Le réalisateur George C. Wolfe, dramaturge, metteur en scène et cinéaste signe l’adaptation cinématographique d’une pièce d’August Wilson (1945-2005), « Ma Rainey’s Black Bottom », dont le titre original qui fait référence à l’une des plus célèbres chansons de l’artiste et à une danse. Elle appartient au « Pittsburgh Cycle » série de dix pièces témoignant de la condition des Africains-Américains au XXème siècle pour lesquelles l’auteur a reçu deux prix Pulitzer. Cette production ambitieuse, engagée par Denzel Washington et Tom Black pour Netflix, vient interroger depuis les années 1920 les problématiques contemporaines irrésolues.
Les discriminations raciales, racisme institutionnalisé, les crispations semblent toujours d’actualité. La ségrégation engendre une violence terrible, physique mais également psychologique de tous les instants. En abordant, le sujet de la création musicale et la difficulté pour les artistes de parvenir à préserver leur identité, avec intelligence, le film questionne l’appropriation culturelle, l’exploitation des artistes noirs par des producteurs blancs. En pleine prohibition, la religion, les interdits modèlent une société hypocrite, d’opportunistes duplices. La bande originale signée Brandford Marsalis, saxophoniste aux deux Grammy Awards, redonne vie à la période avec panache.
Gertrude Ma Rainey (1886-1939), surnommée « la mère du blues », avant-gardiste aux racines rurales profondément inscrite dans la terre du Sud, a su entretenir longtemps une véritable aura auprès d’un vaste public. Figure majeure du courant musical, son apport avait pourtant été oublié. Elle a été l’une des premières artistes noires à se produire sur les grandes scènes. Icône queer à la bisexualité assumée, elle a toujours fait face. Mais la qualité médiocre des enregistrements de sa voix ont fait pâlir son étoile, éclipsée dans la mémoire collective par sa cadette, Bessie Smith qu’elle a formée.
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