Expo : Yves Laloy - Vision - Galerie Perrotin - Jusqu'au 12 mars 2022


 
Associé au surréalisme dont il sera un compagnon de route, Yves Laloy (1920-1999) ne s’est pourtant jamais revendiqué d’un mouvement en particulier. Très tôt, il considère ces obédiences comme des freins à la liberté stylistique et théorique. De cette quête d’émancipation naissent des tableaux vivants, dont le foisonnement lisible laisse transparaître certaines influences occidentales, Kandinsky, Klee, Lurçat, et non-occidentales, les arts premiers notamment les tableaux de sable des Indiens Navajos. Les compositions rythmiques empreintes de mystère traduisent la constance de sa spiritualité, un catholicisme teinté de mysticisme. Les tracés labyrinthiques, arabesques et volutes, angles et lignes droites, répondent au scintillement diffracté d’un cosmos fantasmagorique. Les sons deviennent des images. Le merveilleux et la fantaisie illumine des œuvres abstraites à la géométrie radicale. Ces structures rigoureuses, marquées par la formation d’architecte d’Yves Laloy, invoquent le souvenir des cités idéales. Les toiles figuratives rappellent la dimension magique du surréalisme, une certaine incongruité à mi-chemin entre onirisme et psychanalyse. Il invente des mondes fluides, presque marins, onde peuplée d’une nature animale ou végétale. Les masques africains en flottement croisent des créatures singulières dans un flux liquide, cellules primitives de la vie. L’artiste traduit les fluctuations de l’inconscient. Le surgissement de l’écriture, calembours, jeux de mots, se fait cathartique. Les analogies cabalistiques s’impriment sur la toile, motifs ésotériques. Jusqu’au 12 mars, la galerie Perrotin consacre l’exposition « Vision » au travail d’Yves Laloy. Les deux espaces parisiens, rue de Turenne et avenue Matignon présente une cinquantaine d’œuvres. Un florilège sous forme de rétrospective. 











Né à Rennes en 1920, architecte de formation, Yves Laloy se consacre à la peinture à partir des années 1950. En 1955, contraint de quitter sa ville natale à la suite d’une série de lettres d’injures envoyés au préfet, il s’installe à Paris. Cette âme nomade choisit de donner libre-cours à son goût de l’aventure. Le temps d’un voyage, il quitte femme et enfants pour partir faire le tour du bassin méditerranéen à vélo. En Egypte, alors en pleine crise politique, il est suspecté d’espionnage. Arrêté au Canal de Suez, Yves Laloy connaît les geôles de Nasser avant d’être libéré. 

De retour en France, André Breton le remarque en 1958. Il se rapproche des artistes du mouvement surréaliste. La galerie de la Cour d’Ingres expose ses œuvres. La vie romanesque de Jack London l’inspire. En 1961, il s’engage comme marin-pêcheur à trois reprises sur un chalutier basé à Terre-Neuve, âme d’aventurier, souffle mystique. En 1965 son tableau « Les petits pois sont verts… Les petits poissons sont rouges » figure en couverture de la réédition de l’ouvrage d’André Breton « Surréalisme et peinture ». Affranchi, Yves Laloy mène sa recherche plastique détaché de toute sujétion, électron libre habité. Il disparaît en 1999 à Cancale. En 2004, le musée des Beaux-Arts de Rennes lui consacre une grande exposition monographique. 













L’exposition « Vision » à la galerie Perrotin éclaire l’oeuvre d’Yves Laloy sous un jour complet. L’évènement vient souligner l’audace picturale d’un créateur qui a su s’émanciper des préceptes des différents mouvements de son époque. Il ne revendique aucune filiation développant des imaginaires très personnels. Son vocabulaire plastique influencé par les arts non-occidentaux traduit une quête personnelle, spirituelle. Son propos oscille entre abstraction radicale, épure géométrique et figuration onirique, organique. Une vitalité des sens fait résonner la matière. Yves Laloy construit avec une minutie d’orfèvre des compositions dont les motifs ordonnés vibrent en accord. Il invente une rythmique chromatique, multiplication des formes, des détails où la musique jour un rôle prépondérant. Les sons deviennent des couleurs, harmonie de la palette. La clairvoyance spirite ne boude pas un humour provocateur qui s’exprime dans l’écriture et les rébus picturaux. Poésie sensible 

Yves Laloy Vision
Jusqu’au 12 mars 2022

Galerie Perrotin Marais
76 rue de Turenne - Paris 3
Horaires : Du mardi au samedi de 10h à 18h - Fermé lundi et dimanche
Entrée libre

Galerie Perrotin Matignon
2bis avenue Matignon - Paris 8
Horaires : Du mardi au samedi de 11h à 19h - Fermé lundi et dimanche
Entrée libre




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.