Cinéma : De l'autre côté du ciel, de Yusuke Hirota - D'après l'oeuvre de Akihiro Nishino - Avec les voix de Fanny Bloc et Philippe Katerine

 

Les habitants de la grande cité de Cheminée-Ville n’ont jamais vu le ciel désormais caché en permanence par les épaisses fumées que recrachent les innombrables usines de l’île. La plupart des animaux et des plantes ont disparu depuis longtemps. L’Etat autoritaire maintient l’ordre dans une ville rongée par la pauvreté et la criminalité. Lubichi a une dizaine d’années. Il vit seul avec sa mère malade. Depuis le décès de son père, le petit garçon est contraint de travailler comme ramoneur pour subvenir aux besoins de la famille. Malgré son vertige, il parcourt les toits chaque jour. Il rêve souvent des histoires que lui racontait son père, des histoires de ciel bleu, de soleil et surtout d’étoiles scintillant la nuit. Autant de choses qui ont disparu de la mémoire des humains. Un soir d’Halloween, il libère une drôle de créature hybride coincée dans un monticule de détritus sur le point d’être incinéré. L’« homme-poubelle » que le petit garçon surnomme Poupelle est recherché par les autorités de la ville. Les forces de l’ordre considèrent ce candide inoffensif comme un monstre dangereux. Compagnons d’infortune, Lubichi et son nouvel ami vont tenter de prouver que les récits du père de l’enfant étaient vrais. Que les étoiles brillent au-delà du brouillard.





A l’occasion de son premier film, Yusuke Hirota adapte le roman graphique jeunesse d’Akihiro Nishino, « Poubelle et la ville sans ciel ». L’auteur a collaboré avec le réalisateur pour écrire le scénario de cette fable initiatique, sous influence de Charles Dickens. L’univers steampunk « De l’autre côté du ciel » associe l’esthétique industrielle du XIXème siècle à des éléments rétrofuturistes. La misère, l’omniprésence de la maladie, la société répressive laissent peu d’espoir à ceux qui vivent là. Seul le regard de l’enfant parvient à réenchanter cet univers étouffant privé de nature, ce monde obscurci par un épais brouillard dont la pollution atmosphérique persistante évoque le Grand Smog de Londres.

Ancien ingénieur, Yusuke Hirota est venu à l’animation au sein du Studio 4°C par la 3D. Pour « De l’autre côté du ciel », il a imaginé des effets numériques exploitant les toutes dernières technologies. Son film à la beauté graphique très différente des oeuvres d’animation japonaises plus traditionnelles s’inscrit dans une dynamique particulière. Les séquences rythmées empruntent à l’énergie du jeu vidéo. Afin de créer un univers visuel unique, le réalisateur combine les techniques graphiques de la 3D, les images de synthèse qui offrent la fluidité, le relief et la 2D, le dessin classique qui confère à l’image expressivité. 




Chez Hirota et Nishino, le merveilleux s’accorde à l’émotion et à l’humour. Le film destiné à un jeune public n’échappe pas aux bons sentiments, piété filiale, hommage au père disparu, message altruiste. Cependant, la part sombre du sujet, le deuil, le désastre écologique, la dérive autoritaire, est abordée avec sensibilité et intelligence. La performance de Philippe Katerine qui prête dans la version française sa voix à Poupelle apporte une note supplémentaire de poésie. Sur fond de thématiques contemporaines, problématiques politiques, préoccupations environnementales, ce long-métrage d’animation, ode à la tolérance et à la solidarité, tend à éveiller les consciences sur l’urgence climatique et l’engagement de chacun.

De l’autre côté du ciel, de Yusuke Hirota
D’après l’oeuvre de Akihiro Nishino
Avec les voix françaises de Philippe Katerine, Fanny Bloc, Eric Métayer, Chloé Berthier, Philippe Bozo, Tony Marot, Xavier Fagnon



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.