Ailleurs : Musée des Beaux-Arts de Lyon, de l'Antiquité à nos jours, l'une des plus belles collections à vocation encyclopédique de France



Le Musée des Beaux-Arts de Lyon, parmi les plus beaux et les plus importants musées de France, déploie sa vaste silhouette, place des Terreaux, au cœur de la Presqu’île. Imaginé par l’architecte François de Royers de la Valfenière, le vénérable bâtiment du XVIIème siècle, ancienne abbaye bénédictine de Saint-Pierre-les-Nonnains, a été reconverti en lieu de conservation au début du XIXème siècle et réinventé depuis à de multiples reprises. Dans un parcours retraçant 5000 ans d’histoire de l’art, l’institution dispense un panorama exhaustif des civilisations et des écoles artistiques. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon propose régulièrement de grandes expositions internationales et de nombreuses activités culturelles. Cette programmation ainsi qu’une politique d’ouverture à tous les publics participe au rayonnement de cet établissement sur l’ensemble du territoire. 











Musée à vocation encyclopédique, le MBA de Lyon détient l’une des plus prestigieuses collections d’art, de l’Antiquité à nos jours, répartie en cinq département et exposée en permanence sur soixante-dix salles. L’ensemble de sculptures du Moyen-âge jusqu’au XXème a été disposée en compositions remarquables dans la chapelle et dans l’ancien cloître désormais jardin de sculptures. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon est dépositaire d’un important fonds Rodin constitué auprès de l’artiste, ami de la ville, composé de marbres, bronzes et dessins. 

Le vaste corpus de peintures du XIVème au XXIème siècle illustre les grandes périodes de l’art pictural européen, la peinture vénitienne de la Renaissance, le XVIIème siècle, la peinture française du XIXème siècle. Véronèse, Rubens, Rembrandt, Poussin, Géricault, Delacroix, Gauguin côtoient les impressionnistes Claude Monet, Auguste Renoir, Edgar Degas entrés au musée grâce au legs de Jacqueline Delubac en 1997. Sept-cents peintures sont exposées en permanence par ordre chronologique au fil de trente-cinq salles dédiées où les artistes lyonnais occupent une place de choix. Artefacts et objets d’art de l’Egypte ancienne, la Grèce et la période gallo-romaine, le Moyen-Orient, céramiques d’Extrême-Orient, un cabinet de médailles riche de 50 000 pièces et un important cabinet d’arts graphiques complètent ce voyage à travers les siècles. 

La constitution du Musée des Beaux-Arts de Lyon remonte au XVIIIème siècle. Les édiles lyonnais désirent alors mettre en place une institution à caractère muséal. Durant la Révolution, les directoires locaux projettent d’exposer les oeuvres d’art confisquées auprès du clergé et de l’aristocratie. Par souci d’éducation et afin d’encourager les arts, des initiatives sont prises afin de rassembler des collections et de les montrer au public. A Lyon, les saisies locales sont réunies sous l’impulsion du peintre Philippe-Auguste Hennequin et du père Janin qui établissent un inventaire d’œuvres conservées comportant près de trois-cents tableaux. Le directoire lyonnais souhaite créer sur le modèle du musée du Louvre, un lieu d’inspiration pour les artistes locaux mais aussi pour les dessinateurs textiles de l’industrie des soyeux.

L’arrêté du 16 mai 1795 envisage la création d’un muséum au coeur de l'ancienne abbaye des Dames de Saint Pierre. Mais l'officialisation des autorités nationales tarde et le projet doit être relancé à plusieurs reprises, notamment en 1799, par Etienne Mayeuvre de Champvieux alors député au Conseil des Cinq Cents. L’arrêt Chaptal, décret consulaire du 1er septembre 1801, valide la création d’importants musées à travers toute la France grâce à des dotations publiques. Quinze villes de province sont concernées dont Lyon. Un second décret du 14 avril 1802 confirme la mise en place d’un Musée des Beaux-Arts de Lyon dans le Palais Saint Pierre aux côtés d’une école de dessin, l’Académie de Lyon et de la Chambre de Commerce.  











En 1803, une première salle dans l’ancien chauffoir, au premier étage de l’aile sud est ouverte au public le mercredi de 10h à 13h. Les collections se constituent au fil des dépôts et envois de l’Etat. Successivement en 1803, 1805 et 1811, cent-dix tableaux majeurs sont confiés au Musée des Baux-Arts de Lyon parmi lesquels des œuvres de Véronèse, Le Tintoret, Guerchin, Rubens, Jordaens, Champaigne et Jouvenet. Ces dépôts propulsent la nouvelle institution au premier rang des musées français de province. 

