chute du Second Empire. De retour en France en 1871, le duc d'Aumale confie la reconstruction du château de Chantilly à Honoré Daumet en 1875. Le chantier prévoit la conception d'espaces dédiés aux précieuses collections : la galerie de peintures, le santuario et la tribune, dont l'architecture s'inspire de celle de la galerie des Offices de Florence, la galerie de Psyché, le cabinet des Clouet, le cabinet du Giotto ainsi que la galerie des Cerfs dédiées aux tapisseries des Gobelins. Au décès de son dernier enfant, le duc de Guise, en 1872, le duc d'Aumale demeure sans héritier direct. Par son testament du 3 juin 1884, il décide de l'avenir du domaine et des collections. Membre de l'Académie française et de l'Académie des Beaux-Arts, il lègue l'ensemble à l'Institut de France.  

Sous la Troisième République, la loi d'exil de 1886, relative aux membres des familles ayant régnées en France, contraint le duc d'Aumale à un nouvel exil. Le legs devient donation de son vivant à l'Institut sous réserve d'usufruit. Le décret de Sadi Carnot du 8 mars 1889 révoque le bannissement et autorise les Orléans à rentrer en France.


La Tribune

La Tribune

Le Santuario - Les Trois Grâces - Raphaël

Le Santuario - Miniatures de Jean Fouquet pour le livre d'heure d'Étienne Chevalier

Galerie des Cerfs


À la suite de ce second retour d'exil, le duc d'Aumale élargit ses collections avec notamment de nombreux dessins de Jean Clouet, portraits de famille des derniers Valois commandés par Catherine de Médicis, quarante miniatures de Jean Fouquet, illustrations du livre d'heures d'Etienne Chevalier, pour lesquelles est aménagé le Santuario, donnant sur la galerie de Psyché. Henri d'Orléans décède le 7 mai 1887. Le Musée Condé est officiellement inauguré le 17 avril 1898. 

Quelques oeuvres conservées dans les collections :

La Galerie des peintures
- "Vénus endormie avec des Amours" (1602) d'Annibale Carracci
- "Le Massacre des innocents" (1625-1632) de Nicolas Poussin, acheté en 1854 chez le marchand anglais Colnaghi
- "Le Portrait du Cardinal de Richelieu" (vers 1635-1640) par Philippe de Champaigne
- "Le déjeuner de jambon" (1735) de Nicolas Lancret, acheté en 1857
- "Le Concert champêtre" (1844–1857) de Jean-Baptiste Corot

La Rotonde 
- "La Vierge de Lorette" (1509) de Raphaël
- "Portrait de Simonetta Vespucci" (vers 1480) de Piero di Cosimo
- "Portrait d'Odet de Coligny, cardinal de Châtillon" (vers 1548) François Clouet

La Tribune retrace l'histoire de la peinture
- deux murs Renaissance avec des oeuvres de Fra Angelico, Botticelli, Titien, Sandro Botticelli notamment "L'Automne ou allégorie contre l'abus du vin" (vers 1490) de Botticelli,
"Saint Marc et Saint Matthieu" du retable de San Domenico de Fiesole (vers 1425) de Fra Angelico
- un mur XVIIème et XVIIIème siècles français et flamands avec Poussin, Van Dyck, Watteau
notamment "Portait de Gaston de France, duc d'Orléans" (1628-1634) d'Anton Van Dyck, ou "Portait de Molière" (vers 1658) par Pierre Mignard
- deux derniers murs consacrés au XIXe siècle français, le courant néoclassique, "Autoportrait à vingt-quatre ans" (1804) de Jean-Dominique Ingres, et le romantisme, avec des oeuvres d'Eugène Delacroix

Le Santuario
- "Les Trois grâces" (1504-1505) de Raphaël, la collection du cardinal Borghese à Rome, acquis en 1885
- "La Madone de la maison d’Orléans" (vers 1506-1507) de Raphaël
- un panneau de "L’Histoire d’Esther" par Sandro Botticelli et Filippino Lippi
- quarante miniatures de Jean Fouquet pour "Le Livre d’Heures d’Étienne Chevalier"

Galeries de peinture du Musée Condé
Domaine de Chantilly
7 rue Connétable Château - 60500 Chantilly
Tél. : 03 44 27 31 80



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Le Santuario - La Madone de la Maison d'Orléans - Raphaël