Expo Ailleurs : Le Chemin de Croix. Ladislas Kijno et Robert Combas - Espace Culturel Chapelle Saint Pry - Béthune - Jusqu'au 4 août 2024

 

Ladislas Kijno (1921-2012) et Robert Combas (né en 1957) collaborent entre 2003 et 2005 afin de réaliser à quatre mains "Le Chemin de Croix", une série de quatorze tableaux représentant les quatorze Stations du martyr du Christ. Travaux croisés, synthèse de vocabulaires plastiques radicalement différents, au-delà de son aspect sacré, cet ensemble raconte une rencontre artistique et amicale. Ladislas Kijno et Robert Combas, représentent deux mouvements aux styles radicalement différents, l'un maître de l'abstraction de l'après-guerre et l'autre chantre de la Figuration Libre des années 1970. "Le Chemin de Croix dialogue entre la sobriété de Kijno et le foisonnement formel de Combas, souligne autant les divergences plastiques que les points communs, la densité, la démesure l'humour et l'humanisme, une mythologie partagée du fait de leur éducation. Ces quatorze toiles portées par la puissance d'une frontalité sans fard, une truculence mystique, confrontent le visiteur au malheur du monde et s'attachent à traduire en images souffrance, mort et bouillonnement de la vie dans ses aspects matériels pour mieux capturer les ambivalences de la condition humaine.

L'espace culturel Chapelle Saint-Pry de Béthune présente "Le Chemin de Croix", oeuvre majeure du XXIème siècle, quatorze segments signés Ladislas Kijno et Robert Combas. Cette ancienne chapelle désacralisée, restaurée en 1992 et réhabilitée en lieu d'exposition, accueille désormais des événements temporaires. L'ensemble offert à la Ville de Lille en 2013 est habituellement conservé au sein du musée d'art sacré aménagé dans les sous-sols de la cathédrale Notre-Dame de la Treille, centre créé sous l'impulsion de Gilbert Delaine (1934-2013), fondateur du Musée d'art contemporain de Dunkerque devenu le LAAC en 2005. 

Ladislas Kijno (1921-2012), artiste militant, figure de l'abstraction d'après-guerre, développe de la technique du froissage. Il adapte le graffiti contestataire sur toile, pionnier de la vaporisation, désormais considéré comme le père de l'art urbain en France. Né en Pologne en 1921, Ladislas Kijno grandi à Nœux-les-Mines dès ses quatre ans. Il conserve tout au long de sa vie un attachement au département du Pas-de-Calais. En 2024, la communauté d'agglomération Béthune-Bruay Artois-Ly Romane rend hommage au peintre, douze ans après sa disparition. Cent-cinquante événements sont organisés à travers quarante communes jusqu'au 4 août 2024, notamment six expositions rétrospectives à Béthune, Bruay-la-Buissière, Noeux-les-Mines, Beuvry parmi lesquelles "Ladislas Kijno. Du galet aux étoiles" à Labanque.

Ladislas Kijno entretient, tout au long de sa carrière, des préoccupations métaphysiques. Sa quête mystique se traduit dans son intérêt pour les rites magiques, le chamanisme, les religions des peuples premiers et plus généralement l'art sacré. Il réalise la grande Rosace de la Résurrection pour la façade de la cathédrale Notre-Dame de la Treille à Lille, achevée en 1999.

Ladislas Kijno manifeste de l'intérêt pour le travail de Robert Combas dès les années 1970. Tous deux activistes, ils partagent un même sens de l'engagement contestataires. Robert Combas considère Ladislas Kijno comme un père spirituel. Entre les deux artistes se nouent des liens de filiations, une fraternité intergénérationnelle. En 1980, Ladislas Kijno représente la France à l'occasion de la Biennale de Venise tandis que Robert Combas organise sa première exposition personnelle.

En 2003, Ladislas Kijno initie un projet commun. Il souhaite représenter les quatorze stations du Chemin de Croix. Entre 2003 et 2004, les toiles aux dimensions importantes, 195 cm par 130 cm, font une première halte au sein de l'atelier de Ladislas Kijno. Elles acquièrent un caractère métaphysique ancré dans l'abstraction cosmique de Kijno dont l'art procède d'une forme de musicalité. La palette chromatique associe le noir, le blanc, le marron et tend vers l'épure. Au cours de la seconde étape, dans l'atelier de Robert Combas, entre 2004 et 2005, les tableaux prennent une tournure différente, marquée par la figuration profuse, les couleurs vives, tranchantes.  

"Le Chemin de Croix" de Kijno et Combas, présenté à Tourcoing en novembre 2007, à Paris durant l’été 2008, revendique une expression picturale luxuriante où se mêle la gravité et la dérision. Les deux artistes se sont attachés à rendre palpable le martyr rédempteur, la réalité crue du sacrifice enfin de sauver l'humanité. Les quatorze tableaux rendent compte de la vérité du corps supplicié, les chairs souffrantes, la trivialité du sang du Christ, les larmes de la Vierge, les crachats des soldats. Peinture de souffrance incarnée, ce "Chemin de Croix" se pose à rebours des images sacrées classiques, figures idéalisées. L'émotion vive provoquée par la frontalité du martyr bouscule les tabous, irrévérence salutaire. Les imaginaires prennent le relais pour exprimer le mystère du corps ressuscité, la spiritualité, le sens de la vie.

Hommage à Ladislas Kijno : Le Chemin de Croix (2003-2005) Ladislas Kijno et Robert Combas

Jusqu'au 4 août 2024

Espace culturel chapelle Saint-Pry

rue Saint-Pry - 62400 Béthune

Tél : 03 21 64 07 11

Horaires : Du mercredi au dimanche de 14h à 18h30

Entrée libre

bethune.fr

Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.