Paris : Statues de la Liberté, les six parisiennes et la flamme




La Statue de la Liberté, icône néo-classique et moderne symbolisant l’émancipation vis-à-vis de l’oppression, de son vrai nom la Liberté éclairant le monde, fait aujourd’hui partie intégrante de la culture populaire. Miss Liberty orne les billets de dix dollars et on ne compte plus les détournements publicitaires, les clins d’œil cinématographiques. Puissante allégorie au visage sévère, Auguste Bartholdi, le sculpteur qui lui a donné forme, a ponctué sa majestueuse silhouette de signes forts. La couronne à sept pointes symbolise les sept continents, un diadème qui rappelle celui porté par le dieu Hélios. La tablette gravée 4 juillet 1776 évoque la loi, le droit et aux pieds de la statue des chaînes brisées représentent la liberté. Construite en France et offerte par le peuple français aux Américains en gage d’amitié entre les deux nations, elle devait être inaugurée le 4 juillet 1876 afin de célébrer le centenaire de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis. Il faudra attendre le 28 octobre 1886 pour qu’elle dévoile ses 46,05 mètres, 93 mètres socle inclus, sur Bedloe’s Island devenue Liberty Island en 1956. Mais la plus célèbre française devenue américaine a laissé quelques enfants dans son pays d’origine. A Paris, pas moins de cinq répliques originales sont accessibles au public ainsi qu'une petite dernière dissimulée dans une oeuvre de César.


Statue de la Liberté - Ile aux Cygnes - Pont de Grenelle - Paris 15

Statue de la Liberté - Ile aux Cygnes - Pont de Grenelle - Paris 15
Statue de la Liberté - Ile aux Cygnes - Pont de Grenelle - Paris 15
Statue de la Liberté - Ile aux Cygnes - Pont de Grenelle - Paris 15


La plus connue des Statues de la Liberté parisiennes se trouve sur l’île aux Cygnes, abordable par le pont de Grenelle, juste à côté de l’ancien atelier de Bartholdi. Dès 1884 - deux ans avant l’inauguration de la grande sœur new-yorkaise - le Comité des Américains de Paris lance une souscription afin d’offrir une reproduction à la France à l’occasion du centenaire de la Révolution. L’ambassadeur des Etats-Unis récipiendaire en 1884 de la statue destinée à New York, Levi Parson Morton acheve sa mission en mai 1885. L’inauguration est bousculée afin de lui rendre honneur. Une réplique en plâtre d’une hauteur de 11,50 mètres réalisée d’après une étude exécutée lors de la création de la statue américaine, est dévoilée en sa présence quelques jours avant son départ. Peu adaptée aux intempéries, cette copie retourne aux ateliers assez rapidement.

En 1887, le nouveau modèle de bronze est achevé. Mais la place des Etats-Unis est peu trop étroite pour accueillir pareil colosse. A l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889 et du centenaire, il est acheminé sur l’île où le président Sadi Carnot l’inaugure le 4 juillet 1889. Sur la tablette figurent deux dates 4 Juillet 1776 et 4 Juillet 1789. A l’origine orientée vers l’est et la Tour Eiffel pour éviter au président Carnot d’avoir à inaugurer la statue en bateau ou de dévoiler une statue tournant le dos à l’Elysée, pour l’Exposition Universelle de 1937, la Liberté éclairant le monde est redirigée vers l’ouest et vers New York tel que le souhaitait Bartholdi à l’origine. Une stature voyageuse puisqu’elle a été envoyée en 1998 pour un an à Tokyo lors de l’année de la France au Japon. Elle a retrouvé sa place sur l’île aux Cygnes en septembre 1999.


Statue de la Liberté - Plâtre original - Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Plâtre original - Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Plâtre original - Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Plâtre original - Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Plâtre original - Musée des Arts et Métiers - Paris 3


Dirigeons-nous maintenant vers le Musée des Arts et Métiers où se trouve deux exemplaires un peu moins connus de la Statue de la Liberté. L’occasion d’en découvrir un peu plus sur la construction de ce monstre sacré. A l’approche du centenaire de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis, une collecte de fond est lancée dès 1865 afin de réaliser une statue symbolisant l’amitié franco-américaine.

