Cinéma VOD : L'affaire SK1, de Frédéric Tellier - Disponible sur Netflix


 
En 1991, Franck Magne intègre la brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres. Rebaptisé Charlie par ses collègues, sa première enquête a pour objet le meurtre particulièrement sauvage d’une jeune femme. Il est frappé par les similarités de cette affaire avec d’autres agressions et assassinats précédés de viol perpétrés dans des conditions similaires. En comparant les modes opératoires, il acquiert la conviction terrifiante qu’un tueur en série agit dans l’Est parisiens. Fausses pistes, occasions ratées, les mois, les années passent alors que tombent de nouvelles victimes parmi lesquelles sept perdent la vie. La traque prend un nouveau tournant lorsqu’une analyse ADN tourne les soupçons vers un dénommé Guy Georges. Le 19 mars 2001 s’ouvre le procès aux Assises de cet homme défendu par l’avocate Frédérique Pons. Elle tente de cerner l’humanité de cet individu derrière la figure du prédateur sexuel sanguinaire, du tueur en série. Durant sept jours, il nie les faits qui lui sont reprochés avant de craquer, de s’effondrer et tout avouer.




Reconstitution minutieuse, fouillée, sensible, Frédéric Tellier et David Oelhoffen se sont entourés pour écrire le scénario de conseillers très pointus, « Charlie » alias Franck Magne qui a mené l’enquête sans répit durant sept ans, Frédérique Pons l’avocate de Guy Georges ainsi que la journaliste Patricia Tourancheau qui a couvert le dossier pour Libération. Le film d’une grande humanité, aborde l’affaire Guy Georges par le prisme du travail des policiers et des avocats, la marche de la justice face à un tueur en série. Il emprunte son titre, au nom de code SK1, serial killer numéro 1, donné au dossier du premier meurtrier français confondu par son ADN. Sept ans d’enquête, quatre mille policiers, le long-métrage rend compte de leur engagement total et de la complexité extrême de l’affaire. 

D’un réalisme sans voyeurisme, Frédéric Tellier le réalisateur mène une mise en scène dense, épurée qui permet de décoder les mécanismes de l’horreur sans pathos. La narration se fragmente en deux récits, le procès et le travail de Frédérique Pons, l’avocate de Guy Georges et l’enquête, sept ans de traque qui ont mené à l’arrestation et à la condamnation du tueur de l’Est parisien. Manque de moyens, lourdeurs bureaucratiques, faille du système, fausses pistes, occasions ratées, Frédéric Tellier ausculte l’interminable processus et la détermination inébranlable des policiers. 



Le film est porté par l’intensité de l’interprétation, notamment Adama Niane impressionnant en Guy Georges. Raphaël Personnaz est impeccable en inspecteur en proie aux doutes, prêt à sacrifier sa vie personnelle. Oeuvre cathartique, « L’affaire SK1 » embrasse le trauma d’une affaire criminelle hors norme, l’une des plus longues menées par la brigade criminelle, l’une des plus médiatisées. 

L’affaire SK1, de Frédéric Tellier
Avec Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz, Adama Niane, Christa Théret, Thierry Neuvic, William Nadylam
Sortie le 7 janvier 2015
Disponible sur Netflix



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.