Paris : Passage Vandrezanne, les charmes pittoresques d'un ancien sentier de la commune de Gentilly, au pied de la Butte aux Cailles - XIIIème

 

Le passage Vandrezanne, pittoresque chemin pavé, gravit en douceur les contreforts de la Butte aux Cailles depuis la rue du Moulinet jusqu'au coude de la rue qui lui a donné son nom actuel. Cette dernière ouverte à la fin du XVIIIème siècle, figure sur le plan cadastral de la commune de Gentilly de 1811. Le nom, dénomination héritée d'un propriétaire de terrains, est orthographié Vendrezanne sur la carte du nouveau Paris datant de 1879. Au coeur de l'actuel quartier de la Maison Blanche, sa physionomie au charme villageois se distingue par la présence de trois candélabres à poterne restaurés et préservés, caractéristiques de l'éclairage public au gaz de la fin du XIXème siècle. 










Le passage Vandrezanne originel, sentier communale de Gentilly, appartient au faubourg annexé à la ville de Paris en 1860. De 1857 à 1877, il est désigné sous l'appellation de "sentier du Moulin des Prés" en référence à l'un des deux moulins à eau en activité sur la Bièvre, affluent de la Seine, aujourd'hui disparu. Le sentier rural classé comme voie de la commune de Gentilly par arrêté du 5 octobre 1857, est intégré à la voirie parisienne par décret du 23 mai 1863, au lendemain du rattachement de ce territoire gentiléen.  

Un effet de dénivelé particulier s'observe au bas du passage Vandrezanne, côté rue du Moulinet. Cette topographie, vestige de l'ancien tronçon de la voie au Sud, évoque la fin du XIXème siècle, époque à laquelle la rue de Tolbiac, établie sur un remblai dominant les quartiers qu'elle traversait de de 1863 à 1892, franchissait la rue du Moulin des Prés par un viaduc. Le croisement à niveau des rues a nécessité un remblai de plus de quinze mètres.

A l'occasion des grands travaux menés sous le Second Empire, l'entaille de la vallée de la Bièvre est en grande partie nivelée et l'affluent devenu aux fils des siècles égout à ciel ouvert est recouvert. Le paysage raviné de cette portion du XIIIème arrondissement est marqué par les canaux de la rivière rendue insalubre du fait des différentes industries polluantes installées sur leurs rives, teinturerie, tanneur, abattoir. L'immense chantier de comblement, du boulevard Blanqui à la place de Rungis jusqu'à la porte des Peupliers dure près de cinquante ans et rencontre de vives oppositions.







Circa 1900 Photographe Eugène Atget



En 1860, l'annexion marque le début de l'urbanisation du quartier. Le forage d'un puits artésien permet de l'alimenter en eau potable. Les sous-sols fragilisés par les carrières de gypse limitent la taille des constructions. L'habitat demeure modeste, d'autant que la population composée de chiffonniers, de blanchisseuses, d'ouvriers de la chaussure, manque de moyens financiers. Entre 1900-10, la complète disparition de la Bièvre au lit, remblayé permet de créer un tout nouvel environnement propice au développement économique et démographique. 

Passage Vandrezanne - Paris 13
Accès 46 rue du Moulinet / 57 rue du Moulin des Prés / 34 rue Vandrezanne 
Métro Tolbiac ligne 7



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 



Circa 1900 Photographe Eugène Atget