Le projet est confié en 1871 au sculpteur Auguste Bartholdi qui s’inspire des colosses de Memnon qui l’ont tant frappé lors de son voyage en Egypte en 1855 et du légendaire colosse de Rhodes, l’une des Sept Merveilles du Monde. Il livre en 1870 une première ébauche en terre cuite de 28,6 mètres exposée au Musée des Beaux-Arts à Lyon. Puis il réalise une maquette en plâtre de 11,50 mètres et 14 tonnes achevée en 1878 - format 1/4 - dont je vous parlais un peu plus haut. Maquette qu’il utilisera pour réaliser un agrandissement, la future Statue de la Liberté new-yorkaise. Ce plâtre original a été légué en 1907 avec le fond de l’atelier Bartholdi au Musée des Arts et Métiers. La statue qui est exposé dans l’Eglise du musée est une reproduction originale en plâtre 1/16.


Statue de la Liberté, maquette de la construction  Musée des Arts et Métiers
Statue de la Liberté, maquette de la construction  Musée des Arts et Métiers
Statue de la Liberté, maquette de la construction  Musée des Arts et Métiers

Statue de la Liberté - Entrée du Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Entrée du Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Entrée du Musée des Arts et Métiers - Paris 3
Statue de la Liberté - Entrée du Musée des Arts et Métiers - Paris 3

Bartholdi fait tout d’abord appel à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc à qui l’on doit la rénovation néo-gothique de Notre-Dame, afin de l’aider dans son projet. Il conçoit une première version de la structure interne et fait le choix du cuivre matériau plus léger que l’acier pour réaliser les 300 plaques martelées qui composent la peau de la statue. Mais celui-ci décède en 1879. Bartholdi se tourne vers une autre éminence, l’ingénieur Gustave Eiffel qui décide de créer une ossature composée de pylônes métalliques et de maçonnerie sur le modèle des structures de pont. Une charpente nécessitant 120 tonnes de fer forgé et 300 000 rivets qui voit le jour en 1881.

Problème de main d’œuvre, accident et manque d’argent ralentissent le projet. Alors que la statue ne pourra pas être prête pour le centenaire de la Déclaration d’Indépendance, Bartholdi concentre les efforts sur l’une des parties les plus symboliques de son œuvre : le bras tenant la torche. Achevé juste à temps pour être transporté aux Etats-Unis, il est exposé en septembre 1876 à la Centonnial Exposition à Philadelphie. En juin 1878, la tête est présentée au public dans les jardins du Champ de Mars à l’occasion de l’Exposition Universelle. 


Statue de la Liberté - Jardin du Luxembourg - Paris 6
Statue de la Liberté - Jardin du Luxembourg - Paris 6
Statue de la Liberté - Jardin du Luxembourg - Paris 6
Statue de la Liberté - Jardin du Luxembourg - Paris 6

Statue de la Liberté - Musée d'Orsay - Paris 7
Statue de la Liberté - Musée d'Orsay - Paris 7
Statue de la Liberté - Musée d'Orsay - Paris 7
Statue de la Liberté - Musée d'Orsay - Paris 7


A partir de 1883, les 300 pièces de cuivre sont montées à la fonderie Gaget et Gauthier rue de Chazelle dans le XVIIème arrondissement. Joyeux spectacle pour les parisiens qui sont invités à visiter les lieux. Le 6 juin 1884, la Liberté éclairant le monde est achevée et officiellement remise à l’ambassadeur des Etats-Unis, Levi Parson Morton. Démontée puis transportée aux Etats-Unis, la statue est finalement inaugurée en 1886 avec plus de 10 ans de retard donc.A l’extérieur du Musée des Arts et Métiers, se dresse un bronze original réalisé en 2010 à partir du modèle d’exécution en plâtre 1/16ème datant de 1876 présenté dans l’église du Musée. Inauguré le 9 juin 2011, il s’agit du numéro 1 d’un tirage original de 12 réalisé par le Musée et coulé par Susse Fondeur Paris.

