Paris : Fresque de William Mackendree - angle de la rue des Dames et de la rue Biot - XVIIème



La fresque monumentale à l’angle de la rue des Dames et de la rue Biot a été réalisée d’après une oeuvre de William Mackendree, un artiste américain qui vit entre New York et Paris depuis le début des années 1980. La maquette de cette oeuvre d’art publique a été présentée en 1999 à la Mairie de Paris dans le cadre du projet Les murs de l’an 2000. A cette occasion, une douzaine d’artistes majeurs de la scène internationale ont été contactés afin de proposer leur vision de la ville et autant de fresques destinées à orner les murs de Paris. Mais sans pour autant intervenir dans l’exécution. Prenant la suite, des artisans muralistes ont alors été chargés des tâches plus prosaïques dont le ravalement de façade préalable puis la réalisation de l’oeuvre. Financé grâce à l’intervention d’un annonceur en échange d’espaces publicitaires à travers la ville, ce programme artistique de grande ampleur a permis de réhabiliter certains immeubles du domaine public tout en faisant un geste pour démocratiser l’art contemporain. Les murs de la ville se font cimaises, Paris, musée à ciel ouvert.   










Sérénité rêveuse, mélancolie rieuse, l’oeuvre de William Mackendree est marquée par la puissance d’un vocabulaire plastique très reconnaissable. Pour lui, la couleur est fondamentale, à tel point, qu’elle précède souvent la forme même. Signes primaires, pictogrammes, l’artiste puise dans les lignes essentielles des symboles un dynamisme graphique à la simplicité provocante que vient contredire la pulsion vitale des figures et des thèmes. Aux éléments du quotidien, objets et bâtiments, il mêle des personnages évocateurs, icônes de la culture populaire, images vivantes. Si sa peinture peut sembler synthétique, William Mackendree joue sur les différents plans, entre la surface et le trait. Fonds monochromes richement texturés, lignes puissantes, formes solides, l’apparente épure graphique, la rigueur du tracé sont contredites par un lyrisme clair, un sentiment ludique profond. L’artiste cherche toujours à laisser une grande liberté d’interprétation à celui qui regarde.

La fresque de la rue des Dames est composée de deux murs. Sur le premier, William Mackendree a imaginé un visage de femme, une sorte d’« égérie de la rue des Dames ». Sur le second, la figure du dandy, personnage énigmatique récurrent dans le travail de l’artiste, se veut « représentation d’une qualité intérieure qui s’exprime à travers les gestes et les formes, une façon de se tenir. On peut dire que cela a quelque-chose à voir avec la civilisation, la société humaine présente en nous. » Ces deux silhouettes emblématiques, graphiques et poétiques, sont entourées d’objets du quotidien, éléments de la vie ordinaire dont la banalité est transfigurée par la rêverie, les possibles. L’oeuvre est le début d’une histoire que le flâneur va compléter à l’aune de sa propre imagination.









William Mackendree puise son inspiration dans la mémoire vive d’un imaginaire bercé de culture populaire, bande dessinée notamment les comics américains, la publicité, la télévision, les mass media en général. Dans les illustrations publicitaires des années 1920 aux années 1940, il trouve une sorte d’optimisme, d’innocence, de naïveté du propos et du trait dont la monumentalité, le gigantisme trouble la quiétude béate. William Mackendree leur emprunte couleurs et formes franches traduisant par le biais de cette expression picturale une poétique visuelle figurative. La pureté de la forme semble vecteur d’une expressivité profonde. 

Dans cette recherche graphique, le mouvement, l’instantanéité du geste procède de l’exigence calligraphique. William Mackendree est en quête de la fluidité qui lui permettra de « rendre une idée, une image comme si c’était de l’écriture ». Influencé par la peinture japonaise zen qui tente de rendre une image par le déplacement de la main, l’artiste « …cherche une image qui soit à la fois geste de la main, écriture de la main, l’expression spontanée qui sort physiquement du corps et qui évoque en même temps quelque chose dans lequel on se projette. Intérieur et extérieur. » 

Fasciné par les structures industrielles des villes portuaires, ce brestois de cœur fait volontiers un parallèle entre New York et Brest dans ses peintures. Les bâtiments, les docks, les grues, l’eau, les ponts, la matière du tissu urbain devient composante graphique. En descendant dans la rue, la fresque prolonge cette boucle. L’art s’échappe des cadres institutionnels classiques, à la rencontre des promeneurs.

Fresque de William Mackendree 
Angle de la rue des Dames et de la rue Biot - Paris 17



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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