Paris : Passage des Postes, chemin de traverse dans le quartier de la Mouffe - Vème

 

Le Passage des Postes débouche sur la rue Mouffetard à travers un immeuble faubourien du XIXème siècle, trottant sur les pavés depuis la rue Lhomond. Pittoresque, les deux entrées se caractérisent par des plafonds à solives. La venelle hors du temps file entre les bâtiments, bouffée nostalgique d’un Vieux Paris en voie de disparition. Le Passage des Postes est le fruit d’une initiative privée. Au cours de la Seconde Restauration, à la fin du règne de Louis XVIII, quelque mois avant la Révolution de Juillet, le sieur Barral de Montauvrard, apparenté à une vieille famille originaire au XIIIème siècle du Dauphiné, au XIXème siècle proche des notables d’Empire, cousin par alliance des Beauharnais, est propriétaire de terrains dans le quartier du Val de Grâce. Afin de faciliter ses affaires, il obtient par ordonnance royale 21 avril 1830 l’autorisation d’ouvrir un passage entre la rue des Postes, actuelle rue Lhomond, et la rue Mouffetard. Percée à travers le pâté de maison, la voie large de 9,74 mètres, déploie peu de numéros 1, 2, 3, 4, 6, 8.









Le Passage des Postes apparaît dans la bande dessinée « L’Affaire du collier » (1967), album de la série originale Blake et Mortimer signée Edgar P. Jacobs. Le dessinateur et scénariste y situe le QG souterrain du colonel Olrik, dans les anciennes carrières qui trouent les sous-sols de la Montagne Sainte Geneviève. Cité dans « Les Misérables » (1862) de Victor Hugo, le passage se trouve sur le chemin de Jean Valjean et Causette poursuivis par Javert qui fuient à travers le Quartier Latin et l’empruntent pour rejoindre la rue de l’Epée de Bois puis l’Arbalète. 

L’appellation « passage des Postes » empruntée à la rue perpendiculaire qui désormais a changé de désignation, ne fait ni référence au service du courrier ni aux attelages publics et autres fiacres dont les services prennent une ampleur particulière à Paris au XVIIIème siècle. Le mot « postes », dérivé de poterie, renvoie à une activité bien plus ancienne. Au cours du Bas-Empire, les ateliers gallo-romains de poterie s’implantent rive gauche le long du cardo, la voie reliant Lutèce à Lugdunum et se prolongeant vers l'Italie. Sur les pentes de la Montagne Sainte Geneviève, l’industrie prend son essor à partir du IIème siècle afin d’alimenter les marchés locaux. 



1865 - 68 Photographe Charles Marville

1905 - Photographe Eugène Atget



Une zone artisanale très active, aux importants besoins en bois et en espace, se développe en périphérie de la ville gallo-romaine originelle, à l’ouest du centre de Lutèce. Les matières premières transitent par les grandes voies de circulation marchande à proximité et les produits finis sont envoyés en retour. 

Vestiges de manufactures, nombreuses poteries et tessons, outils, ont été découverts à proximité de l’actuel jardin du Luxembourg. En 2006, des fouilles archéologiques menées dans les sous-sols d’un immeuble de la rue Saint Jacques ont mis à jour une manufacture active entre le IIème et le IIIème siècle, dans un état de conservation remarquable. Rive droite, les ateliers à proximité de la Seine, le long de l’actuelle rue des Lombards, s’étaient spécialisés dans la production d’amphores, afin de contenir du vin, produit exporté ensuite par voie fluviale.

Passage des Postes 
104 rue Mouffetard / 55 rue Lhomond - Paris 5



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.


Bibliographie 
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Editions Rivages 
Le guide du promeneur 5è arrondissement - Bertrand Dreyfuss - Editions Parigramme