L'Opéra Bastille, scène de renommée internationale, célèbre les arts lyriques et chorégraphiques. L'institution a été inaugurée en 1989 à l'occasion des manifestations du bicentenaire de la Révolution française. Véritable geste architectural, cette oeuvre de Carlos Ott, se distingue par la modernité de ses lignes, sa façade de verre, pierre et métal, orientée vers la place de la Bastille. Pourtant, le bâtiment a connu de nombreuses avanies depuis sa construction, due à la précipitation, l'urgence d'une livraison et l'impératif d'une date butoir.
En mars 1982, le président François Mitterrand confie à Jack Lang, alors ministre de la Culture, la construction d'un nouvel Opéra, un peu plus d'un siècle après l'inauguration de l'Opéra Garnier en 1875. L'établissement à venir, "un opéra moderne et populaire" aura pour objectif l'accueil de davantage de spectateurs, le développement d'un plus grand nombre de spectacles. Outil de production et de représentation, il les aspects techniques contemporains
Un concours international est lancé le 27 juillet 1982. Mille-sept-cents agences s'inscrivent, sept-cent-cinquante-six dossiers sont déposés. En novembre 1983, le jury distingue, de manière inattendue, le projet de Carlos Ott (né en 1946), architecte canadien d'origine uruguayenne, encore méconnu. Afin de diriger l'entreprise d'envergure, l'Établissement Public Opéra-Bastille (EPOB) est créé la même année.
La nouvelle institution culturelle sera développée sur les terrains libérés par la démolition de l'ancienne gare de la Bastille. Construite en 1859, désaffectée depuis 1969, elle est alors utilisée comme hall d'exposition temporaire. En novembre 1984, le chantier débute par son démantèlement. Le viaduc ferroviaire conservé devient une portion de la coulée verte René Dumont. Les travaux s'achèvent en 1989.
Le bâtiment de l'Opéra Bastille, conçu sur un plan semi-circulaire, s'étend sur une surface de 160 000 m2. D'une hauteur globale de 80 mètres, il se déploie sur 50 mètres au-dessus du sol et 30 mètres en sous-sol. Les façades entretiennent l'idée de transparence, alternance de pierre, de verre et de métal. Les trente-six-mille dalles de calcaire, dimensions 90x90 cm, répondent aux vastes surfaces vitrées, véritable mur de verre. Le quadrillage en aluminium, armature en inox granité, confère une lumière supplémentaire. Le grand escalier mène à l'entrée symbolisée par une arche de granit noir aux dimensions monumentales.
Carlos Ott a souhaité faire résonner les matériaux employés à l'extérieur et ceux de l'intérieur. Il image un opéra contemporain détaché de l'esthétique XIXème siècle aux décors luxuriants, puisant son inspiration dans l'épure des lignes. L'Opéra Bastille se caractérise par l'absence de statuaire, de bas-reliefs ou de peintures. À l'origine, seule exception, au sein du foyer du parterre, se trouve une sculpture de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely "Le Monde" (1989).
La salle principale accueille jusqu'à 2745 spectateurs. Son architecture joue sur les contrastes, granit bleu de Lanhélin en Bretagne, bois de poirier de Chine, rappel du bois des instruments, plafond lumineux en verre. Helmut Mullet, assisté de l'équipe du Centre technique et scientifique du bâtiment dirigé par Jean-Paul Vian, signe l'acoustique. Deux salles complémentaires s'ajoutent, un amphithéâtre de 500 places situé sous la salle principale, un studio de 237 places dans l'annexe, concerts de musique de chambre et récitals variés.
L'Opéra Bastille est inauguré le 13 juillet 1989 dans le cadre des festivités du Bicentenaire de la prise de la Bastille. La soirée officielle, à laquelle assiste une trentaine de chefs d'état, est retransmise à la télévision. Bob Wilson met en scène le spectacle inaugural, "La Nuit d'avant le jour". La première représentation régulière, "Les Troyens" (1856-58), opéra en cinq actes d'Hector Berlioz est donnée le 17 mars 1990. La première saison débute en septembre 1990.
Cette même année, une dalle de la façade chute. Les dégradations rapides inquiètent. Le budget nécessaire aux mesures de sécurité prises dans l'urgence, notamment la pose de 5000m2 de filets, se chiffre à 530 000 euros. En 1991, l'État intente un procès en malfaçon contre les entrepreneurs, qui répliquent en insistant sur les conditions du chantier et l'urgence de la livraison. En 1993, l’Établissement Public Opéra-Bastille (EPOB) est dissous, replacé en 1994, par l'Opéra de Paris, établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) qui englobe également l'Opéra Garnier.
En 2007, les entrepreneurs sont condamnés par la justice au versement de neuf millions d'euros afin de remplacer les trente-six-mille dalles en pierre de la façade. Le chantier dure deux ans. Il est question, dès 2007, de mises aux normes de sécurité, en autre incendie, dans un rapport d'information sénatorial qui évalue à 12 millions d'euros sur cinq ans le montant des travaux. Dans les années 2010, de nombreux projets d'extension et de valorisation d'espaces laissés non-construits entre l'opéra et le viaduc des arts demeurent en suspens faute de financement.
Opéra Bastille
Place de la Bastille - Paris 12
Visites guidées par un conférencier de l’Opéra national de Paris. En français uniquement. Informations sur le site Opéra de Paris
Durée : 1h30. Plein tarif, 17€ ; tarif Réduit, 12€ (jeunes de moins de 25 ans, chômeurs…)
Métro Bastille lignes 1, 5, 8
Opéra de Paris
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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