Terre de prédilection des artistes et des gens du spectacle, le XIVème arrondissement a été l'un des centres de la vie intellectuelle et artistique de Paris. Entre tradition faubourienne, nombreux ateliers et modernité, persistent, de nos jours, les traces d'un passé champêtre notamment dans le quartier où nous nous rendons aujourd'hui. A la frontière de Montrouge et de la barrière de Paris, entre le mur des Fermiers Généraux et les fortifications de Thiers, un hameau modeste se développe au XVIIIème siècle et reçoit le sobriquet de Petit-Montrouge. Lors de l'annexion des communes limitrophes à la Capitale en 1860, le nom lui est resté. Regroupant trois rues en une seule par décret du 2 octobre 1865, la pittoresque rue Hallé du nom de l'un des premiers médecins de Napoléon, Jean Noël Hallé (1754-1822), réunit l'avenue de la Santé, la rue Neuve Saint Jacques et l'avenue du Capitaine. Elle suit un curieux parcours coudé qui débute à la hauteur du pont du chemin de fer de la rue de la Tombe-Issoire, coupe l'avenue René Coty et se termine sur la rue du Commandeur. Le charme provincial et la quiétude heureuse de cette singulière petite rue offre un joli contrepoint avec le tumulte des grandes artères environnantes.
Afin de résoudre les problèmes d'insalubrité, un arrêt du Conseil d'État du 9 novembre 1785 décrète la fermeture du cimetière des Innocents et son réaménagement. Il devient alors un marché public, ancêtre des grandes halles de Paris. Les ossements doivent alors être déplacés. A Montrouge, les anciennes carrières souterraines de pierre à bâtir et de gypse situées dans notre actuel XIVème arrondissement, au delà de la barrière d'Enfer du mur des Fermiers généraux - aujourd'hui Denfert-Rochereau - sous la plaine de Montsouris et sous le quartier du Petit-Montrouge, sont transformées en ossuaire municipal. Jusqu'en 1861, environ six millions de dépouilles sont ainsi transférées des cimetières parisiens saturés vers ce qui deviendra les célèbres Catacombes de Paris en référence aux anciennes nécropoles romaines.
Au début du XIXème siècle, le préfet de la Seine Gaspard de Chabrol de Volvic, nommé par Napoléon Ier en 1812 - il le restera jusqu'en 1830 - encourage les opérations immobilières privées pour résoudre le problème du logement. Les Parisiens lui doivent notamment la création de 132 voies publiques, le pavage de nombreuses rues et boulevards, l'extension du système d'égouts, l'usage des trottoirs, la généralisation progressive de l'éclairage public au gaz.
Il fait appel à Julien Désiré Abel Coïc, ingénieur des ponts et chaussées, dont il avait constaté l'efficacité lors de la campagne d'Italie pour achever le canal de l'Ourcq. Sous son administration sont construits le canal Saint-Martin, le canal Saint-Denis, la Halle aux vins, la Bourse, de nouveaux abattoirs, des ponts. Il est à l'origine de plusieurs lotissements : Batignolles (1821), quartier Saint-Georges et François-Ier (1823), Beaugrenelle (1824), le quartier de l'Europe (1826).
Dans le quartier du Petit-Montrouge, l'urbanisation doit prendre en compte les spécificités du terrain fragilisé par les anciennes carrières et ne pouvant être stabilisé du fait de la présence des ossuaires. Chute de l'Empire en 1814, Restauration puis avènement de la Monarchie de Juillet en 1830, Chabrol démissionne mais l'esprit persiste d'autant que la spéculation immobilière flambe jusqu'en 1834. En 1830, les frères Javal acquièrent le Clos des Catacombes formé sur d'anciennes terres de la Commanderie de Saint-Jean-de-Latran dans le quartier du Petit-Montrouge.
Ils mènent une opération de lotissement sous le nom de Nouveau Village d'Orléans dont ils établissent les plans avec le concours de l'architecte Théodore Charpentier. Celui-ci découpe un parcellaire en éventail, réseau organisé en onze parcelles régulières donnant sur l'actuelle rue Hallé. Curieusement, les voies créées pour desservir le lotissement sont tracées indépendamment du réseau de rues préexistantes. Le clos loti se pare de constructions ne dépassant pas un étage. A l'origine, elle devaient être conçues sur le même modèle comme rue Dieulafoy par exemple. Les nouveaux acquéreurs en décident autrement.
Ils mènent une opération de lotissement sous le nom de Nouveau Village d'Orléans dont ils établissent les plans avec le concours de l'architecte Théodore Charpentier. Celui-ci découpe un parcellaire en éventail, réseau organisé en onze parcelles régulières donnant sur l'actuelle rue Hallé. Curieusement, les voies créées pour desservir le lotissement sont tracées indépendamment du réseau de rues préexistantes. Le clos loti se pare de constructions ne dépassant pas un étage. A l'origine, elle devaient être conçues sur le même modèle comme rue Dieulafoy par exemple. Les nouveaux acquéreurs en décident autrement.
Le lotissement élargi autour de deux axes comprend également la voie perpendiculaire à la rue Hallé, rue d'Alembert où les édifices anciens ont disparu. La placette en en hémicycle qui inclut les numéros 12 à 32 rue Hallé, malgré la reconstruction de certaines bâtisses, a conservé ses particularités d'origine. La forme du terrain loti y est encore très reconnaissable et le nombre de parcelles n'a pas changé. Les maisonnettes aux attraits atypiques contrastent avec un ensemble urbain plus stéréotypé marqué par les travaux du baron Haussmann et la modernité. Cette enclave pittoresque a attiré de nombreux artistes de la grande époque bohème de Montparnasse à nos jours.
A deux pas - littéralement - derrière une grille qu'un sourire et l'affabilité des riverains sauront ouvrir, une étroite impasse coudée à l'instar de la rue Hallé s'incurve en suivant le tracé courbe de la placette. Terminée en impasse, la villa Hallé était dévolue aux propriétaires du Nouveau Village d'Orléans auxquels elle servait de sortie privée. Maisons basses disparates, coquets pavillons et petits jardins secrets abondamment fleuris, la verdoyante venelle, joliment provinciale dans son décalage avec la fureur de la ville est une oasis privilégiée au charme onirique. Une pépite parisienne qui fut le refuge créatif au début des années 50 du céramiste Jacques Blin (1920-1955).
Rue et Villa Hallé - Paris 14
Villa Hallé au niveau du 36 rue Hallé
Placette en hémicycle du 12 au 32 rue Hallé
Métro Denfert-Rochereau lignes 4 et 6
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Promenades dans les villages de Paris - Petite Montrouge - Dominique Lesbros - Parigramme
Paris secret et insolite - Dominique Lesbros - Parigramme
Le guide du promeneur 14è arrondissement - Michel Dansel - Parigramme
Les plans de Paris. Histoire d’une capitale - Pierre Pinon - Editions Le Passage
Sites référents
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