Paris : Impasse du Moulin Vert, la tradition et le béton - XIVème



Dans le quartier du Petit-Montrouge, non loin de la place Victor et Hélène Basch, un passage typique du XIVème arrondissement a su préserver une partie de son charme authentique. Voie publique depuis 1991, l'impasse du Chemin-Vert est bordé côté impair de maisonnettes déployées sur une vingtaine de parcelles. Jardins privés et cours abondamment fleuris donnent des allures champêtres à cette venelle discrète. Néanmoins, ce paysage urbain pittoresque a été altéré par des constructions plus récentes. Sur la rive paire, l'espace allant du numéro 10 au 20 est occupé par un vilain immeuble sans âme datant des années 70 qui s'élève sur douze niveaux. Accessible par les 92 et 94 rue d'Alésia, il a considérablement changé l'atmosphère de la ruelle. Le caractère d'origine du lotissement se retrouve à partir du numéro 22 tandis qu'il a été préservé rive impaire. Une parenthèse de béton fort contrariante pour les amoureux de la ville mais qui par contraste souligne l'attrait de ses voisines.












Avant 1877, l'impasse du Moulin-Vert s'appelle cité Chauvelot en hommage à Alexandre Chauvelot (1796-1861) rôtisseur à Paris rue Dauphine dont les succès financiers le poussèrent à devenir promoteur immobilier. Homme d'affaire avisé, il achète des terrains achetés à faible coûts qu'il fait construire à destination d'une population ouvrière modeste. Il mène  en lotisseur aux vues larges diverses opérations qui donnent naissance à la commune de Malakoff, au village des Thermopyles à partir de 1845 mais également à Plaisance ou encore Villefranca. On lui doit aussi à Vanves le lotissement de la Nouvelle Californie. Situation rare, son action d'investisseur privé aura marqué durablement le visage du XIVème arrondissement.

L'impasse doit aujourd'hui son nom au voisinage de la rue du Moulin-Vert. Plateau de Montrouge, colline de Montsouris, Montparnasse et plaine du futur Plaisance, est implantée au XVIIIème siècle une trentaine de moulins dont certains datent du XIVème siècle. Le souvenir de la tradition minotière est perpétuée par les appellations des rues dont la rue du Moulin de la Vierge et celle du Moulin Vert. Plus tard, dès la fin du XVIIIème siècle, les moulins se font guinguettes.

Lieux festifs, quartiers de cabarets et de divertissements, les faubourgs sont le but d'escapades champêtres dominicales à l'ombre des Fortifs. Pour le fameux Moulin Vert, un quatrain anonyme nous est parvenu :

Accourez au moulin vert,
Gais enfants de la folie,
Pour vous femmes jolies,
On met toujours couvert












Pour la petite et la grande histoire, au numéro 24 se trouvait la demeure de l'artiste Alfred Edouard Billioray (1841-1877), membre du premier Comité Central de la Garde Nationale pendant le siège de Paris par les Allemands (septembre 1870- mars 1871), membre de la Commune délégué aux Services publics, arrêté pendant la Semaine sanglante et condamné à la déportation. Le numéro 25, une bâtisse 1900 parée de rose, fut la dernière résidence du comédien Patrick Dewaere disparu en 1982.

Impasse du Moulin-Vert - Paris 14
Accès par le 27 rue des Plantes



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Le guide du promeneur 14è arrondissement - Michel Dansel - Parigramme
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit

Sites référents