Expo : Rétrospective Rancillac, l'engagement militant de la Figuration narrative - Le Musée de la Poste à l'Espace Niemeyer - Jusqu'au 7 juin 2017



Par le biais d'un art humaniste, accessible à tous, Bernard Rancillac nous parle de son époque et dénonce les aliénations de la vie contemporaine. Sa pratique artistique raconte cette vie et y réintroduit l'art, dépassant le constat d'une société en mutation pour mieux la questionner. Point de vue pictural original, il invente une nouvelle façon de raconter l'actualité et le monde tel qu'il est. Art militant, irrévérencieux, volontiers teinté d'humour ou d'ironie, son oeuvre inspirée de l'imagerie populaire provoque jusqu'à la subversion. Le Musée de la Poste actuellement en travaux organise une grande rétrospective à l'Espace Niemeyer. Tableaux, objets, affiches, installations, collages, portraits en relief, une centaine de pièces évoquent le parcours et les engagements de Bernard Rancillac depuis ses débuts dans les années 60 jusqu'en 2015.











Théorisé dès 1965 par le critique d'art Gérald Gassiot-Talabot, la Figuration Narrative, mouvement auquel Bernard Rancillac est associé, participe au renouveau figuratif placé sous le double signe de l'engagement esthétique et politique. La rupture avec l'abstraction est radicale, celle avec le nouveau réalisme de l'Ecole de Paris qui tourne le dos à l'engagement, profonde.  Ces artistes se détournent même du formalisme Pop art américain. Lorsque Bernard Rancillac prélève des images du quotidien, il les travaille de sorte à réintroduire une réflexion, à repousser les barrières de la manipulation et au final éveiller les consciences.

Vision distanciée, ironique, il désacralise l'art et y insuffle une dimension sociologique pour mieux parler des réalités du quotidien. Politique, culture, actualité, le Chili, le jazz, la Palestine, Disney, Ben Barka, la Tchétchénie, la condition féminine, il est attentif à son temps et parle de cette réalité commune à tous. Il se fait chroniqueur du monde, de ses dérives s'éloignant par là-même du champ de l'histoire de l'art pour atteindre celui du social. Mais pour que l'art devienne un instrument de transformation sociétale, il est nécessaire qu'il soit accessible à tous. 











Alors qu'il tient sa première exposition en 1956, Bernard Rancillac emprunte dès 1962 des motifs à la bande-dessinée, aux comics américains qui lui permettent de peindre des histoires avec des figures, des personnages. Il utilise l'acrylique, de grands aplats saturés dont la force plastique et les couleurs crues empruntent à cet art populaire. Le graphisme est efficace, les plans contrastés, les arêtes vives. L'organisation spatiale de la toile traduit un sens aigu de la composition mais également un refus du conformisme esthétique. Le bon goût ne l'intéresse pas.












Bernard Rancillac choisit de recréer de la forme à partir d'éléments préexistants en transposant des photographies sous forme picturale. Il utilise l'épiscope, un instrument d'optique pour la projection par réflexion, afin d'obtenir le réalisme qui lui semble nécessaire pour traiter l'information et libérer les puissances de l'imaginaire. Entre démesure et sens du récit, l'artiste devient conteur. Il s'inspire des nouvelles formes de narration véhiculées par le cinéma, notamment La Nouvelle vague, ou par la littérature avec le Nouveau roman. 











Bernard Rancillac s'empare des images diffusées à profusion par les mass medias, la société du spectacle, pour les détourner et ainsi révéler une nouvelle signification. Bande dessinée, publicité, photographies d'actualité, romans photos, l'artiste s'approprie les représentations, leur redonne du sens en suggérant d'autres narrations qui soulignent leurs implications politiques. Par cette conception de "l'image de l'image" qui mime la réalité du monde contemporain, il introduit la notion de critique sociale. Si le ton est parodique, provocateur, le discours politique est militant, définitivement radical.

Rancillac Rétrospective 
Du 21 février au 7 juin 2017

Exposition organisée par le Musée de la Poste
Espace Niemeyer
2 place du Colonel Fabien - Paris 19
Horaires : Du lundi au vendredi de 11h à 18h30, samedi et dimanche de 13h à 18h - Fermé les jours fériés
Entrée libre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.