Expo Ailleurs : Autour de "L'Abolition de l'esclavage" de Marcel Gromaire - La Piscine de Roubaix - Jusqu'au 31 mai 2020 (à confirmer)



Troisième module de la grande rétrospective dédiée à l’artiste nordiste, « Autour de "L’Abolition de l’esclavage" de Marcel Gromaire » se focalise sur cette oeuvre emblématique de la Piscine de Roubaix, décor monumental dont les dimensions ont déterminé les proportions du hall du musée inauguré en 2001. Etudes, recherches, carnets de croquis, esquisses préparatoires, l’ensemble présenté dans la salle de contextualisation historique retrace la conception d’une composition puissante. Cette ambitieuse création, huile sur toile, marouflée sur bois, a représenté un défi technique pour Marcel Gromaire. Véritable aventure artistique et humaine, elle se déploie une surface de 40m2 visible à 30 mètres. L’originalité du regard et la simplicité du trait sont représentatives du travail de Marcel Gromaire. Les volumes géométrisés, le cerne graphique marqué, la palette chromatique réduite caractérisent le style très personnel d’un artiste volontairement détaché des groupes et des mouvements de son temps. 









« Autour de "L’Abolition de l’esclavage" de Marcel Gromaire », installation modeste par sa taille mais vaste par son propos, fait converger les données afin de restituer pleinement la genèse d’une oeuvre, les étapes successives et l’intense travail préparatoire. Les équipes de La Piscine ont réuni les dessins à la plume offerts au musée par le fils de l’artiste en 2001, les carnets d’esquisse prêtés par la BNF, le modello déposé au Fonds municipal d’art contemporain de la ville de Paris, étude peinte à petite échelle exposée habituellement à la Maison de l’Europe à Paris ainsi que divers éléments d’inspiration mentionnés par Marcel Gromaire comme le buste, "Pourquoi naître esclave ?" du sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux.

En France, l’esclavage aboli durant la Révolution le 4 février 1794, est rétabli par le consul Napoléon Bonaparte dans la loi du 20 mai 1802 puis à nouveau aboli par le Décret du 27 avril 1848 signé par le gouvernement provisoire de la Deuxième République. 

Dans le cadre des célébrations du centenaire des journées de 1848 et de l’abolition de l’esclavage, l’Etat commande en 1947, à Marcel Gromaire, un décor d’envergure, destiné à la salle des séances de l’Assemblée de l’Union française au château de Versailles. Créée par la Constitution de la Quatrième République en 1946, l’Union française organise politiquement la France et son empire colonial, associant la métropole et les départements d'outre-mer aux colonies françaises administrées sous la forme de territoires d'outre-mer, territoires associés (sous mandat) et États associés (sous protectorat).








Marcel Gromaire a placé son oeuvre sous l’égide de deux figures tutélaires, Marianne à gauche et Victor Schoelcher (1804-1893) journaliste et homme politique, rédacteur du décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848 qui a consacré sa vie à cette cause. L’artiste a rassemblé dans une même composition complexe une multitude de personnages. Ils évoquent à la fois les esclaves victimes du commerce triangulaire, les révolutionnaires de l’An II et les ouvriers révoltés des journées de février 1848. L’oeuvre illustre avec force le style Marcel Gromaire, la minéralité de la forme comme sculptée, la force du propos, le profond humanisme de l’artiste et son engagement.

Marcel Gromaire achève « L’Abolition de l’esclavage » en 1950. Cette année-là, l’artiste devient professeur d’art mural à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs. L’oeuvre demeure à Versailles jusqu’en 1954. Alors que le grand mouvement de la décolonisation prend de l’ampleur, l’organisation de l’Union française n’est pas reprise dans les statuts de la Constitution de la Vème République en 1958. Le décor peint par Marcel Gromaire rejoint le Musée national d’art moderne avant d’être exposé au palais d’Iéna. En 1970, il est placé dans les réserves de l’Etat. Le Centre national des arts plastiques de Roubaix le reçoit en dépôt en 1991. « L’Abolition de l’esclavage » de Marcel Gromaire devient l’un des éléments fondateurs emblématiques du nouveau musée la Piscine de Roubaix.

Autour de « L’Abolition de l’esclavage » de Marcel Gromaire
Jusqu’au 31 mai 2020 (à confirmer)

La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix
23 rue de l’Espérance - 59100 Roubaix
Tél : 03 20 69 23 60
Horaires : du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h, le samedi et le dimanche de 13h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.