François Artaud (1767-1838), soutenu par les peintres Pierre Révoil et Fleury Richard, est nommé premier conservateur de l’établissement en 1806. Il démissionnera en 1830, après avoir refusé de prêter serment d’allégeance à la Monarchie de Juillet. Le directeur du musée s’engage à rendre cohérent l’accrochage des ensembles et travaille à l’édition d’un catalogue raisonné publié en 1808. La politique d’enrichissement des collections se poursuit. Aux saisies révolutionnaires s’ajoute le fruit des pillages des armées napoléoniennes en Italie et en Europe du Nord. Cet afflux permet l’aménagement d’un musée des peintures inauguré le 20 septembre 1814. A la chute de l’Empire, seuls huit tableaux seront restitués. 

En 1814, est créé le Salon des Fleurs où sont exposés des œuvres de Jan van Dael, Jan van Huysum. Archéologue de formation, François Artaud met en place un Cabinet des Antiques et signe l’acquisition de la Korê athénienne achetée en 1808. Il fait des choix de conservation importants. Inscriptions lapidaires, bronzes, mosaïques, issues des fouilles des strates gallo-romaines de la ville de Lyon sont exposés sous les arcades du cloître. Certaines pièces de première importance comme la table claudienne ou la mosaïque des Jeux du Cirque, aujourd’hui présenté au Musée gallo-romain de Fourvière. 

Sous l’impulsion de son directeur, le Musée des Beaux-Arts de Lyon fait l’acquisition de nombreux artefacts de l’Egypte. En 1824, Bernardino Drovetti, consul de France à Alexandrie, lui fait don de huit stèles remarquables. En 1819, le Salon parisien consacre l’Ecole de Lyon. Dès 1820, au Musée des Beaux-Arts de Lyon, de nouveaux crédits sont alloués à la création d’une Galerie des Artistes Lyonnais. Rassemblant quatre-vingt-sept tableaux, dix-huit dessins, elle est inaugurée le 16 février 1851. En 1834 la restructuration du musée est confiée à l’architecte René Dardel (1796-1871) qui établit de nouveaux espaces d’exposition. 











Jusqu’aux années 1880, l’étendue des collections est tributaire des dépôts et envois de l’Etat. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon reçoit des œuvres importantes, comme le tableau "Dernières paroles de l’empereur Marc-Aurèle" d'Eugène Delacroix, les sculptures, "Le Tigre" d’Antoine-Louis Barye, "Caïn et sa race maudits de Dieu" d'Antoine Etex, "L’Odalisque" de James Pradier et des tableaux d’artistes lyonnais reconnus, "L’Automne" de Pierre Puvis de Chavannes, "Dante et Virgile" de Hippolyte Flandrin.  

A partir de 1878, un nouvel élan est impulsé par la municipalité de Lyon. Des travaux de rénovation et d’agrandissements sont mené par l’architecte de la ville, Abraham Hirsch. Il construit une nouvelle aile à laquelle le visiteur accède par un escalier monumental dit escalier Pavis de Chavannes où est installée un tableau de cet artiste, "Le Bois sacré cher aux Arts et Muses".  Deux nouvelles galeries d’exposition l’une dédiée aux maîtres anciens, la seconde aux maîtres modernes sont inaugurées.

Edouard Aynard (1837-1913) banquier, homme politique et collectionneur lyonnais préside durant vingt ans le conseil d’administration du Musée des Beaux-Arts de Lyon, composé d’amateurs d’art, d’érudits et d’artistes menant une politique d’acquisition éclairée. A partir de 1887, le conseil qui a pris trop d’importance sous l’égide de son charismatique président est réduit par la Ville de Lyon au statut de commission consultative. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon fait l’objet de dons financiers plutôt que de dons en nature ce qui place l’institution dans une situation rare en France, une certaine liberté économique. L’enrichissement des collections peut être mené selon une vision d’ensemble, des achats raisonnés visant à accomplir un caractère encyclopédique unique. Des œuvres de grande qualité sont acquises parmi lequelles, La Lapidation de Saint Étienne, première œuvre connue de Rembrandt, ou encore deux tableaux de Hyacinthe Rigaud. 











A la suite d’un don important, le Musée des Beaux-Arts de Lyon se trouve dépositaire de l’ensemble archéologique légué par Jacques-Amédée Lambert. La collection de sculptures de la Renaissance se composent de trente-cinq pièces dont un exceptionnel "Saint Jean Baptiste de Mino" de Fiesole. La collection d’art islamique, les vases et bronzes gréco-romains, étrusques sont étoffés. Dans le domaine de la peinture moderne, le musée acquiert en 1901 "La guitariste" d’Auguste Renoir, "Le café-concert aux ambassadeurs" d’Edgar Degas. En 1913, le tableau "Nave Nave Mahana" de Paul Gauguin est première oeuvre de l’artiste à intégrer les collections d’un musée français. 

