Paris : Le Grand Assistant, une oeuvre de Max Ernst - Quartier de l'Horloge - IIIème



Perché sur un haut pilier, socle rectangulaire de pierre, Le Grand Assistant veille sur la façade nord du Centre Pompidou. Mi-homme, mi-oiseau, bras tendus comme pour accueillir, ailes déployées dans un geste protecteur, ce totem moderne signé par l'artiste Max Ernst n'est pas sans rappeler les objets rituels des sociétés traditionnelles. Humanoïde à tête d'oiseau, cette silhouette étrange évoque à la fois les dieux égyptiens, le corbeau sacré des Amérindiens représentant lumière et vie. Oeuvre créée en 1967, l'original est conservé dans les collections de la Fondation Pierre Gianadda. Le bronze situé à l'angle des rues Rambuteau et Brantôme a été réalisé par la fonderie Susse en 1974. Acquis par le Fond National d'Art Contemporain en 1975 grâce à un don de l'artiste, il a été installé en 1996 à son emplacement actuel à l'occasion du remodelage des abords du Centre Pompidou. Une réplique du Grand Assistant forme le motif principal d'une fontaine qui se trouve à Amboise. Max Ernst a offert cet ensemble à la ville afin de remercier Michel Debré, qui était alors maire de la commune, de l'avoir soutenu en 1958 lors de ses démarches de naturalisation.










Peintre et sculpteur allemand, figure majeure des mouvements Dada et Surréaliste, Max Ernst (1891-1976) est l'artiste des métamorphoses. Fruit d'expérimentations perpétuelles, son oeuvre retrace un parcours onirique de totale liberté. Alchimie, illusions et fantasmagories fusionnent dans un creuset baigné de mythes et légendes où la magie d'un monde fantastique devient source de puissance créatrice.

Rébus, contes et prophéties visuelles, l'omniprésence des oiseaux dans l'oeuvre de Max Ernst souligne leur aspect totémique pour l'artiste qui en fait sa signature. Marqué par la mort d'un perroquet, un cacatoès rose, compagnon d'enfance qui trépasse le jour de la naissance de sa sœur, il est frappé d'une obsession qui le pousse à dessiner des hommes ressemblant à des oiseaux. 








Max Ernst imagine un double ailé, Loplop. Figure dominante d'une oeuvre à la vie inventine et moqueuse, cet alter ego énigmatique prend la forme d'un oiseau et présente certains traits de son créateur. Ces créatures hybrides produits des mutations, points de convergence de questions nécessaires et obsédantes pour l'artiste, prolonge son interprétation du monde comme un rêve ou un cauchemar. Henry Miller écrit de lui qu'il est "'oiseau fugitif déguisé en homme, toujours essayant de s'élever au dessus du monde extérieur".

Le Grand Assistant, une sculpture de Max Ernst
Angle des rues Rambuteau et Brantôme - Paris 3



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Sites référents