Réaliste ou stylisé, en vol ou posé sur une branche, l’exposition Paradis d’Oiseaux à l’Ecole des Arts Joailliers se consacre au motif de l’oiseau au fil d’un parcours chronologique couvrant la période de 1860 à 1960. Cet événement exceptionnel rendu possible grâce aux prêts de deux collections privées de bijoux, auxquels se sont joints les fonds patrimoniaux de la Maison Van Cleef & Arpels, fait dialoguer la création joaillière et la démarche scientifique naturaliste. Créature entre ciel et terre, l’oiseau fascine par sa beauté, sa délicatesse animale, sa vivacité mais également par la force des symboles qu’il porte sur ses ailes. Paon, hirondelle, flamant rose, canard, moineau, toucan, perroquet, du naturalisme du Second Empire jusqu’à l’abstraction des années 1960, cet ensemble représentatif ausculte l’évolution de la représentation, le développement des techniques et des savoir-faire.
A la fin du XIXème siècle, la tendance décorative se porte vers le naturalisme. La haute société développe un goût particulier pour la faune et la flore, particulièrement exotiques, dont l’exubérance chromatique fascine. Dans les cabinets de curiosités, une nature idéalisée est mise en scène.
« Les paradis d’oiseaux » ou buissons d’oiseaux, ensemble de spécimens naturalisés montés en vitrine, empruntent à la fois à l’idée de la représentation naturaliste et du travail de l’artiste. Après la décoration, la mode et la joaillerie s’emparent du motif de l’oiseau. Le paon et son déploiement flamboyant de plumes y jouent un rôle particulier de muse.
Les deux collections privées éblouissantes prêtées à l’occasion de l’exposition se composent d’œuvres joaillières des maisons Rouvenat, Baugrand, Mellerio, Cartier, Maubousssin, Marchak, Vanc Cleef & Arpels. On y trouve deux ensembles remarquables, l’un de Pierre Sterlé à la fin des années 1950 et l’autre de Gustave Baugrand, joaillier officiel de Napoléon III. Elles sont présentées dans un décor naturaliste issu des collections du Muséum national d’Histoire naturelle.
Le Musée des Arts Décoratifs et la Cité de la Céramique - Sèvres et Limoges, les fonds patrimoniaux de la Maison Van Cleef & Arpels complètent le parcours par des dessins, des aquarelles, des tableaux, des ouvrages illustrés, des céramiques, des objets de décoration, autant de pièces qui permettent de croiser les représentations. Le dessin de l’artiste et la planche anatomique, la science et l’art, les œuvres des artistes joailliers, leur savoir-faire artisanal, la rigueur des chercheurs, leur talent pour la représentation réaliste, le dialogue éblouissant est permanent.
L’oiseau et son anatomie attire très tôt l’intérêt des scientifiques qui en donnent une représentation réalisme. Ce sont les artistes qui peu à peu vont dériver vers le surréalisme jusqu’à l’abstraction dans une évocation puissante du mouvement ou du vol, simple ligne, trait clair.
Dès le XVIème siècle, le traité naturaliste d’ornithologie de Pierre Belon marque la Renaissance comme l’Histoire Naturelle de Buffon marquera les esprits à la fin du XVIIIème siècle tandis que les croquis sur le vif signés Edouard-Paul Mérite, maître de dessin au Muséum entre 1923 et 1937, évoquent l’idée du mouvement. Les ailes se déploient pour mieux convoquer le vol, sa légèreté. Au XIXème siècle, les bijoux sont articulés par de micro-ressorts.
Afin de retranscrire ce mouvement, en 1950 Pierre Sterlé invente la technique dite cheveux d’ange inspirée par un bijou de la reine Cléopâtre découvert au musée du Caire. La queue de l’oiseau est composée chaînettes de tailles différentes qui donnent ainsi l’impression du frémissement. L’oiseau de paradis, son motif fétiche, l’entraîne vers une épure du trait et la multiplication des éléments composites. Les figures volatiles suivent la poésie d’un parcours fascinant. Les effets de pierre évoquent les effets de plumes même miroitement, chatoiement idoine.
Paradis d’Oiseaux, jusqu’au 13 juillet 2019
Ecole des Arts Joailliers Van Cleef & Arpels
31 rue Danielle Casanova - Paris 1er
Horaires : du lundi au samedi 12h-19h
Entrée Libre
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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