Cinéma : A ceux qui nous ont offensés, de Adam Smith - Avec Michael Fassbender, Brendan Gleeson, Rory Kinnear



Les Cutler, un clan de gitans d'origine irlandaise, vivent selon leur culture, leur hiérarchie immuable et leur lois. Entre larcins et rapines divers, ces nomades insaisissables font la nique à la police locale qui aimerait bien leur mettre le grappin dessus. Colby, le chef de clan, veut à tout prix faire perdurer leur mode de vie hors de la société et règne en maître incontesté sur la tribu allant jusqu'à refuser que les enfants aillent à l'école. Son fils Chad, héritier désigné, et sa femme rêvent d'un avenir meilleur pour leur fils et leur fille. Ils souhaiteraient même quitter le clan et se sédentariser afin de pouvoir s'intégrer. Mais Colby ne voit pas ça d'un bon œil. Tiraillé entre l'obéissance au père, le respect dû au chef du clan, et ses désirs d'émancipation, Chad devra se révolter contre sa propre culture, se libérer de l'emprise du père. Malgré son envie de raccrocher pour retrouver le chemin de la légalité, la police décide de le traquer à la suite d'un cambriolage un peu trop ambitieux.






Thriller naturaliste au sein d'une communauté marginale singulière, A ceux qui nous ont offensés, s'approche au plus près du mode de vies des Irish gypsies, les Travellers. Victime de leur mauvaise réputation, de la sectarisation, ces nomades vivent sous le joug d'un ordre patriarcal en retrait de la société. Adam Smith, le réalisateur, évoque un certain visage de la misère en soulevant la question du déterminisme social, du repli communautaire vécu comme une fatalité.

Introspection familiale en filigrane, cette histoire de voyou en quête de rédemption interroge le poids des traditions et de la filiation dont il faut s'affranchir pour gagner sa propre liberté. Entre fidélité au clan et désir d'intégration, Adam Smith conduit le récit d'une transmission impossible, d'un héritage synonyme d'aliénation.






Rapidement, l'intensité de la dimension sociale s'efface pour faire place au polar. La narration classique reprend les codes des films de gangsters sur fond de campagne anglaise et de terrains vagues. Efficace, la réalisation très académique ne manque pas de rythme, relancée par des poursuites en voitures dans un cadre rural dépaysant.

Les personnages archétypaux, le parrain, l'héritier, les loufiats, nous offre une belle palette de gueules improbables. Brendan Gleeson, en grand-père monstrueux, impitoyable gardien des traditions, bien décidé à garder le troupeau dans le rang, incarne toute la violence potentielle d'un mode de vie clanique. Michael Fassbender, charisme indéniable mais un peu trop propret comparé aux autres, s'en sort avec les honneurs dans ce rôle de personnage tourmenté.




Si les ficelles sont grosses, le scénario prévisible, la fin vaguement horripilante, ce film oscillant entre social et action n'est pas désagréable du tout bien qu'il manque un peu de nuances et de finesse. Un bon moment de cinéma. Pas forcément mémorable.

A ceux qui nous ont offensés de Adam Smith
Avec Michael Fassbender, Brendan Gleeson, Lyndsey Marshal
Sortie le 1er mars 2017



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.