La Tour d'Argent, résidence aristocratique urbaine du XIIème siècle au coeur de la vieille ville de L'Isle-sur-la-Sorgue, porte aujourd'hui le nom d'une ancienne auberge tardive du XVIIème siècle. L'une de ses dénominations historiques, Tour Boutin, fait référence à une famille de propriétaires au XVème siècle. Juste en face de la Collégiale Notre-Dame-des-Anges, à l'extrémité Nord-Est d'un l'îlot dont elle est l'élément le plus intéressant, la tour exemple remarquable de l'architecture romane provençale, témoigne de l'architecture civile en ville. Le commanditaire originel et la date exacte de construction demeurent inconnus. Les théories avancées par les chercheurs suggèrent une famille puissante du consulat, telle que les Laugier ou les Alphant de la Tour, et une fourchette entre le XIIème et le XIIIème siècle.
Structure massive établie sur un plan carré, la tour aux dimensions exceptionnelles a subi peu de modifications depuis son édification. Des ouvertures ont été percées récemment, et à l'intérieur des paliers supplémentaires ajoutés pour un total de trois niveaux, un rez-de-chaussée et deux étages. Elle a conservé ses décors foisonnants qui contrastent avec l'austérité des façades, notamment sa coupole nervurée, voûte de forme octogonale. Elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 22 février 2012.
L'îlot de la Tour d'Argent est aujourd'hui délimité à l'Est par le canal de l'Arquet, au Nord, la place de la Liberté, à l'Ouest, la rue de la République et au Sud, une impasse d'accès à l'hôtel de Palerme, résidence médiévale restructurée au cours du premier quart du XVIIIème siècle.
L'îlot constitué autour de la Tour se compose, au milieu du XIIème siècle, de maison fortes, résidences privées destinées aux seigneurs locaux, de logis variés, d'ateliers artisanaux. Une seconde tour de moindre envergure se dresse au Sud. Au XIIIème siècle, ces constructions variées sont rasées pour faire place à un ensemble plus homogène développé depuis les bords du canal. Deux cours au Nord et au Sud offrent une respiration dans le dense tissu urbain.
Au milieu du XIVème siècle, le site est divisé entre deux grands propriétaires, les Cavalier au Nord, récemment installés à L'Isle, et les Damian, vieille famille consulaire, au Sud. Sur les parcelles autonomes qui séparent ces terrains, se sont glissés des commerçants, un marchand de chandelle, un drapier, un notaire. L'hôtel de Branca-Villars de style gothique, dont demeure aujourd'hui un corps de bâtiment, est édifié entre le XIVème et le XVème siècles
Les Cavalier cèdent l'ensemble résidentiel qu'ils occupaient à la famille Boutin en 1425. Jean Veyrier se porte acquéreur de la tour et ses dépendances en 1653. Du XVIIème siècle jusqu'à 1918, l'auberge de la Tour d'argent occupe les dépendances de l'hôtel de Brancas, propriété voisine de la tour médiévale. À la fin du XVIIIème siècle, le baron Laurent d'Oiselay réunit divers bâtiments pour construire un vaste hôtel particulier dans le goût de son temps.
En 1848, les frères Mollard, nouveaux propriétaires de l'hôtel Brancas-Villars et de l'auberge de la Tour d'argent morcellent peu à peu cet ensemble. Marius Bernard hérite en 1893 de l'ancien corps de logis où il aménage un théâtre à l'italienne. Entre 1896 et 1913, l'îlot évolue vers le divertissement. Outre le théâtre, il s'y ouvre le Café de l'Avenir et son cercle de jeu. En 1915 le théâtre devient cinéma, "Le Petit Paradis" puis "Cinévog". Il ferme dans les années 1980. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Marius Bon aménage un dancing au sein du théâtre, "Le Lido", en activité jusqu'en 1987. La Ville rachète les lieux à la fin des années 1990. Aujourd'hui, un vaste plan d'aménagement mené par la municipalité doit donner naissance à un complexe cinéma dans les bâtiments préservés, valorisation du patrimoine par la culture.
Tour d'Argent dite aussi Tour Boutin
5 place Ferdinand Buisson - 84800 L'Isle-sur-la-Sorgue
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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