Paris : Le château d'eau du square Claude Charpentier à Montmartre - XVIIIème



A l'angle des rues Cortot et du Mont-Cenis un petit square rend hommage à Claude Charpentier (1909-1995) architecte, urbaniste et musicien. Il a été l'un des acteurs principaux de l'élaboration de la Loi Malraux de 1962 visant à protéger le patrimoine historique et esthétique de la France. A Paris, les grands travaux d'urbanisme datant des années 60 ont menacé de pure et simple destruction certains quartiers. Cette loi a permis d'établir des règles d'aménagement de ces secteurs tout en élaborant des plans de sauvegarde et de mise en valeur dans un but de conservation et de restauration. Montmartre, les Halles, le Marais, les rives de Seine, le quartier Maubert font partie des zones qui ont été préservées grâce à celle-ci. Claude Charpentier, amoureux de la Butte, y restaura le Bateau-Lavoir à la suite de l'incendie de 1962 et construisit le conservatoire de Musique du XVIIIème. Le square Claude Charpentier se déploie abondamment arboré, catalpas, charmes, érables, sycomores et cerisiers, autour d'un singulier édifice. Haies de lauriers, massifs de fusains et de forsythias lui donneraient un charme presque classique de jardin parisien s'il n'était surmonté par la vertigineuse silhouette d'un château d'eau haut de 43 mètres, culminant à 175 mètres d'altitude et visible à des kilomètres à la ronde. Un peu d'histoire, si vous le voulez bien.






Jusqu'au XIXème siècle, la butte Montmartre est un agréable coin de campagne planté de moulins à vents où les riches bourgeois de Paris font construire leur résidence secondaire. Les nombreuses sources, les fontaines naturelles suffisent à fournir en eau toute la butte où vignes et cultures maraîchères s'épanouissent.

L'annexion à Paris en 1860 et l'urbanisation galopante qui s'en suit engendre des problèmes d'alimentation en eau. Le système de distribution se développe afin d'assurer un ravitaillement convenable. Entre 1887 et 1889, rue Azaïs est construit un édifice en forme de terrasse, un grand réservoir sous forme de faux bastion qui ressemble à une annexe de la basilique.







En haut de la rue Ravignan, le château d'eau polygonal, en service jusqu'en 1930, est alimenté par les eaux de la Dhuys et de l'Ourcq. Devenu trop petit pour satisfaire les besoins en eau, un second est construit en 1927 afin de le remplacer. Il s'agit de celui qui nous intéresse aujourd'hui. Parement de béton rehaussé de corniches à créneaux et d'arcades,

Son style néo-byzantin rappelle l'esthétique du Sacré-Cœur. A l'origine, il est doté de deux cuves d'eau potable dans la partie supérieure de la tourelle, l'une de 360m3 et l'autre de 310m3. En 1938, une troisième cuve d'eau non potable d'une capacité 200m3 est ajoutée dans les parties inférieures de l'édifice.








Le château d'eau du square Claude Charpentier est aujourd'hui l'un des réservoirs principaux du quartier. L'eau stockée est distribuée sur la partie haute de la butte. Il alimente en eau potable habitations, commerces et fontaines à boire situées à une altitude d'au moins 100mètres tandis que l'eau non potable est destinée aux services municipaux, arrosage parcs et jardins, nettoyage rues et trottoirs.

Château d'eau du square Claude Charpentier
16 rue du Mont-Cenis - Paris 18



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Sites référents