Expo : L'Afrique des routes - Musée du quai Branly - Jacques Chirac - Jusqu'au 12 novembre 2017



Berceau de l'humanité, l'Afrique est un continent dont le rôle essentiel dans la mondialisation des échanges est très largement méconnu et qui contrairement aux idées reçues n'a jamais été isolé. A travers trois cent œuvres et artefacts divers comme autant d'indices, de la préhistoire à nos jours, l'exposition L'Afrique des routes qui se tient au musée du quai Branly Jacques Chirac revient sur l'importance de l'Afrique sub-saharienne dans l'histoire du monde. Propos complexe complété par des tableaux chronologiques, des projections multimédia, des extraits de films, des cartes interactives, le projet ambitieux met en lumière une dynamique à l'échelle du monde dont l'Afrique est le point d'origine. Circulation des hommes, des idées, des langues, des cultures, des marchandises, des plantes, échanges culturels et religieux, le parcours thématique et didactique explore l'ampleur et le foisonnement de ces itinéraires aussi bien physiques qu'intellectuels sans omettre les conséquences de la traite des esclaves et de la colonisation.







Transhumance, mouvements migratoires, commerce, les échanges panafricains et extra-africains sont facilités par la géographie du continent. Le déploiement du commerce entraîne le développement des syncrétismes culturels d'une richesse exceptionnelle. Cette exposition illustre la réalité et la complexité de ces liens intenses avec le reste du monde. L'Afrique des routes approfondit les connaissances de l'histoire africaine de 6000 ans avant notre ère à nos jours et "bataille contre les idées reçues". 

Le nombre d'objets très anciens étant très faible, il a été difficile d'illustrer le propos. Le cheminement de l'exposition débute avec un relevé d'art rupestre du Tassili, datant de 500 ans avant notre ère. Sur la route des Garamantes, le Sahara algérien est alors très vert. Cette fresque évoque le mode de transport millénaire qu'est le cheval et le commerce caravanier qui se prolongera avec la domestication du dromadaire plus adapté au changement de climat.














Dans les grands empires africains, opulents carrefours commerciaux, les villes fondées le long des routes sont posées comme des jalons. Nok, Carthage, Tombouctou, Zimbabwe, Zanzibar, les splendeurs des cités enrichies grâce au commerce de l'or et métaux divers, du sel, de l'ivoire puis plus tard des armes se parent d'une aura mythique. Les échanges avec l'Asie - Chine, Inde, Indonésie - le monde arabo-musulman et l'Europe sont intenses. Biens et savoir-faire voyagent avec les caravanes le long des routes terrestres, fluviales, côtières. 

L'évocation du commerce des plantes nous rappelle les origines oubliées de celles-ci. Les bananes et le riz voyagent depuis l'Asie vers l'Afrique dès le VIIIème siècle, le café africain vers l'Arabie dès le XIVème siècle. Au XVIème siècle, le riz d'Afrique est exporté vers les Amériques tandis que le cacao et le tabac de ce dernier continent pénètrent en Afrique. 














Ce n'est qu'à partir du XVème siècle que ces routes deviennent coloniales avec l'arrivée des Portugais le long des côtes ouest de l'Afrique. Pillage des ressources naturelles, spoliation, accaparation des terres, destruction des cultures existantes, partage du continent entre les grandes puissances européennes en 1855… Alors que la traite des esclaves s'était développée depuis l'Antiquité dans le monde arabo-musulman, la traite Atlantique mise en place par les Occidentaux prend un sinistre relais.

La vie spirituelle du continent africain est fortement marquée par les influences croisées et le syncrétisme. Polythéisme, animisme, les religions panthéistes originelles rencontrent les monothéismes, tout d'abord le Judaïsme, puis l'Islam et le Christianisme colonial. 











Le long des routes commerciales, les échanges sont également culturels. Les courants de la création artistique se mêlent intrinsèquement, s'enrichissent les uns les autres. L'exposition présentent sculptures, masques, artefacts très variés, objets du quotidien, objets sacrés, pièces d'orfèvrerie, peintures, broderies, tissus, autant de pièces magnifiques qui célèbrent la culture, les savoir-faire ancestraux et les métissages. 







Sans concession, les oeuvres contemporaines de Kader Attia, William Kentridge… qui composent la dernière partie de l'exposition apportent un éclairage cru sur le passé colonial. Devoir de mémoire poignant, point de chute d'une exposition foisonnante, vivante et intensément humaine.


Musée du quai Branly Jacques Chirac
37 quai Branly - Paris 7
Tél : 01 56 61 70 00
Horaires : lundi, mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h, jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.