Depuis novembre dernier, la Maison de Victor Hugo présente La Pente de la rêverie, un poème, une exposition conçue autour du poème éponyme écrit en 1830 par Victor Hugo et publié en 1831 dans le recueil Les Feuilles d'automne. Vincent Gille qui en est le commissaire, spécialiste du Surréalisme, chargé d'études documentaires à la Maison de Victor Hugo, conçoit des expositions avec des élèves de lycées professionnels et des détenus. Chacune est une aventure humaine qui permet de faire coïncider l'art avec les publics qui en sont éloignés, facteur d'ouverture intellectuelle pour ceux qui y prennent part, intervenants comme visiteurs. La Pente de la rêverie, un poème, une exposition recontextualise le poème qui entre en résonance à travers des œuvres contemporaines réalisées par des élèves de lycées de l'Académie de Créteil, ainsi que celles de deux artistes, la peintre Anne Slacik, le photographe Jean-Christophe Ballot. Ces regards croisés, ces éclairages singuliers sont autant d'outils pour se réapproprier le poème du XIXème siècle afin de prolonger son écho au XXIème.
Dans "La Pente de la rêverie", Hugo exprime l'expérience quasi-mystique du rêveur assis à sa fenêtre dont la pensée s'éloigne peu à peu de la réalité vers les contrées de l'imaginaire. Evocation de la puissance du songe, invitation à la création, ce texte marqué par un univers visuel flamboyant révèle les prémices d'une poésie visionnaire et lyrique dont Victor Hugo sera le chantre.
Sous l'égide de leurs professeurs de français, neuf classes de lycée général et professionnel ont été invitées à interpréter le poème dans une démarche collective sensible. Elaboré durant l'année scolaire 2015/2016, ce projet soutenu par l'académie de Créteil a vu le jour grâce à l'engagement des équipes pédagogiques révélant toute la richesse sensible des lycéens.
De ce partenariat novateur avec la Maison de Victor Hugo sont nés vidéos, dessins, vêtements, images, installation, musique, présentés aujourd'hui au public. Le lycée La Source, lycée des Métiers des arts textiles et du commerce à Nogent-sur-Marne, a réalisé un fauteuil Voltaire tapissé par patchwork de créations graphiques sérigraphiées ainsi que des boléros brodés inspirés des thématiques du poème.
La Première administration gestion du Lycée Louise Michel au Epinay-sur-Seine chante collectivement un rap. Le Lycée Henri Wallon à Aubervilliers a réalisé une installation en trois dimensions aux perspectives changeantes afin que le visiteur puisse approcher la réalité des sensations du poème.
Energie, foisonnement, puissance d'association, l'exposition prolonge la rêverie, nourrit l'imaginaire, la scénographie suggérant un cheminement au fil des vers. Une salle dédiée reprend l'idée des architectures fantastiques mentionnées dans "La Pente de la rêverie".
Les œuvres de Piranèse avec ses vues de Rome, "Le Paradis perdu" de John Martin d'après Milton, "Daniel dans la fosse aux lions" de François de Nomé et La ville morte de Victor Hugo lui-même touchent les représentations de cités antiques imaginaires, visions oniriques.
Dans le cadre de l'exposition, Anne Slacik a peint cinq tableaux apportant une lecture moderne et personnelle du poème de Victor Hugo, toiles à laquelle elle a ajouté une cinquième plus ancienne pour illustrer "le flot vermeil" suggéré par le poète. Parallèlement, Jean-Christophe Ballot illustre les vers par des photographies singulières de paysages.
En partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature, huit poètes contemporains Vincent Broqua, Bernard Chambray, Suzanne Doppelt, Antoine Emaz, Marie Etienne, Isabelle Garron, Virginie Lalucq, Franck Laurent, livrent leur ressenti en texte et en images, résonnance ou confrontation.
Les interprétations des artistes et le point de vue des élèves se complètent dans une démarche humaine forte qui sonne juste et vrai. Projet ambitieux à la scénographie originale, "La Pente de la rêverie", un poème, une exposition se révèle exploration intime et souligne l'intemporalité de la poésie de Victor Hugo.
Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges - Paris 4
Téléphone : 01 42 72 10 16
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi
Une application numérique pédagogique, disponible sur l'App Store, réalisée par Paris Musées rend accessible analyse formelle et didactique.
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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