Au début des années 90, du côté de la Bastille, un ancien bistrot de quartier périclitant est transformé en brasserie de caractère. Aujourd'hui, fort d'un succès qui ne se dément pas, le Café de l'Industrie compte trois établissements en vis à vis sur le même carrefour, trois déclinaisons du concept : le bar à vin, le bistrot et le restaurant. Institution du quartier fréquentée par les parisiens pur jus et les touristes du monde entier, nous sommes allés expérimenter le restaurant du 16 rue Saint-Sabin. Décoration rétro chic, menu à l'ardoise, plats de tradition bistrotière, cuisine maison, le Café de l'Industrie a bien des atouts en main. Tient-il ses promesses ?
Clientèle hétéroclite, nombreux groupes, les trois grandes salles bruissent d'une animation de ruche. Ça usine sévère. Cette brasserie conviviale, décorée dans un esprit années 20, a tout d'un cabinet de curiosité. Fétiches africains, bouddhas replets, tête sculptée de rhinocéros, tableaux façon art déco, eaux fortes, masques rituels, mousquets, le Café de l'Industrie est délicieusement exotique parmi les palmiers en pot. D'anciennes photographies aux sépias veloutés font la nique aux portraits en noir et blancs d'acteurs d'un autre temps. Sous les lueurs mordorées que jettent des luminaires dépareillés, tables en bois et chaises idoines, banquettes de moleskine ajoutent à la patine gentiment poussiéreuse de ce lieu singulier. Voyage dans le temps dépaysant et clin d'œil appuyé à la légende des troquets parisiens.
A la carte comme à l'ardoise, la cuisine se veut réconfortante et simple dans la rusticité généreuse des tables de bistrot. Légumes du marché, viande d'artisan-boucher, les produits sont frais, choisis en fonction des saisons et travaillés sur place. Le menu évolue tous les trois mois mais conserve à l'année les grands classiques. Les prix très attractifs séduisent mais pas de folies pour un retour aux fondamentaux. La carte des vins réserve de belles surprises notamment avec ce Morgon Jean Foillard 2014 - 27 euro - ample et frais, un élégant Beaujolais à la robe grenat, 100% gamay, aux notes minérales caractéristiques mâtinées de profondes nuances de fruits mûrs.
En entrée, carpaccio de poivron mariné et mozzarella, coloré et presque brut, à peine un filet d'huile d'olive, une assiette sincère sans fioriture. La tarte chèvre tomate est quant à elle décevante. Le fond tarte est duraille, trop cuit au point d'en être vaguement carbonisé sous le dessous ce qui laisse un arrière-goût désagréable. Les tomates ont oublié qu'elles avaient des parfums et le chèvre fait pâle figure. Pas terrible du tout.
Le poulet fermier sauce forestière - 15 euro - a plus d'allant. Sauce onctueuse, champignons de Paris francs du collier, la viande de la volaille se délite un chouilla trop sous le couteau. Les pommes de terre rissolées très gourmandes sont malheureusement servies à peine tièdes. On coince un peu côté exécution mais l'assiette est généreuse. Le Boudin à l'oignon, purée maison -13 euro- est beaucoup trop cuit ce qui lui donne une texture caoutchouteuse bien sèche, pas jojo. La purée qui l'accompagne n'est pas très inspirée non plus. Nouvelle déception et manque de maîtrise.
Le poulet fermier sauce forestière - 15 euro - a plus d'allant. Sauce onctueuse, champignons de Paris francs du collier, la viande de la volaille se délite un chouilla trop sous le couteau. Les pommes de terre rissolées très gourmandes sont malheureusement servies à peine tièdes. On coince un peu côté exécution mais l'assiette est généreuse. Le Boudin à l'oignon, purée maison -13 euro- est beaucoup trop cuit ce qui lui donne une texture caoutchouteuse bien sèche, pas jojo. La purée qui l'accompagne n'est pas très inspirée non plus. Nouvelle déception et manque de maîtrise.
Pour les desserts, le cheesecake ultra-compact ne laissera pas de grands souvenirs tandis que la tarte tatin sans personnalité, abus de sucre, arrive froide. La qualité des plats en raccord avec les tarifs est relativement correcte mais les assiettes se révèlent loin d'être passionnantes. L'affluence influe sur un service assez aléatoire, très lent tout d'abord puis s'accélérant d'un coup pour languir tout à fait en fin de dîner. A l'accueil, le personnel débordé en oublie parfois d'être aimable. J'ai été fort peu emballée par cette expérience. Cette institution qui se repose sur ses lauriers, a tendance au laisser-aller. Et l'approximation à tous les niveaux, ça ne fait pas mon affaire malgré un cadre diablement séduisant.
16 rue Saint-Sabin - Paris 11
Tél : 01 47 00 13 53
Horaires : Ouvert tous les jours en continu de 9h à 2h
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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