Paris : Mur des je t'aime - Square Jehan Rictus à Montmartre - XVIIIème



Le Mur des je t’aime, une œuvre monumentale très fleur bleue inaugurée à Montmartre le 12 octobre 2000, attire dans un jardin romantique, touristes et Parisiens en goguette. Lieu de rendez-vous pour les amoureux du monde entier, le square Jehan Rictus créé en 1936 a été baptisé en hommage au poète Gabriel Randon de Saint-Amand (1867-1933) dont c’était le nom de plume. L'espace vert a été tracé sur l’emplacement du bâtiment disparu qui abrita, à partir de 1837, la mairie de la commune de Montmartre puis lors du rattachement à Paris en 1860, la mairie du XVIIIème arrondissement jusqu’en 1892 lorsque les services municipaux furent déplacés place Jules Joffrin. Réaménagé en 1994, le square est une invitation à la flânerie, petit îlot d’émeraude sur une place des Abbesses déjà fort champêtre.  Le long des minces allées plantées d’érables et de sycomores, les promeneurs se laissent imprégner par une certaine douceur de vivre. Les plantes couvre-sol en plates-bandes, ponctuées d’arbustes tels que les spirées ou les lauriers, cheminent jusqu’à un verger miniature où les cerisiers à fleurs conversent avec d’autres arbres fruitiers. Une collection botanique de roses anciennes jalousement entretenue fait pendant à un jardin de plantes officinales.







Frédéric Baron auteur-compositeur et poète, habitué du quartier, avec le concours de la calligraphe Claire Kito, a imaginé un tableau composé de 612 carreaux en lave émaillée bleue, ponctué d’éclats de couleur rouge représentant les morceaux d’un cœur brisé. Sur les fines dalles, les mots je t’aime se déclinent, manuscrits, en 280 langues et dialectes du monde entier. Anglais, corse, chinois, kirghiz, navajo, esperanto, inuit, bambara se mêlent, image de paix fraternelle entre les peuples, message d’amour universel. Le format des plaques rappelle celui des feuilles de papier sur lesquelles ont été recueillies les écritures.

Cette œuvre s’inscrit dans la tradition des céramiques et mosaïques ornementales, une vogue lancée à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1878 grâce aux progrès techniques, notamment le procédé de céramique ingerçable préservant la céramique des craquelures, et dont l’âge d’or à Paris se situe durant les années folles. Si la concurrence sévère et l’industrialisation de la production feront éteindre les fours des faïenceries de la région parisienne à partir des années 30, la ville garde de nombreux souvenirs de cette toquade, sous la forme de panneaux décoratifs.






L’œuvre pensée par Frédéric Baron est le résultat de huit années d'un travail de fourmi débuté en 1992. « Un jour, mon frère m’a écrit je t’aime sur une feuille. J’ai été si bouleversé que je suis devenu un collectionneur de je t’aime. » Amis, voisins, inconnus croisés au hasard des rencontres, Frédéric Baron recueille sur des feuilles de papier 1500 déclarations rédigées à la main, « tour du monde dans les rues de Paris, capitale de la romance par excellence. » Il imagine de les assembler afin de couvrir un mur hommage à l’amour. Grâce au concours de deux mécènes privés Olivier Pelat et Daniel Boulogne ainsi que le soutien du poète Jean-Claude de Feugas, le projet voit le jour.







Frédéric Baron fait un choix parmi tous les mots d’amour échangés pendant des années et demande l’aide de la calligraphe Claire Kito. Celle-ci met en forme ce lexique disparate, reprend les écritures depuis les originaux de papier pour les reproduire toutes à la même échelle dans le respect du geste et de la graphie de chacun. La réalisation finale est confiée à un artisan spécialiste des murs peints à Paris. Au final, 311 écritures manuscrites murmurent des mots doux en près de 300 langues. Projet simple et charmant, le Mur des je t’aime est devenu un symbole de romantisme mais également un lieu de réconciliation, un trait d’union entre les peuples.

Le Mur des je t’aime
Square Jehan Rictus - Place des Abbesses - Paris 18

Bibliographie :
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme
Le Guide du Routard Paris 2015 - Hachette
Figaro - 28 novembre 2000
L’Humanité - 6 janvier 2001
Madame Figaro - 10 mars 2001

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