Paris : Village et jardin japonais au Musée Albert Kahn - Boulogne-Billancourt



A l’occasion de la cinquième journée de la semaine japonaise, je vous emmène découvrir une partie des jardins du Musée Albert Kahn à Boulogne. Banquier, philanthrope et humaniste, Albert Kahn (1860-1940) est fasciné par les cultures du monde.  Il consacre une partie de sa fortune personnelle à rassembler des traces de la merveilleuse diversité humaine. Les liens qu’il entretient avec le Japon sont particulièrement forts. En 1895, il achète un terrain de quatre hectares, à deux pas de sa résidence boulonnaise, qu’il aménage progressivement jusqu’en 1910. Il imagine des jardins mappemondes, jardins de scènes évoquant différents pays à travers des paysages et leur végétation caractéristique. Roseraie, jardin anglais, français, forêt vosgienne, forêt dorée, prairie. Il consacre deux espaces au Japon, les plus connus aujourd’hui, le jardin japonais et le village japonais qui ont été restaurés en 1989 grâce au financement d’un mécène japonais M. Murata et du Conseil régional des Hauts de Seine. Restauration confiée au paysagiste Fumiaki Takano qui a conçu un ensemble à la beauté saisissante. Les deux espaces forment des tableaux poétiques plein de sérénité, une mosaïque végétale, ode aux trésors d’une nature idéalisée, allégorique et mystique.








Le village japonais conforme à l’esprit de celui crée par Albert Kahn, comporte un pavillon de thé offert en 1966 par l’école Urasenke du thé à Kyôto et deux maisons traditionnelles construites sur pilotis en bois et papier de riz. Des sculptures ponctuent le jardin d’une minéralité ouvragée. Des lanternes de pierre dont certaines offertes par la famille princière Kitashiratawa, guident le voyageur le long du chemin.

Un lion de Chine, sculpture ornant traditionnellement l’entrée des temples pour chasser les mauvais esprits, rugit au soleil. Une petite pagode décorative à cinq étages tô-tôô qui représentent les cinq éléments bouddhiques eau, terre, feu, vent, ciel se dressent près d’un bosquet. Autour de la maison de thé, quelques bonsaïs remarquables ont été disposés, un vénérable pin de 154 ans, un érable de 76 ans et une azalée de 51 ans qui fait figure de jeunot.




 




Jardin de formes, le village japonais joue sur les contrastes. Mer de mousse, cascades d’azalées, camélias, arbres composent un paysage aux volumes harmonieusement disparates. Conifères et bambous, petit torrent chantant, roches affleurantes évoquent une zone montagneuse. La diversité des essences permet une évolution spectaculaire au fil des saisons.

Pommier et pruniers du Japon se couvrent de fleurs tendres au printemps, les érables à feuilles pourpres s’enflamment à l’automne, fougères et plantes tapissantes helxine verdoient même en plein hiver. Répondant à l’un des principes traditionnels du jardin japonais, les éléments minéraux tels que roches, sable et gravier figurent l’élément aquatique.










Un peu plus loin, le jardin japonais contemporain délimité par deux torii, portiques sacrés shintô, offre un spectacle bien différent. Crée entre 1988 et 1990, il remplace celui imaginé par Albert Kahn entre 1908 et 1909 dont il subsistait très peu de choses : le grand cèdre de l’Himalaya, le hêtre pleureur du petit îlot, les deux ponts de bois et un portique.

Hommage à son créateur, il retrace de façon allégorique les différentes étapes de sa vie en suivant une symbolique s’inspirant des principes fondamentaux du Tao, la complémentarité dans les oppositions. Trois axes se rejoignent, l’axe de la vie, le Yang, symbolisé par la rivière et les constructions coniques, l’axe de la mort, le Yin, les cônes inversées des fontaines notamment, l’axe féminin masculin déterminé par le hêtre et le cèdre.









Instant de grâce, temps suspendu, murmure de l’eau et ballet floral, ombre et lumière. Le jardin évoque le paysage japonais et ses reliefs : le Mont Fuji, les cours d’eau languissants des plaines, les cascades tumultueuses des montagnes, les rizières en terrasse. L’étang principal peuplé de nonchalantes carpes koï est bordé d’une plage de galets noirs et blancs. Des bonsaïs sur pilotis dressent leurs gracieuses silhouettes presque irréelles au-dessus de l’eau. Réplique à échelle réduite du pont sacré du sanctuaire de Nikkô, le pont de bois rouge contraste heureusement avec la verdoyance des bosquets.

Azalées rhododendrons, camélias, érables verts et pourpres, érables palmés, pins, cyprès nains, champ de prunus - les célèbres cerisiers japonais - s’épanouissent en une œuvre paysagère dont la quiétude est à peine troublée par le flot des visiteurs compassés. En suivant les petits sentiers de terre ponctués de pas japonais qui serpentent le long des vallonnements, je croise par hasard un Jizo de pierre, gardien des chemins. Des sculptures en terre cuite, couleur acier, rappellent la mer et les vagues. Tout au bout de la promenade, au-delà du pont lie de vin, un espace de gravier blanc, orné de pyramides coniques à côté desquelles tourbillonne une fontaine, forme un jardin zen.







Il est possible de réserver des visites guidées de l’intégralité des jardins. En s’inscrivant à l’avance, les promeneurs peuvent également assister à des cérémonies du thé ayant lieu deux fois par mois un mardi et un dimanche à 11h, au sein du village japonais, dans la maison de thé.

Musée et jardin Albert Kahn
10/14 rue du Port - Boulogne Billancourt
Tél : 01 55 19 28 00
Horaires : Eté (1er mai - 30 septembre) du mardi au dimanche de 11h à 19h - Hiver (1er octobre - 30 avril) du mardi au dimanche de 11h à 18h - Fermé le lundi


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