Le cloître de Port-Royal, la chapelle et la salle capitulaire, propriété de l'Assistance publique hôpitaux de Paris, se trouvent dans l'enceinte de l'hôpital Cochin. L'ensemble désormais dévolu à la maternité Baudelocque possède un charme hors du temps particulier, sérénité héritée de l'ancienne abbaye cistercienne. Port-Royal a été un lieu majeur du jansénisme, doctrine théologique développée aux XVIIème et XVIIIème siècles qui s'appuie sur la lecture rigoureuse des écrits de Saint Augustin. Elle s'attache à résoudre la problématique de la grâce, associant au rigorisme moral, une hostilité envers les jésuites et une opposition à l'absolutisme royal.
À la suite du départ en croisade de son époux Mathieu de Marly (mort en 1203 à Constantinople), Mathilde de Garlande (morte en 1224) fonde un prieuré, de Port-Royal des Champs dans la vallée de Chevreuse en 1204. Avec le royal soutien de Philippe Auguste puis Louis VIII, devient une véritable abbaye cistercienne.
Les religieuses de l'ordre de Cîteaux connaissent une période faste avant de connaître des temps plus modestes. Au XVIIème, le couvent est restauré par la mère Angélique Arnauld (1591-1661), sœur d'Antoine Arnauld (1612-1694), théologien et chef de file du jansénisme, abbesse et réformatrice de Port-Royal à partir de 1609, également figure majeure du jansénisme. À cette époque, de nombreux couvents s'installent Faubourg Saint Jacques à Paris, les Ursulines, les Carmélites, les Visitandines. En 1623, l'abbaye de Port Royal acquiert une propriété dans le Faubourg Saint Jacques, l'hôtel de Clagny et des terrains le long de la rue Bourbe. Les quatre-vingt religieuses de la communauté du Saint Sacrement s'installent sur le site en 1626.
Le chantier de transformation et d'agrandissement, initié en 1628-29 se poursuit jusqu'en 1655. La construction de nouveaux bâtiments conventuels est rendue possible grâce à la générosité de donatrices et résidentes. Les "belles amies de Port-Royal" financent le chantier entre 1636 et 1660, la duchesse de Longueville, la marquise d'Aumont dont le pavillon privé abrite aujourd'hui les services administratifs de la maternité, la princesse de Guéménée, dont les appartements sont édifiés dans l'enclos du couvent, la marquise de Sablé aux appartements construits dans le prolongement du choeur de la chapelle.
L'architecture emprunte une forme d'austérité qui témoigne des préceptes de rigueur spirituelle embrassés par la communauté : simplicité et économie des trois galeries à piliers rustiques du cloître, murs de moellons sans décor, fenêtres sans chambranle, toits de tuiles, escaliers de charpente. L'église, oeuvre de l'architecte Antoine Lepautre (1621-1679) bénie en 1648, pleinement achevée en 1653, est flanquée de deux nouveaux pavillons le long de la rue du Faubourg Saint Jacques. À l'origine, des toiles de Philippe de Champaigne (1602-1674), aujourd'hui dispersée dans les musées, décorent la chapelle. Deux bâtiments dont la salle capitulaire sont ajouté à l'Ouest.
L'abbé de Saint-Cyran devient directeur de conscience de Port-Royal en 1636. Les figures du jansénisme, Antoine Arnauld, Pierre Nicole (1625-1695), théologien, moraliste, logicien et controversiste, Blaise Pascal (1623-1662) mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien, multiplient les retraites au sein du monastère.
Le couvent de Port-Royal, nationalisé à la Révolution, devient brièvement la prison de Port-Libre en 1792, lieu d'enfermement dans les geôles desquelles passent Malesherbes, Lavoisier, avant l'échafaud. À partir de 1795, sous la Convention, les locaux accueillent les services des enfants trouvés, ainsi qu'une maternité destinée aux femmes démunies.
Les vestiges de l'abbaye de Port-Royal font l'objet d'une protection au titre des Monuments historiques : façades des bâtiments qui entourent la chapelle, sont inscrits par arrêté du 19 octobre 1928. La Chapelle, toujours ouverte au culte le dimanche, et le choeur des religieuses, les façades et toitures du pavillon de l'Administration, l'ancien hôtel d'Aumont, le cloître et son aire, l'ancienne salle capitulaire font l'objet d'un classement par arrêté du 24 octobre 1933.
Cloître de Port-Royal
Hôpital Cochin
123 boulevard de Port Royal - Paris 14
Horaires : Ouvert du lundi au vendredi - Chapelle ouverte le dimanche pour la messe à 10h30
RER Port-Royal ligne B / Métro Saint-Jacques ligne 6
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 14è arrondissement - Michel Dansel - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
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