Ailleurs : Collection Simone et Maurice Combe, célébration du mouvement figuratif des années 1950 - MARQ Musée d'art Roger Quilliot - Clermont-Ferrand

 

La collection Simone et Maurice Combe, riche panorama de l’art de 1920 aux années 1970, réunit quatre-cent-quinze œuvres, une cinquantaine d’artistes. Le MARQ, musée d’art Roger Quilliot lui consacre une section, où est présenté un curieux florilège, essentiellement composé de peintures et quelques œuvres graphiques. Cet ensemble hétéroclite éclaire à la fois le goût privé de ses instigateurs et celui d’un milieu, une bourgeoisie liée au monde artistique. Marchand d’art dès les années 1940, entre Paris et Clermont-Ferrand, Maurice Combe, prend position, impose sa vision. Soutien indéfectible d’une génération émergente au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, il manifeste une appétence particulière pour les productions figuratives de l’Ecole de Paris. Il défend la figuration au moment où triomphe l’abstraction et bientôt l’épure conceptuelle. Maurice Combe repère les talents, établit des affinités esthétiques. Très tôt, il s’intéresse au travail de Bernard Lorjou, de Paul Rebeyrolle, à celui de Bernard Buffet à qui il commande des portraits de son épouse et de lui-même.

Tout au long de sa vie, le marchand réunit une collection personnelle où brillent Bernard Buffet, Jean Aujame, Jean Carzou, Antoni Clavé, André Cottavoz, Gabriel Dauchot, François Desnoyer, Jean Fautrier, Othon Friesz, Edouard Goerg, Michel de Gallard, Marcel Gromaire, Jean Jansem, Moïse Kisling, Marie Laurencin, André Marchand, Gen Paul, Gaston Sébine, Charles Walch. La donation au MARQ comporte également un tableau d'Ernest Pignon-Ernest, une sculpture de Jean Arp, des photographies de Nils Udo et Georges Rousse, de nombreuses lithographies de Pablo Picasso et Jean Cocteau. 









Maurice Combe et son épouse, Simone, manifestent très tôt le désir de partager leur collection avec le grand public. Lorsque le marchand d’art disparaît en 1980, sa veuve se rapproche des affaires culturelles de la mairie de Clermont-Ferrand. Elle multiplie les donations avant de désigner la Ville comme son légataire universel. En 1999, le MARQ, musée des beaux-arts depuis 1992, développe une nouvelle aile afin d’impulser un essor inédit au fonds moderne et contemporain. L’espace créé permet d’accueillir de façon permanente la collection Simone et Maurice Combe. Lorsque Simone Combe décède en 2004, les quatre-cent-quinze œuvres entrent dans les collections du MARQ, sous réserve que l’ensemble ne soit pas dispersé et qu’il soit présenté de manière pérenne au sein du musée 

Le fil rouge de la collection Simone et Maurice Combe, la figuration, confère une ampleur particulière au panel. Le cœur du fonds témoigne essentiellement des recherches plastiques menées par les artistes figuratifs au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Témoins de leur temps, ils évoquent les souffrances, les privations. La vision pessimiste évolue pour évoquer la transition entre deux époques. Après la précarité des années 1940, la prospérité économique des Trente Glorieuses, les prémices des révolutions sociétales se font sentir.










Ces peintres manifestent une un attachement aux sujets classiques, portraits, nus, natures mortes, paysages. Leur alternative figurative à l’abstraction conceptuelle passe par la quête d’un vocabulaire plastique renouvelé. Ils ont assimilé l’héritage du cubisme et du fauvisme pour mieux prôner un retour au sujet. Leur démarche humaniste s’ancre dans une philosophie existentialiste, laquelle porte l’accent sur le vécu humain. La génération post-guerre revendique une esthétique indépendante, stylisation inédite des motifs figuratifs classiques. Peinture non-affranchie de la nature et de la figure humaine, leur travail devient le reflet de leur personnalité tout autant que de leurs préoccupations politiques.

L’expressionnisme de Bernard Buffet dont le couple Combe était proche exprime une forme d’ascèse, simplification de la ligne, palette chromatique réduite. Tentation de l’ombre, e peintre déforme la réalité au profit de l’expression du sentiment. Ses personnages hâves, nimbées d’une poésie tragique, rendent compte d'une précarité populaire. La bohème joyeuse de Gen Paul, couleurs pimpantes, effervescence des formes, contredit ces humeurs sombres. Il juxtapose volontiers éléments abstraits et figuratifs, diagonales et perspectives bouleversées. L’audace des compositions embrasse le mouvement, le dynamisme du geste. 

Collection Simone et Maurice Combe

MARQ - Musée d’art Roger Quilliot
Place Louis-Deteix - 63100 Clermont-Ferrand
Tél : 04 43 76 25 25
Horaires : Du mardi au vendredi, de 10h à 18h - Samedi, dimanche, jours fériés et ponts, de 10h à 13h et de 14h à 18h - Fermé le 1er janvier, le 1er mai, le 1er novembre et le 25 décembre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.