Cinéma : Aline, de Valérie Lemercier - Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud



Aline Dieu voit le jour en 1968 au Québec, quatorzième enfant d’une famille modeste, aussi nombreuse qu’aimante, dans laquelle la musique est une passion contagieuse. La petite dernière révèle très vite un don extraordinaire pour le chant. Dès ses cinq ans, elle devient la mascotte de l’orchestre familial qui se produit sur scène à l’occasion d’évènements régionaux. Aline n’a que douze ans quand Sylvette, sa mère, enregistre une cassette démo qu’elle envoie à un célèbre producteur, Guy-Charles Kamart. Subjugué par le talent brut de cette voix en or, il devient son manager et son pygmalion. Il va jusqu’à hypothéquer sa maison pour financer les albums studio du petit prodige. Les premières télévisions sont émouvantes. La voix d’Aline subjugue le public. Un double disque d’or puis une série de concerts à Paris marque une ascension fulgurante. Aline a dix-sept ans. En plein succès, Guy-Charles la convainc alors de faire une pause de deux ans afin de se réinventer. Elle apprend l’anglais, suit des cours de danse intensifs, se fait refaire les dents. La diva émerge de sa chrysalide pour conquérir le monde.  







Toujours en léger décalage par rapport à la réalité, Valérie Lemercier évoque un parcours, une ascension. Sa démarche s’émancipe de la stricte biographie par une démarche du pas de côté qui emprunte tout autant à la vraie vie qu’à la fantaisie pure. Elle livre un long-métrage original, inventif et surprenant. 

Grâce à des effets spéciaux très convaincants, Valérie Lemercier choisit d’incarner Aline à tous les âges de sa vie, de ses cinq ans - écho très fort avec un certain sketch des Nuls - jusqu’à ses cinquante ans. La performance bluffante, entre transformisme, mimétisme et interprétation, embrasse pleinement l’émotion. L’illusion cabaret est renforcée par des scènes chantées où Victoria Sio prête sa voix à la diva Aline. La réalisatrice s’est entourée d’une précieuse troupe d’acteurs québécois, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud, Roc Lafortune, Antoine Vézina, Pascale Desrochers pour incarner cette fable moderne.

L’amour, fil rouge de l’histoire, prend différents aspects. Il y a le soutien de la famille d’Aline, très impliquée dans son parcours, particulièrement Sylvette la mère et Jean-Bobin le frère. Puis la grande passion pour son producteur pygmalion, Guy-Claude Kamart et ensuite l’immense amour maternel pour ses enfants, longtemps attendus mais également la complicité avec son maquilleur Fred, ami et pilier essentiel. 




Le récit prend parfois des allures de conte de fée, adaptation empathique, réinvention d’un destin extraordinaire. La réalisatrice s’est attaché à rendre compte de la démesure de ce destin grandiose et de l’intimité, la simplicité, de l’artiste dont elle célèbre le talent et l’humilité. Cette fable pop assume son absence d'ironie, déclaration d’amour à une icône, sans aucune trace de sarcasme. Valérie Lemercier réalise une oeuvre d’une grande sincérité, l’histoire du fabuleux destin d’Aline Dieu. L’allégresse et la vitalité sont communicatives. Le film très attachant !

Aline, de Valérie Lemercier
Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud, Roc Lafortune, Antoine Vézina, Pascale Desrochers
Sortie le 10 novembre 2021



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.