Joseph Fouché (1759-1820) homme de l'ombre, politicien redoutable, connait un parcours édifiant dans les coulisses du pouvoir. Son nom demeure associé à la Terreur, au règne de Napoléon et à la Restauration de la Monarchie. "Le ministre de toutes les polices", disciple de Machiavel, avide de pouvoir, est aux antipodes des personnages héroïques retenus par le roman national. À la Révolution, il vote la mort de Louis XVI. En 1793, il ordonne la répression violente de l'insurrection lyonnaise et le massacre des royalistes. Pour sauver sa tête, Fouché complote et oeuvre à la chute de Robespierre. Ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Seconde Restauration, il sera l'un des hommes clés des Cents-jours, le retour d'exil de Napoléon et sa seconde abdication. Par son action, il favorise le retour de la Monarchie et de Louis XVIII. Il forme un terrible couple avec Talleyrand, ancien ministre des Affaires étrangères que Chateaubriand, dans les "Mémoires d'outre-tombe", décrit comme "le vice appuyé sur le bras du crime". Exilé en tant que régicide par la loi du 12 janvier 1816, il meurt dans l'oubli à Trieste en 1820. Ses secrets et dossiers redoutables disparaissent, brûlés à la dernière minute avec l'aide du prince Jérôme Bonaparte.
Dans ce volume de la série "Les Vies", les biographies non-romancés, Stefan Zweig mène une exploration intime de la psyché de Joseph Fouché (1759-1820). Art du conteur, virtuosité au service de la vérité historique, il met en scène les moments pivots de l'Histoire. Sous sa plume, des face-à-face d'anthologie prennent chair. Il se penche sur la construction d'une personnalité dans les épreuves et les humiliations. L'auteur trace le portrait d'un opportuniste au sang-froid redoutable, maître des intrigues et trahisons. Son caractère s'exprime dans l'habilité aux jeux de pouvoir et autres manipulations.
Fouché préside aux alliances, aux renversements, aux chutes et aux avènements de nouvelles figures. Il joue un rôle déterminant dans la fin de Louis XVI, Robespierre, Napoléon Ier. Personnage décrié, aussi brillant que cynique, il tient tête aux puissants qu'il sert. Zweig raconte par l'exemple les ambiguïtés d'une moralité douteuse, d'un homme froid, calculateur. Son étude de caractère ausculte les ressorts psychologiques, les artifices de cette figure complexe, paradoxale. Député de la Convention anobli par Napoléon, Fouché devient duc d'Otrante, puis impassible, ministre de Louis XVIII. Il ne semble servir que par intérêt mais conserve une dimension énigmatique.
Fouché incarne une époque mouvementée, visionnaire au service des puissants et des régimes successifs sans distinction, sans conviction. Il survit à tous les revirements, les renversements, suit le vent de l'Histoire. Stefan Zweig raconte les sommets du pouvoir, les disgrâces et la fin sans gloire. Portrait fascinant d'un personnage voué aux gémonies par la postérité.
Fouché - Stefan Zweig - Editions Grasset Collection Les Cahiers Rouges
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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