Expo : Rétrospective Simon Hantaï - Centre Pompidou - Jusqu’au 2 septembre 2013



Des années 60 aux années 80, Simon Hantaï a été l’une des figures emblématiques de l’art en France. Son œuvre radicale concentrée autour de la manipulation de la toile, les jeux de composition et la plénitude de la couleur a influencé les groupes Supports-Surfaces et BMPT (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier, Niele Toroni.) A partir de 1982, il renonce à exposer allant jusqu’à refuser en 1986 une rétrospective au Centre Pompidou. Cinq ans après la disparition de l’artiste, la grande exposition retraçant son parcours propose de redécouvrir plus de cent-trente œuvres exposées par ordre chronologique.










Né en Hongrie d’une famille d’origine allemande, Simon Hantaï s’inscrit aux Beaux Arts de Budapest en 1941. Sept ans plus tard, il quitte son pays natal passe par l’Italie et s’installe à Paris fin 1948. L’exposition du Centre Pompidou commence par cette période dévoilant des toiles composées de signes organiques, spiralés, échos des structures anatomiques et mécaniques que l’on retrouve chez les Surréalistes.

Entrelacs complexes, rébus figuratif, énigmes à partir de signes, harmonie des couleurs annonçant déjà l’importance de la palette chromatique, forment un ensemble où aisance et fluidité du geste frappent. L’artiste se concentre sur une imagerie érotique et morbide - Simon Hantaï utilise des crânes d’animaux, des morceaux de squelettes, représente des sexes en érection - qu’il abandonne par la suite en quête d’une expression de l’inconscient débarrassée des représentations et des symboles. Vers 1955, il laisse le corps s’exprimer face à la toile, chorégraphie qui rappelle les dripping mécaniques de Jackson Pollock, procédé qui conduit à des projections de lignes, d’éclaboussures et raclage dans la matière fraîche.

A la fin des années 50, Simon Hantaï recopie des textes religieux à l’encre de couleur qui délavée par le temps tend vers une harmonie de rose, une harmonie comme effet visuel que l’artiste recherche dans un puissant désir d’atteindre le beau, une quête en désaccord avec ses contemporains. La contemplation face à la toile doit mener au sentiment de plénitude et d’apaisement.




















Dès 1959, il met au point les premières expérimentations de pliage qui deviendront sa spécificité, des années 60 avec la série des Mariales aux années 80 avec les Tabulas. La chronologie de l’exposition permet de découvrir l’avènement de son approche personnelle de l’art. La toile est froissée, nouée, pliée, plongée dans différents bains de couleur puis séchée et retendue sur le châssis.

Chaque série révèle les propriétés d’une technique d’exploration des ressources chromatiques. De ces manipulations naissent des très grands formats abstraits chatoyants entre maîtrise et hasard auquel l’artiste adjoint des découpages qui évoquent les vitraux et les gouaches découpées de Matisse, une influence majeure dans son œuvre. Une suite d’exercices comme une apologie de la matérialité de l’acte pictural qui s’épanouit à travers une gamme lumineuse bleu outremer, vert Véronèse, lilas, rose, beurre frais. Abstractions lyriques qui remettent en cause le geste artistique.









S’il renonce à exposer dans les années 80, Simon Hantaï se lance dans une série de performances dans les années 90, durant lesquelles il découpe certaines de ses propres toiles de la série Tabulas pour les réassembler donnant lieu à de nouvelles compositions qu’il nomme Les laissées. L’œuvre physique et le rapport matériel de l’artiste à sa création est pour le peintre la seule réponse possible à l’évolution et la transformation de l’art. Le pliage comme procédé artistique pousse la recherche de la composition entre absence et omniprésence, vertige du vide et fulgurance de la palette chromatique. Dans l’œuvre de Simon Hantaï les blancs vibrent encore de la plénitude de la couleur.

Rétrospective Simon Hantaï au Centre Pompidou jusqu’au 2 septembre
19, rue Beaubourg - Paris 4
Tél : 01 44 78 12 33
Horaires : tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h, nocturne le jeudi jusqu’à 23h