A partir de la maquette en plâtre 1/16 présentée au Musée d’Art Moderne est fondu un premier modèle en bronze acheté par l’Etat Français en 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle. Sur la tablette est inscrit 15 novembre 1889. Il est placé en 1906 dans le jardin du Luxembourg attenant au Musée du même nom alors Musée d’Art Moderne.

Cette statue est inscrite à l’inventaire du Musée d’Orsay depuis sa création en 1986. Les conservateurs de celui-ci tentent de la récupérer auprès du Sénat en charge du jardin du Luxembourg et des oeuvres qui y sont présentées. Sans succès. Mais le vol en 2011 de la torche et les nombreuses dégradations dont la statue de la Liberté a fait l’objet, poussent les opinions à évoluer. En juillet 2012, elle est déposée pour des raisons de conservation et rendue au Musée d’Orsay. Une copie la remplace depuis 2013 dans le jardin. Le premier modèle est aujourd’hui installé dans la nef du Musée d’Orsay. Le bronze a été restauré, le flambeau refondu à partir d’un moulage de plâtre original.


Flamme de la Liberté - Pont de l'Alma - Paris 8
Flamme de la Liberté - Pont de l'Alma - Paris 8
Flamme de la Liberté - Pont de l'Alma - Paris 8
Centaure de César - place Michel Debré - Paris 6
Statue de la Liberté dans la cuirasse du Centaure de César
Statue de la Liberté dans la cuirasse du Centaure de César


Dernière trace de la Statue de la Liberté, très connue des parisiens et des touristes qui ont tendance à la confondre avec un mémorial en l’honneur de la princesse Diana disparue tragiquement dans un accident de voiture dans le tunnel du pont de l’Alma, la Flamme de la Liberté. Il s’agit d’une reproduction à échelle de la flamme de la statue new-yorkaise, symbole de connaissance mais également symbole de l’amitié franco-américaine, est-ce nécessaire de le rappeler. Cette sculpture a été réalisée par deux entreprises françaises ayant participé à la restauration de la statue située à New York entre 1985 et 1986. C’est une souscription lancée par l’International Herald Tribune à l’occasion de son centenaire en 1987 qui a permis d’ériger ce symbole.

Place Michel Debré à Saint-Germain-des-Prés, cachée dans la cuirasse du Centaure de César, sculpture hommage à Picasso, une statue de la Liberté miniature joue les invitées surprises.


Statue de l’île aux Cygnes : pont de Grenelle - Paris 15 / métro : Javel (ligne 10) ou Bir Hakeim (ligne 6)
Statues Musée des Arts et Métiers : 292, rue Saint-Martin - Paris 3 / métro : Arts et Métiers (ligne 3 ou ligne 11)
Statue du jardin du Luxembourg : accès par la rue Guynemer - Paris 6 / métro : Saint-Placide (ligne 4)
Statue du Musée d’Orsay : 1, rue de la Légion d’Honneur - Paris 7 / métro : Solférino (ligne 12) ou RER C station Musée d’Orsay
Flamme de la Liberté : pont de l’Alma - Paris 8 / métro : Alma-Marceau (ligne 9)
Le Centaure de César : place Michel Debré - Paris 6 / métro : Saint-Germain-des-Prés (ligne 4) ou Sèvres-Babylone (ligne 12)

Bibliographie
Guides des statues de Paris - Georges Poisson - Les Guides visuels Hazan
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse - Hachette
Le guide du promeneur 3è arrondissement - Isabelle Dérens - Parigramme
Le guide du promeneur 6è arrondissement - Bertrand Dreyfuss - Parigramme
Le guide du promeneur 7è arrondissement - François Colin-Bertin - Parigramme
Le guide du promeneur 15è arrondissement - Florence Chaval - Parigramme

Sites référents