Expo Ailleurs : Thomas Verny, Vues d'ici. Paysages d’auprès et figures intimes - Musée Paul Valéry - Sète - Jusqu'au 28 mai 2023

 

Le Musée Paul Valéry consacre une exposition d'envergure au pastelliste paysagiste Thomas Verny. Panorama complet, l'évènement réunit un ensemble représentatif d'une démarche plastique ancrée dans le territoire méridional. Les deux-cent-cinquante vues présentées, réalisées sur le motif, revisitent le paysage sous une forme contemporaine qui se détache radicalement de la carte postale. Thomas Verny associe à ce pan de son travail des portraits de famille, une manière d'entrer dans l'intimité quotidienne. Un second volet, consacré aux figures érotiques, rassemble une vingtaine de tableaux ainsi que des sculptures en terre peinte.

Dans un souci de manifester son soutien aux artistes locaux, le Musée Paul Valéry leur réserve un espace particulier dans les collections et sa programmation culturelle. En 2021, l'institution sétoise commande, auprès de Thomas Verny, une série consacrée à l'île singulière, selon l'expression du poète. Durant tout une année, le peintre réalise neuf séries, Musée Paul-Valéry et alentour, Cimetière marin, La ville et son port, Brise-lames, La Corniche, Mont Saint-Clair, Lido, Plages et 14-Juillet, qui scandent aujourd'hui le parcours de l'exposition "Thomas Verny. Vues d’ici. Paysages d’auprès et figures intimes".

Le peintre s'inspire de la ville et de ses alentours, le port industriel, le bord de mer, les collines arides, la nature sauvage et les espaces urbanisés. Il capture l'essence de ses paysages, saisit des instants suspendus, lumière unique, nuances de bleus qui se répondent entre le ciel et l'étang de Thau. L'ombre dévorante avance sur la lumière, sérénité à peine troublée par une impression d'étrangeté, de décalage subtil. Ces lieux semblent désertés. L'homme a disparu. Seules les installations, aménagements divers, bâtiments suggèrent encore une présence humaine. Par sa pratique picturale, Thomas Verny s'attache à retranscrire une harmonie fragile sur le point de basculer.








Né en 1975, Thomas Verny appartient à une famille d'artistes. Son père Philippe Pradalié (1938-2015) et son frère Abel Pradalié sont peintres paysagistes. Sa mère Cécile Pradalié (1939-2022) à laquelle il emprunte son nom de naissance Verny, peintre et dessinatrice textiles et papiers peints. Aux Beaux-Arts de Paris dont il sort diplômé en 1998, Thomas Verny intègre l'atelier de Vincent Biouliès, l'un des membres fondateurs du groupe Supports-Surfaces qui lui transmet son goût pour le paysage. La galerie Hélène Trintignan à Montpellier lui consacre sa première exposition personnelle en juin 2000. 

En 2002, Thomas Verny réalise une suite, variation autour des jardins et promenades de Le Peyrou, distinguée par le prix de la Casa Velasquez. Grâce à cette récompense, il est accueilli en résidence durant deux ans à Madrid. A cette occasion, il voyage à travers l'Espagne, Tolède, Séville pour revenir bientôt à la vallée de l'Hérault. En 2005, il consacre une série aux plages languedociennes de Carnon et La Grande-Motte puis en 2008, aux toits de Montpellier. A Céret, Thomas Verny part à la rencontre des lieux qui ont inspiré les Fauves, Matisse et Derain. En 2010, à l'invitation de la conservatrice du Musée de Céret, Joséphine Matamaros, il séjourne à Collioure. Le galeriste sétois Martin Bez, propriétaire de l'Atelier Dock Sud le convie sur les bords de l'étang de Thau. Thomas Verny quitte définitivement Montpellier pour s'installer à Sète où il enseigne à l'École des Beaux-Arts. 








L'exposition "Thomas Verny. Vues d’ici. Paysages d’auprès et figures intimes" s'ouvre sur une toile de Philippe Pradalié, placée en regard des paysages de son fils. L'oeuvre issue des collections permanentes du Musée Paul Valéry, rappelle en préambule l'attachement particulier de l'établissement sétois à la peinture paysagiste. Cette dernière alimente une grande tradition locale qu'illustrent les oeuvres d'Albert Marquet (1875-1947), André Blondel (1909-1949), François Desnoyer (1894-1972), Gabriel Courderc (1905-1994), également représentés dans les fonds du musée.

Depuis la fin des années 1990, Thomas Verny s'attache à renouveler la pratique du pastel, dans une approche à rebours des stéréotypes. Aux nuances évanescentes, il préfère les teintes crues, aux contours vaporeux, les lignes de démarcation tranchées. La palette chromatique convoque l'éclat de la lumière méditerranéenne. Ses compositions solaires rigoureuses se distinguent par une simplification des formes, de grands aplats de couleurs vives, des effets de matière qui en soulignent la contemporanéité. Les tableaux empruntent des formats variés, du plus modeste au monumental. Thomas Verny aborde les toiles d'une dimension plus importante par le biais d'une technique mixte associant pastel et acrylique. 









Ses paysages littoraux, ville écrasée de soleil, nature ponctuée de cactées, mettent en scène une minéralité déstabilisante par son aridité. Le regard de l'artiste vient perturber la perception quotidienne, établir des passerelles. Il ouvre des surfaces propices à l'expression de ses engagements plastiques, intellectuels.

Variations sur l'intimité, le second volet de l'exposition présente des figures érotiques associant la sexualité, le domaine clos du fantasme et les motifs géométriques empruntés à l'industrie textile. "La pornographie, c'est l'érotisme des autres". Dans une veine autobiographique, Thomas Verny met en scène les corps non idéalisés d'un couple entre deux âges, représente les chairs dans leur triste réalité. L'esthétique porno amateur exempte de sensualité est perturbée par l'intrusion de fonds décoratifs, de frises ornementales qui cernent ces saynètes à la lubricité de pétard mouillé. Osé.

Thomas Verny. Vues d’ici. Paysages d’auprès et figures intimes
Jusqu’au 28 mai 2023

Musée Paul Valéry 
148 rue François Desnoyer - 34200 Sète
Tél : 04 99 04 70 00
Horaires : Du 1er avril au 31 octobre, ouvert tous les jours de 9h30 à 19h - Du 4 novembre au 31 mars, ouvert tous les jours, sauf le lundi de 10h à 18h
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.