Henri Focillon directeur du Musée des Beaux-Arts de Lyon de 1913 à 1924, accueille un ensemble de céramiques d’Extrême-Orient réuni par Raphaël Collin. Son successeur Léon Rosenthal, directeur de 1924 à 1932, ouvre en 1926 une salle consacrée aux arts décoratifs modernes. Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, Léonard Foujita rejoignent les collections de peinture mais le musée manque le tournant de l’abstraction et du cubisme 

Directeur de 1933 à 1963, René Jullian se pique de rattraper ce retard. Il organise des expositions d’art moderne ambitieuses et mène en parallèle d’une politique d’acquisition contemporaine. En 1952, Paysage blond est le premier tableau de Jean Dubuffet à faire son entrée dans un musée français. Cette apparition entraîne des dons de Pablo Picasso en 1953, Georges Braque et Albert Gleizes en 1954. 

En 1969, les œuvres du département des antiquités gallo-romaines sont transférées vers le nouveau Musée gallo-romain de Fourvière. Dans le même temps, le musée des Beaux-Arts de Lyon hérite des collections égyptiennes conservées jusque-là au musée Guimet de Lyon, des pièces issues de fouilles effectuées en 1909-10 à Coptos par Adolphe Reinach. L’Ecole des Beaux-Arts et l’Académie de Lyon déménagent en 1970. Il est rapidement question de redéployer les collections à travers le palais Saint Pierre.












En 1984, dans l’aile dite du Nouveau Saint Pierre est créée une section d’art contemporain, prémisses du Musée d’art contemporain, qui se rend très vite autonome. A cette époque, les réserves sont encombrées, les salles d’exposition sont devenues trop étroites. La vétusté des installations et des structures compromet l’accueil du public. Un vaste projet de rénovation et d’extension débute en 1989 sous la houlette des architectes Jean-Philippe Dubois et Jean-Michel Wilmotte. 4 500 m2 sont conquis sur l’aile du Nouveau Saint Pierre. Le Musée d’art contemporain est déplacé dans un tout nouveau bâtiment. Les sculptures du XIXème siècle sont déplacées dans la Chapelle. Le premier étage est réservé aux Antiquités, aux objets d’art et au Cabinet d’arts graphiques.  Au deuxième étage les collections de peinture sont réparties par ordre chronologique sur trente-cinq espaces. 

En 1998, le Musée des Beaux-Arts de Lyon qui n’a pas totalement fermé durant les travaux est rouvert en entier. Il s’étend désormais sur 14 800 m2 dont 7000m2 dédiés aux expositions permanentes réparti en 70 salles permanente sur trois niveaux.  C’est l’occasion d’admirer l’admirable donation de la comédienne Jacqueline Delubac qui lègue en 1997 une collection majeure d’œuvres de Braque, Rouault, Léger, Picasso, Miró, Dubuffet, Bacon ainsi que de Manet, Degas, Renoir, Monet, Corot, Bonnard ou encore Vuillard. 

Le Club du musée Saint-Pierre, une nouvelle structure de mécénat est fondée en 2008 à l’occasion de l’acquisition en 2008 de La Fuite en Égypte de Poussin. Ce Fonds de dotation au bénéfice du musée rassemble les grandes entreprises mécènes implantées à Lyon. Depuis 2009, il a permis que des œuvres importantes rejoignent les collections, trois tableaux de Pierre Soulages en 2011, deux tableaux de Jean-Honoré Fragonard et un tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres en 2013, une œuvre de Corneille de Lyon en 2015 et à nouveau un Poussin, avec l'acquisition de La Mort de Chioné en 2016.

Une souscription auprès du public est lancé en 2012 pour finaliser l'acquisition du tableau d'Ingres, L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint. En 2015, l'opération de souscription publique est renouvelée pour financer l’acquisition d’un tableau de Corneille de Lyon, opération à laquelle répondent mille-trois-cents donateurs, le Cercle Poussin et la Fondation Bullukian. 

Musée des Beaux-Arts de Lyon
20 place des Terreaux - Lyon 1
Tél : 04 72 10 17 40
Horaires : Ouvert tous les jours sauf mardi et jours fériés de 10h à 18h, vendredi de 10h30 à 18h - Fermeture partielle de salles du musée entre 12h30 et 14h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.