Paris : La Moisson, une oeuvre de Léon Deschamps - Place Rhin-et-Danube - XIXème



La Moisson, dite aussi Monument en moisson ou La Moissonneuse dresse sa silhouette décidée sur le terre-plein central de la place Rhin-et-Danube, ilot abondamment fleuri. La figure austère de cette paysanne au travail, oeuvre de Léon Deschamps (1860-1928), trouve un écho savoureux dans l’exubérance de ce petit jardin urbain. Visage fermé, traits élégants, la femme est tendue dans un mouvement de marche énergique, une abondante gerbe de blé sous le bras gauche, dans la main gauche une faucille brisée. L’oeuvre, copie en pierre d’un original créé en 1891, a été inaugurée sur la place en 1933. Elle illustre le goût d’une époque et des édiles pour le réalisme dans la statuaire publique, une idée un peu figée de la monumentalité. La représentation du vêtement, le plissé du tablier noué sur les hanches, le corsage défait, souligne un souci du détail naturaliste que le visage idéalisé, emprunté à la représentation des sujets allégoriques, semble contredire.












Léon Deschamps, sculpteur et médailleur français, a été formé aux Beaux-arts de Paris. Il y suit l’enseignement d'Auguste Dumont, Émile Thomas (1817–1882), Hippolyte Moreau (1832-1926) et Léon Delhomme (1841–1895). En 1887, il expose pour la première fois au Salon où il obtient la reconnaissance de ses pairs. Deschamps devient en 1896 sociétaire de la Société des artistes français. A partir de 1900, il enseigne à l’Ecole Estienne. Les portraits sur médailles et plaques font sa réputation. 

Le modèle en plâtre de La Moisson est présenté au Salon en 1891 puis en 1900 à l’Exposition décennale. Lors de cet événement, l’oeuvre est acquise par l’Etat pour un montant de 3000 francs. En 1902, l’artiste réalise un exemplaire en marbre. Acheté par la Ville de Paris, il rejoint les collections permanentes du Petit Palais. 

Pourtant cette oeuvre ne fait pas l’unanimité. Lors du Salon de mars 1904 organisé à Lyon par la Société lyonnaise des beaux-arts, le critique d’art Francdouaire fait part de ses réticences dans les pages du Rappel Républicain. « Malgré la réputation du maître, j'aime moins la Moisson, de Léon-Julien Deschamps, médaillé et hors concours de Paris. Nul ne songera assurément à discuter ni les belles proportions, ni la facture de cette rude fille des champs ; c'est une œuvre de premier ordre. Mais pourquoi lui donner cet air farouche qu'accentue la faucille brandie comme une arme de défense ? »









En 1932, la Ville de Paris envisage la création d’un monument décoratif sur la place Rhin-et-Danube mais à condition que l’oeuvre soit présentée en refuge et entourée de plantations diverses. La Moisson de Léon Deschamps retient l’attention. Le 13 juillet le conseil municipal autorise l’érection du monument au centre de la place Rhin-et-Danube. La statue, une copie en pierre haute de 2,05 mètres, est inaugurée en 1933. Depuis, la moissonneuse déterminée trône au cœur d’un parterre de fleurs que les jardiniers municipaux ont imaginé à l’anglaise pour rendre hommage à cette belle nature.

La Moisson, Léon Deschamps
Place Rhin-et-Danube - Paris 19



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Guide des statues de Paris - Georges Poisson - Les Guides visuels Hazan
Le guide du promeneur 19è arrondissement - Elisabeth Philipp - Parigramme

Sites référents