Paris : Mur des Droits Humains, sous l’égide d’Amnesty International France en collaboration avec la Ville, hommage aux activistes contemporains avec une oeuvre inaugurale signée Mahn Floix - XIIème

 

Le Mur des Droits Humains, espace mis à la disposition d'Amnesty International France par la Ville de Paris au 30 rue du Sahel dans le XIIème arrondissement, a été inauguré le 21 septembre 2023. Tous les six mois, des artistes seront invités à réaliser des oeuvres, symboles du combat en faveur des droits humains. La première fresque signée Mahn Kloix rend hommage à six figures emblématiques, Angela Davis, Chelsea Manning, Dr Denis Mukwege, Greta Thunberg, Nasrin Sotoudeh, Malala Yousafzai. L'artiste a fait le choix de mettre en lumière des activistes contemporains. Il célèbre l'engagement total au prix souvent de leur liberté, de leur sécurité de ceux œuvrent en ce moment même au changement. Des QRCode placés aux extrémités de la peinture murale permettent d'accéder à des biographies complètes et de découvrir leur combat en détails. 

L'initiative cherche à sensibiliser le public aux luttes menées par les militants humanistes, écologistes, féministes, antiracistes. L'objectif est de rompre le silence, dénoncer les injustices tout en incitant les responsables politiques à la condamnation ferme et publique des états oppresseurs. Les oeuvres proposées témoignent de l'histoire, des engagements de ces résistants, éclairent leurs luttes alors que les chiffres du rapport annuel 2022 d'Amnesty International dénonce une régression de la liberté d'expression à travers le monde. 






Formé aux Gobelins, marseillais d'adoption, Mahn Kloix perpétue une tradition familiale d'engagement social. Le projet "Mur des Droits Humains" résonne particulièrement avec son travail à travers lequel il manifeste une grande sensibilité aux combats pour les droits fondamentaux. Il peint et colle sur les murs du monde entier des portraits d'anonymes ou de figures politiques, visages des manifestants de la "Révolution de Jasmin" en Tunisie, ceux du mouvement des Indignés à Athènes, celui de Nûdem Durak, chanteuse kurde emprisonnée en Turquie, celui de Ioulia Tsvetkova militante et artiste russe, ou encore celui de Cédric Herrou, agriculteur condamné pour avoir aidé les migrants à la frontière franco-italienne. À Bourges, la fresque monumentale "A Kabul Story" redonne leur visibilité aux Afghanes face aux Talibans, et le portrait de Tursunay Ziyawudun, femme ouïgoure internée durant onze mois dans un "centre d'éducation et de formation" chinois en 2017, rend compte de son calvaire.

Dans le cadre du Mur des Droits Humains à Paris, Mahn Kloix salue le courage de six activistes. Angela Davis militante marxiste, pacifiste, féministe, figure du Mouvement américain des droits civiques, membre du Black Panther Party, est emprisonnée en 1970-72 du fait de son engagement. L'opinon publique s'émeut de son sort et prend son parti. Elle est libérée en 1972 avec abandon de tous les chefs d'accusation. Universitaire, elle milite pour la dénonciation du racisme endémique de la société américaine, contre l'iniquité du système carcéral, les brutalités policières, contre la peine de mort et l'oppression des minorités, pour le droit des femmes.

À ses côtés, apparaît Chelsea Manning lanceuse d'alerte américaine. Analyste pour le renseignement militaire, elle livre à Wikileaks 700 000 documents confidentiels relatifs aux crimes de guerre perpétrés par l'armée américain en Irak et en Afghanistan. Arrêtée en juin 2010, elle est conduite en 2013 devant la cour martiale des États-Unis et condamnée à trente-cinq ans de prison. Après sept années de détention, elle est libérée en mai 2017, puis à nouveau incarcérée en mars 2019 pour avoir refusé de témoigner contre Julian Assange devant un grand jury. À la suite d'une tentative de suicide, elle est libérée en 2020. 







Le troisième portrait représente le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix en 2018, "l'homme qui répare les femmes". Chirurgien à l'hôpital Panzi de Bukavu en République démocratique du Congo, pays ravagé par des années de guerre civile, il opère les victimes de violences sexuelles. Il soigne les corps et dénonce l'impunité des coupables, l'inaction des gouvernements malgré une tentative d'assassinat, des menaces de mort et des attaques visant sa famille.

Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne, figure emblématique de la lutte pour les droits humains, combat contre la peine de mort et soutien les femmes iraniennes qui luttent pour leur liberté. Elle prend leur défense face à des lois discriminantes notamment le port du voile obligatoire. En 2012, elle a reçu le prix Sakharov du Parlement européen. Emprisonnée à Téhéran depuis 2019, elle a été condamnée pour son engagement à trente-huit ans de prison et cent-quarante-huit coups de fouet.

Malala Yousafzai, militante pakistanaise des droits des femmes, est à dix-sept ans la plus jeune lauréate du Prix Nobel de la Paix, qu'elle partage en 2014 avec l'Indien Kailash Satyarthi. Née dans une zone proche de l'influence des talibans pakistanais, encore adolescente, elle rédige un blog pour la BBC, expérience personnelle d'une vie sous la domination des fondamentalistes. Symbole international de la lutte en faveur de l'éducation des enfants, en 2012, un terroriste tente de l'assassiner d'une balle dans la tête à un arrêt de bus. Elle est transférée en Angleterre, soignée à Birmingham. Suite à la médiatisation internationale de cet évènement, Malala Yousafzai prend la parole pour faire entendre son combat pour la scolarisation des filles. Distinguée par Amnesty International, prix Ambassadeur de conscience 2013, l'année suivante, elle reçoit le Prix Nobel de la Paix.

Activiste écologiste, Greta Thunberg se fait connaître en 2018. L'adolescente suédoise organise chaque vendredi une grève de l'école, "Fridays for Future", pour protester contre l'inaction des états face au dérèglement climatique. L'action de sensibilisation prend de l'ampleur et se répand dans plus de cent pays parmi lesquels l'Australie, le Brésil, l'Inde, le Nigéria, le Pakistan, le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Japon, les Philippines, l'Ouganda. Arrêtée à plusieurs reprises lors de manifestations, elle reçoit le Prix Ambassadeur de la conscience 2019 décerné par Amnesty International.

Mur des Droits Humains
30 rue du Sahel - Paris 12
Métro Bel Air ligne 6



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.